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SIAO 2008 : Coup de gueule, regrets et satisfactions de Jean Claude Bouda

Publié le lundi 17 novembre 2008 à 00h34min

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Jean-Claude Bouda

Les rideaux sont tombés sur la 11e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) le dimanche 9 novembre 2008. Un peu plus d’une semaine après, nous avons essayé de tirer les premiers enseignements de cette grande manifestation de l’artisanat africain avec le commissaire général du SIAO, Jean-Claude Bouda.

"Le Pays" : Quel bilan faites-vous quelques jours après le 11e SIAO ?

Jean-Claude Bouda : Cette édition 2008 s’est terminée sur un constat de satisfaction générale. Il y a eu un bond en avant tant en ce qui concerne la qualité que la quantité de la participation par rapport à l’édition 2006. Nous sommes en train de rassembler les chiffres pour un bilan exhaustif, mais au niveau des artisans - exposants, des acheteurs, il y a eu une hausse en terme de participation. On a également enregistré une participation très importante des visiteurs grand public, et ce fut une affluence record. On peut relever que l’offre artisanale s’est améliorée. Il y a quand même des acquis politiques qu’il faut tirer de cette édition, avec le Brésil qui était l’invité d’honneur. C’est la manifestation d’une solidarité entre nos deux pays. Le SIAO donne aussi l’occasion de renforcer les liens de solidarité nationale. Au niveau des recettes, nous avons réalisé une hausse de plus de 25% par rapport aux prévisions que nous avions arrêtées, et à ce que nous avons fait en 2006.

A vous suivre, tout semble avoir été rose, alors qu’il y a eu des plaintes, sans oublier cette tribune qui s’est écroulée à la cérémonie d’ouverture.

Tout ne peut pas être rose. Le tableau dressé est très encourageant, mais cela n’occulte pas le fait que nous avons connu des difficultés tant d’ordre structurel que conjoncturel. Des difficultés qui, malheureusement, font partie des aléas d’une organisation. Pour la question de la tribune, nous avons fait appel à un prestataire qui est très connu. Nous ne pouvions pas prévoir ce qui est arrivé, et ce sont des leçons à tirer pour les prochaines éditions. Au sujet des stands, ils étaient achevés, contrairement à l’édition de 2006, trois jours avant, et ceux qui n’étaient pas occupés devaient l’être par des exposants venant de l’extérieur et qui sont arrivés en retard. Une difficulté a consisté en l’étroitesse du site qui fait que nous ne sommes pas parvenus à satisfaire toutes les demandes. Cela nous a amené à faire des stands à l’extérieur des pavillons pour satisfaire les exposants. Le problème de l’extension du site se pose ainsi à court ou moyen termes.

Est-ce qu’il y a eu une amélioration au niveau des acheteurs professionnels ?

Honnêtement, le Salon gagne en crédibilité, en notoriété, parce que nous rencontrons de nombreux partenaires qui font confiance au SIAO. Nous avons enregistré une participation record d’acheteurs et visiteurs professionnels, un peu plus de 300, qui sont venus d’Europe, d’Asie, d’Australie, d’Amérique. Quand des acheteurs fréquentent un Salon, c’est qu’ils y trouvent un véritable créneau d’affaires.

Comment expliquez-vous ces problèmes qui se sont posés entre le SIAO et la société Dafani et l’association RAJS ?

Le SIAO a atteint une telle envergure aujourd’hui qu’il y a beaucoup d’enjeux commerciaux et financiers. Il est donc normal qu’il y ait des entreprises ou sociétés qui veuillent associer leur image à celle du Salon, mais il faut le faire dans les normes. Le RAJS est passé par une société de téléphonie mobile pour mener un certain nombre d’activités de sensibilisation, et nous leur avons fait comprendre que nous avions un partenaire, en l’occurence Zain avec lequel nous avons signé un partenariat d’exclusivité. L’exclusivité existe dans toutes les grandes manifestations, et ce n’est pas le SIAO qui l’a inventée. L’autre société de téléphonie mobile était dans l’entourage immédiat du SIAO et nous avons dit "non". Elle devait aller hors du périmètre du SIAO. Quand les responsables du RAJS avaient pris contact avec nous , ils ont parlé d’une jeune association qui veut faire la promotion de la lutte contre le Sida. Je leur ai dit que dans ces conditions, je les autorisais à accéder à l’intérieur pour mener leurs activités.

Mais force est de reconnaître qu’ils n’ont pas accepté de faire cette démarche, parce qu’ils avaient déjà été financés par une autre maison de téléphonie mobile autre que le partenaire officiel du SIAO Zain. Cela fait la troisième fois que cette maison de téléphonie mobile nous provoque de cette manière. Cette société était libre d’être sponsor officiel, et c’est une question de mise. Est-ce qu’elle aurait accepté cela si elle était dans la même situation. Le cas de Dafani relève d’un épiphénomène. Le président du conseil d’administration (PCA) de Dafani s’est comporté de manière très déplorable et irresponsable. Cette société nous avait adressé une demande pour un stand, et nous leur avions fait comprendre que ce n’était pas possible, parce que le SIAO n’est pas une manifestation de promotion d’industries. Elle pouvait prendre part au Salon en tant que sponsor, mais Dafani nous a fait savoir qu’elle est une jeune société et ne peut pas débourser 50 millions de FCFA pour être sponsor officiel.

Dafani a été victime de sa propre tricherie. Il y a une association de promotion de la mangue qui a pris un stand pour l’exposition de mangues séchées. Celles-ci ont leur place au SIAO. Mais, curieusement, nous nous sommes rendu compte que c’est Dafani qui était là. Son PCA est venu tenir des propos irresponsables en relevant que c’est dû au fait que c’est une entreprise de l’Ouest que nous n’avons pas voulu l’accepter. Nous n’avons jamais connu ce problème, et il est allé jusqu’à dire que si nous expulsons Dafani, il va faire descendre les commandos pour attaquer les policiers, et a menacé par 3 fois de gifler une collaboratrice. Alors que j’étais prêt à trouver un compromis avec le directeur commercial de Dafani. Avec de tels propos, j’ai demandé à la police d’expulser Dafani. Le PCA de Dafani est venu par la suite présenter ses excuses

Comment se fait la gestion des parkings pendant le SIAO, vu que les visiteurs se plaignent du coût élevé, tandis que les gérants de ces parkings disent que cela est dû au coût exhorbitant de la location ?

Je tiens à dire haut et fort que les parkings ne relèvent pas du SIAO qui ne touche aucun centime dans leur gestion et leur attribution. C’est la mairie qui s’en occupe, et nous avions voulu qu’entre elle et nous, on puisse voir dans quelle mesure faire la répartition des recettes. Mais cela n’a jamais pu se faire.

Il y a le cas des riverains qui vivent des moments difficiles pendant la manifestation, notamment avec les déviations poussièreuses.

Je comprends beaucoup les riverains qui sont confrontés à un certain nombre de désagréments. Pour ce qui est de la circulation, la police veille à la limitation de la vitesse, mais c’est surtout le problème de la poussière qui se pose. A cette édition comme lors des précédentes, le SIAO a dépensé beaucoup d’argent pour l’arrosage des voies de déviation. Il est vrai que nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes du jour au lendemain, mais nous avons fait des efforts.

Comment expliquez-vous que la manifestation ait pris fin mais que la fête se poursuit aux alentours du SIAO ?

Je constate comme vous qu’il y a un petit marché qui s’est créé. C’est un phénomène spontané, et l’espace occupé n’est pas géré par le SIAO, mais relève du domaine communal.

Quelle a été votre satisfaction pendant cette édition ?

C’est le renforcement du côté professionnel à travers la thématisation des pavillons et la signalétique qui a permis aux visiteurs de pouvoir s’orienter et accomplir leurs visites sans difficulté. Je suis fier aussi de la grande participation des acheteurs professionnels, et cela veut dire que le SIAO se positionne comme un véritable créneau de promotion des affaires dans le domaine de l’artisanat. Il y a également la diversité des participations au niveau des pays africains venus de toutes les régions, alors qu’au départ, le SIAO était perçu comme un Salon ouest-africain francophone.

Et vos regrets ?

Nous avions voulu faire un zéro-faute, mais cette tribune qui s’est effondrée constitue la tache noire de cette édition. A ce niveau, une enquête de police va situer les responsabilités, sinon personne ne peut dire actuellement ce qui s’est passé. Il y a aussi le fait que nous n’avons pas pu satisfaire toutes les demandes de stands pour les artisans.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

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