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Election présidentielle en Côte d’Ivoire : Les Ivoiriens n’iront pas aux urnes le 30 novembre 2008

Publié le mardi 11 novembre 2008 à 06h32min

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Les membres du Cadre permanent de concertation (CPC), créé pour la résolution de la crise ivoirienne, se sont réunis lundi 10 novembre 2008, à Ouagadougou. Constatant l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle le 30 novembre prochain, ceux-ci ont demandé qu’un calendrier plus réaliste soit établi.

Tout le monde le savait et tous les dirigeants politiques ivoiriens le disaient à qui voulait les entendre à titre personnel, l’élection présidentielle ne pourra pas avoir lieu le 30 novembre 2008 comme l’avait fixé la Commission électorale indépendante (CEI). Hier, lundi 10 novembre, réunis à Ouagadougou pour la quatrième session du Cadre permanent de concertation (CPC), les principaux leaders politiques ivoiriens ont officialisé ce que chacun de nous savait ou disait.

Les Ivoiriens n’iront pas aux urnes le 30 novembre. Laurent Koudou Gbagbo, président de la République de Côte d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro, Premier ministre et secrétaire général des Forces nouvelles (FN), Alassane Dramane Ouattara, leader du Rassemblement des républicains (RDR), Henri Konan Bédié, ancien chef d’Etat et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire/Rassemblement démocratique africain (PDCI/RDA), réunis sous l’égide du président Blaise Compaoré, ont tous noté “l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle à la date officielle du 30 novembre 2008”.

Ainsi donc, à leur corps défendant, tenant du pouvoir et opposition ainsi que la facilitation ont déclaré que rien ne peut permettre de tenir l’échéance du 30 novembre à ce stade du processus de paix, malgré les “efforts déployés” par la CEI, le gouvernement ivoirien et la communauté internationale . “Nous aurions nous-mêmes souhaité la tenue de l’élection présidentielle avant le printemps prochain comme l’a suggéré les Nations unies, mais nous avons sur le terrain des contraintes”, a déclaré le garant du processus de paix en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, président du Faso. Pour le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara, “il est évident que cette élection n’aura pas lieu le 30 novembre 2008”.

Mais quand alors ?

La rencontre des 4+1, a énuméré les raisons qui les ont amenés à repousser la date du scrutin présidentiel. D’abord, il y a cette difficile question de l’identification et de l’enrôlement des électeurs.

Débutée seulement le 15 septembre 2008, cette opération a été marquée par des difficultés logistiques, financières, administratives et sécuritaires. Du matériel de recensement a été saccagé par des individus à Abidjan. Aussi, le recensement a été suspendu quelques jours afin de mieux former les agents recenseurs. Cependant la deuxième difficulté majeure relevée par le CPC est le financement du processus électoral. Jusque-là, la communauté internationale qui doit apporter sa contribution pour la tenue du scrutin se refuse, ou du moins, peine à verser sa contribution. Selon le Premier ministre Guillaume Soro, sur les 145 milliards de francs CFA dont a besoin son gouvernement pour le processus électoral, l’Etat ivoirien a débloqué 93 milliards.

Au regard de toutes ces difficultés, le CPC a donc demandé à la CEI, seul organe habilité à proposer une date électorale en Côte d’Ivoire, “d’établir sans délai un chronogramme précis pour l’identification et le recensement électoral”. “Ce chronogramme devrait être publié avant le 31 décembre 2008, aux fins de la fixation de la nouvelle date pour l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle”. Ainsi donc, il n’y a pas de date fixe pour la tenue du scrutin. Réagissant à ce report, le président Henri Konan Bédié, a dit ceci : “Maintenant, il faut s’assurer que tout le processus d’identification et d’enrôlement se déroule bien pour déboucher sur la fixation d’une nouvelle date”.

Pour ceux qui désespéreraient encore que les Ivoiriens n’ont pas la volonté d’organiser des élections “crédibles”, “transparentes”, “justes” et “impartiales”, M. Bédié, dont personne ne suspecterait de souhaiter un pouvoir éternel de M. Gbagbo au sommet de la Côte d’Ivoire, a ajouté “qu’il n’y a pas de quoi désespérer. Il faut faire preuve de vigilance, d’attention et d’ardeur”, a-t-il poursuivi. “Maintenant c’est ainsi que nous procéderons”, a-t-il ajouté.
Mais pour permettre au scrutin de se tenir “à bonne date”, le CPC a demandé à tout le monde de contribuer. D’abord à la Côte d’Ivoire, le CPC, qui a écouté le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, lui a damandé de “pourvoir aux besoins financiers des structures nationales chargées des opérations d’identification et de recensement électoral”.

A la communauté internationale, le CPC lui demande de continuer d’appuyer l’Etat de Côte d’Ivoire pour le bouclage du financement des autres opérations “urgentes” de sortie de crise. “Il encourage le gouvernement et les partenaires techniques et financiers à rendre disponibles les fonds nécessaires à la réalisation des différents programmes, en particulier ceux parmi les plus urgents déjà en cours d’excécution”. Par ailleurs, le CPC a lancé un appel afin que la communauté internationale aide la Côte d’Ivoire à être éligible à la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) et au Point pour l’allègement de la dette avant le 31 décembre 2008.

Romaric Ollo HIEN

Sidwaya

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