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Fêtes de fin d’année : non aux dépenses somptuaires !

Publié le lundi 10 novembre 2008 à 09h50min

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L’exemple vient d’en haut (...). Avant tout, on se rappelle le contrôle sur l’utilisation des véhicules de l’Etat. Cette initiative très heureuse du Premier ministre, Tertius Zongo, avait commencé par réconcilier nombre de Burkinabè avec leur identité : l’intégrité. A présent, le Premier ministre vient de taper du poing sur la table, le 28 octobre 2008, à travers une note circulaire adressée aux ministres et aux responsables d’établissements publics de l’Etat.

Objet de la mise en garde : les excès de dépenses de prestige, à la faveur des fêtes de fin et de début d’année. Arbres de Noël par-ci, présentation de vœux et organisation de festivités suite à des décorations d’agents par-là, voire opérations de gaspillage sous couvert de « distributions de sucre pour le jeûne du ramadam » ; certains responsables rivalisaient de sorties publiques pour curer le fond des ressources de l’Etat, destinées aux actions de lutte contre la pauvreté et de promotion de la croissance. En rappel, voici les propos du Premier ministre : « Il m’a été donné de constater que plusieurs Sociétés et Etablissements Publics de l’Etat s’adonnent à des dépenses somptueuses en prenant prétexte sur les fêtes de fin d’année ou la nécessaire promotion de l’image de leur entreprise. En effet, il n’est pas rare de voir des livraisons de fortes quantités de boissons d’appellation contrôlée prétendûment destinées à la consommation des personnalités… ».

Cette mise en garde a le mérite de rappeler aux uns et aux autres le devoir de bonne gestion de chaque responsable public. Comme le souligne bien le Premier Ministre, il faut agir avec modération. Sous prétexte de travailler pour la visibilité des structures placées sous leur contrôle, moult directeurs généraux ou ministres, Présidents d’Institutions, tapent visiblement trop fort le tam-tam du rassemblement. Question d’ignorance ? Choix délibéré ?

En tous les cas, il n’est pas certain que ces actions fortement médiatisées profitent vraiment aux couches sociales défavorisées de notre pays. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’attitude très digne et le choix très sage de certains de nos confrères qui déclinent tout simplement la couverture de ces campagnes où le champagne coule à flot, Tout cela sonne comme une recherche effrénée pour satisfaire les instincts de la chair que sont, entre autres, la débauche, les jalousies, l’envie, l’ivrognerie, la cupidité, les excès de table, au détriment du fruit de l’Esprit incarné par la maîtrise de soi et le souci de rendre service.

Le rappel du Chef du gouvernement interpelle chacun de nous sur la gestion des affaires publiques. Que de large complaisance pour de plats résultats ! Comment opérer des ponctions sérieuses sur des budgets destinés à la croissance dont les Burkinabè dans leur ensemble attendent les fruits ? On comprend dès lors, Tertius Zongo, lorsqu’il met « le doigt imbibé d’alcool », dans la plaie.

Au lieu de faire des dépenses somptuaires pour des enfants d’un « personnel déjà loti ou nanti », pourquoi ne pas économiser pour supporter les cantines scolaires des plus démunis dans les campagnes où, deux repas par jour constituent souvent un véritable luxe. La faim constitue sans doute dans ces milieux un obstacle sérieux à la fréquentation scolaire. Heureusement, il est, parmi ceux qui nous gouvernent, des femmes et des hommes qui travaillent à privilégier une politique de justice sociale et de solidarité qui ne discrimine personne, plutôt que de satisfaire des intérêts personnels ou de groupes.
De tels comportements qui cultivent la pauvreté et la misère prédisposent un pays à des crises. Comme le note si bien l’écrivain Congolais, Jean François Obembé, « pour éviter les guerres, il faut créer les conditions politiques, idéologiques, économiques, sociales, culturelles et religieuses nécessaires à l’édification de la paix ».

La bonne gestion des affaires publiques constitue un premier pas vers la réalisation de ces conditions. Ce serait un luxe pour un pays économiquement fragile, comme le Burkina Faso, d’avoir des gouvernants qui considèrent la politique et les passerelles qu’elle offre pour gérer les ressources publiques, comme un raccourci pour s’enrichir très rapidement en usant des pratiques prohibées. La mauvaise gouvernance peut être considérée comme une des principales causes des conflits et des crises. L’attitude du Premier ministre s’inscrit dans une logique de prévention car l’origine des guerres s’enracine dans les mauvaises conditions économiques et sociales impropres à la paix. Il est de toute évidence que la paix globale n’adviendra pas tant que les nations ne seront pas bien dirigées comme l’ont soutenu les femmes en mai 1999 dans leur Agenda pour une culture de paix en Afrique : « La pauvreté et les injustices sociales telles que l’exclusion et la discrimination sont le terreau sur lequel prospèrent la violence, les conflits et les guerres ».

La Burkina Faso a la chance de disposer d’institutions républicaines bien installées et qui inspirent beaucoup en Afrique. Cette architecture institutionnelle est capable de sauvegarder les équilibres nécessaires à la réalisation de la stabilité et de l’harmonie nationales. Conscient de ces acquis, le Chef du gouvernement rappelle la nécessité d’avoir des personnes conscientes de leurs responsabilités et prêtes à œuvrer en mettant les intérêts généraux de la nation au-dessus des intérêts privés et partisans. Le Premier ministre accorde une attention particulière à la manière dont fonctionnent les institutions nationales et les habitus des grands commis de l’Etat.

Il faut le rappeler, la communication bien comprise ne doit pas être vue et pratiquée, à travers des stratagèmes dont le but premier est de piller, un pan, du peu des richesses financières d’un pays comme le Burkina. Toute institution digne de ce nom doit mettre en place une stratégie de communication qui lui permet de dialoguer en permanence avec ses publics. Les directeurs de la communication et de la presse ministérielle et autres responsables de communication des institutions et établissements publics de l’Etat savent très bien que « les médias sont comme des mouches attirées par une odeur »(…). Pour exister vraiment de nos jours, il faut être dans les médias. Mais être la cible positive des médias, se mérite, dans un environnement où il est coutume de parler souvent plus des trains qui arrivent en retard. Il faut poser des actes qui peuvent être portés à la connaissance du public ; créer l’événement en agissant de façon remarquable dans l’accomplissement de ses missions.

L’Etat dispose déjà de mécanismes de reconnaissance et de récompense des mérites de ses serviteurs. Il est donc superflu de vouloir être visible, en piégeant l’avenir, par des comportements irresponsables. La mise en garde du 28 octobre 2008, venant du haut, il est fort probable que les dérives soient démasquées et sanctionnées négativement ! C’est à ce prix que les ressources publiques feront l’objet d’une bonne gestion, traduction du respect du contribuable. Cela réconfortera la conscience professionnelle des agents de l’Etat, chargés de collecter ces rares ressources, destinées au développement national. Certes, le Chef du Gouvernement a appelé à la retenue, mais sera-t-il entendu ?

Il aurait été souhaitable que soient limitées ces festivités dans le temps. A ce titre, une période allant de la seconde moitié de décembre et à la fin janvier (et pourquoi pas la première quinzaine) de la nouvelle année, mettrait à l’abri les ressources de l’Etat « des vautours » et engagerait davantage les travailleurs à leur service, sur les schèmes de la vitalité administrative et économique. Le geste du Premier ministre s’inscrit dans cette nouvelle vision de servir et non se servir. C’est le sens profond de ce qu’est la « Fonction publique ». C’est le respect de ces valeurs cardinales qui concrétisera ce développement solidaire sincère et le progrès continu réel, pour une société d’espérance si cher au président du Faso. Et ce, dans un Burkina Faso qui appartient, au fait…, à toutes les filles et à tous les fils de ce pays !

Par Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)

Sidwaya

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