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Affaire PAI : Droit de réponse de Soumane Touré

Publié le lundi 10 novembre 2008 à 08h23min

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Soumane Touré

C’est un élément d’"Une lettre pour Laye" du vendredi 24 octobre à propos du Parti africain de l’indépendance (PAI) qui a suscité cette réaction de Soumane Touré. Dans "cette lettre ouverte" à notre directeur de publication, Edouard Ouédraogo, celui-ci est accusé et bien de choses. Lisez plutôt.

Dans votre publication n° 7246 du vendredi 24 au dimanche 26 octobre 2008, dans la rubrique « Une lettre pour Laye » en page 6 dans les carnets secrets de votre bien-aimée Tipoko l’Intrigante, vous écrivez : « Fort désormais de sa reconnaissance officielle par l’autorité compétente, le Parti africain de l’indépendance (PAI) de Philippe Ouédraogo n’hésite pas à développer des initiatives. Et pour une première, c’en sera vraiment une ce samedi à son siège à Bilbalogo, secteur 2 de la capitale, où il organise une journée de promotion des relations d’amitié avec le peuple chinois... ».

Venant de vous, cette information a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel serein de l’affaire PAI, qui, depuis huit ans, suit son train-train administrativo-politico-judiciaire. Votre information, banalement distillée, a fait courir à la conférence de votre frère Philippe Ouédraogo vos jeunes confrères de toute la presse écrite et parlée. Ils étaient au rendez-vous, piaffant d’impatience de poser la question de connaître la réponse et d’avoir la preuve de la « reconnaissance officielle par l’autorité compétente » de votre frère Philippe Ouédraogo comme Secrétaire général du PAI.

Vos jeunes confrères des différents médias du pays, quelque part, dissimulaient mal leur admiration pour vous, le doyen de la presse dite indépendante, qui, en vieux briscard - homme d’expérience, astucieux et retors venait encore de les coiffer au poteau en réalisant le scoop.

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, Vos jeunes confrères de la presse écrite et parlée ont été abasourdis d’entendre votre frère Philippe Ouédraogo, qui a fait polytechnique, mais n’a pas fait preuve d’intelligence, manifester son agacement, en les accusant de parti-pris avant de leur répondre qu’il n’avait pas d’acte de reconnaissance officielle à leur montrer, que ce que vous avez écrit est de votre invention et que, pour sa part, la seule information qu’il peut porter à leur connaissance est que l’affaire PAI sera de nouveau appelée devant le Conseil d’Etat le 11 novembre 2008.

Cette année même ont été célébrés avec faste les trente- cinq ans de votre carrière et aventure journalistique, et à cette occasion, vous avez été donné en exemple aux jeunes journalistes pour votre abnégation, votre sérieux, votre rigueur et votre professionnalisme ; vous avez été ainsi, comme une icône, hissé sur un piédestal. C’est pourquoi vos jeunes confrères ont du mal à comprendre comment, du point de vue de l’éthique et de la déontologie de votre profession, vous avez pu tomber si bas en donnant dans l’intoxication et le mensonge médiatiques !

Ils ont entendu parler des média-mensonges de la part des grands de ce monde, notamment de la part de l’Administration Bush, qui en a fabriqué pour justifier sa guerre contre le peuple irakien afin de s’accaparer de son pétrole. Ils étaient cependant loin de s’imaginer que chez nous, au pays des hommes intègres, le plus pauvre du monde, le doyen de la presse dite indépendante puisse fabriquer un média-mensonge, et ils se demandent à quelle fin !!!

La complicité des médias

De retour dans leurs rédactions respectives, vos jeunes confrères de la presse écrite ont porté à la connaissance de tous la fausse information, le mensonge que vous avez fabriqué à propos de la « reconnaissance officielle par l’autorité compétente » de votre frère Philippe Ouédraogo comme Secrétaire général du PAI.

Ils n’étaient cependant pas au bout de leur surprise, et furent éberlués de s’entendre dire par leurs directeurs de rédaction de ne pas le mentionner dans leur reportage. En termes simples, ils furent censurés. Le traumatisme est grand à leur niveau, car tout ce qu’on leur a appris de rigueur dans le traitement de l’information et de respect dû aux lecteurs venait ainsi d’être bafoué. Ils découvrent par ailleurs qu’il y a une complicité du silence au niveau des médias dans l’affaire PAI.

Plus exactement, il y a une complicité pour ne pas dire la vérité et faire toujours croire à l’opinion publique depuis huit ans que Philippe Ouédraogo est victime d’une machination du ministère chargé de la police des partis politiques, que le PAI lui appartient et que c’est à lui que le récépissé doit être délivré. C’est à cela que vous avez travaillé pendant huit ans, aidé de tous les médias publics et privés qui vous ont en exemple.

C’est pourquoi, malgré toutes les mises au point que nous avons diffusées après chaque procès, malgré toutes les explications et les documents fournis à tous les médias, ceux-ci n’ont jamais cessé de clamer la victoire de votre frère Philippe Ouédraogo, victoire toujours démentie dans la réalité, dans la mesure où, jusqu’à nos jours, c’est le bureau conduit par Soumane Touré qui est officiellement reconnu par l’autorité compétente.

C’est ce bureau qui a conduit les affaires du PAI durant ces huit dernières années dans toutes les élections, au point que votre frère Philippe Ouédraogo et son acolyte Arba Diallo ont été obligés de créer leur propre parti, le PDS, avec lequel ils ont participé à tous les scrutins depuis 2002. Votre frère Philippe Ouédraogo a même été candidat du PDS à la présidentielle de 2005, et, à cette occasion, votre journaliste Dieudonné Zoungrana, lors de la validation des candidatures par le Conseil constitutionnel, a voulu semer la confusion, mais le Président du Conseil constitutionnel de l’époque a tranché de façon claire et sèche en disant qu’il n’y avait aucune confusion possible, car Soumane Touré est le candidat du PAI et Philippe Ouédraogo, celui du PDS. Par conséquent, Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, dans quel pays démocratique existe-t-il des lois permettant à un individu d’appartenir à plus d’un parti politique ? A notre connaissance, dans aucun.

Votre frère Philippe Ouédraogo et tous ceux qui l’ont suivi à l’occasion des législatives de 2002 pour aller s’inscrire sur les listes du PDS ont quitté le PAI en s’excluant par eux-mêmes, et le PAI, en son temps, par une correspondance, a attiré l’attention du MATD là-dessus et l’a invité à constater et à prendre acte de leur démission du PAI. Nous n’inventons rien, et le commun des citoyens, pour avoir observé de pareilles démissions ou exclusions des partis pour cause de double appartenance, impossible, sait que nous disons vrai, que Philippe Ouédraogo et consorts ne sont plus du PAI. Les nombreuses sanctions et exclusions opérées par le CDP à l’issue des élections locales de 2006 font jurisprudence. C’est cela aussi l’éducation civique de la masse des citoyens.

Votre frère Philippe Ouédraogo a pu faire maintenir l’affaire PAI devant les tribunaux pendant huit ans par le jeu des complicités et au prix d’entorses graves aux procédures et au droit, discréditant complètement tous les magistrats qui ont eu à connaître de l’affaire PAI. Nous ne manquerons pas d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur l’aspect judiciaire de l’affaire PAI. Il suffit d’un peu de patience et d’en attendre le dénouement devant le Conseil d’Etat. Et puisque Philippe Ouédraogo, qui est toujours au courant de l’enrôlement du dossier avant tout le monde, l’annonce pour le 11 novembre 2008, l’attente ne sera pas longue.

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo,

Votre frère Philippe Ouédraogo ne fait pas toujours preuve d’intelligence, et vous a démasqué devant l’opinion nationale et internationale, en envoyant son dernier écrit, que vous avez publié dans votre livraison n°- 72 49 du mercredi 29 octobre 2008 en page 20 dans la rubrique "Vie des partis" sous le titre : « Affaire PAI. nouveau procès en appel au conseil d’Etat le 11 novembre ».

C’est donc dire que l’affaire PAI était loin d’être terminée et que l’autorité compétente, de ce fait, ne dispose donc pas d’élément nouveau l’obligeant à une reconnaissance officielle de Philippe Ouédraogo comme Secrétaire général du PAI. Votre frère Philippe Ouédraogo vous a donc ainsi démasqué et vous ne faites aucun rectificatif au mensonge que vous avez servi aux lecteurs dans votre livraison du vendredi 24 octobre 2008. Pourquoi ? Vous êtes-vous trompé de bonne foi ? Dans ce cas, il n’y avait aucune raison de ne pas faire ce rectificatif !!!

Vous connaissant, nous savons que vous avez fabriqué la fausse information de la reconnaissance officielle par l’autorité compétente de votre frère Philippe Ouédraogo comme Secrétaire général du PAI et l’avez diffusée à dessein. C’est un cri de ralliement, et même une injonction que vous faites aux autorités judiciaires et administratives à tout mettre en œuvre, au mépris des lois et règlements de la république pour donner une reconnaissance officielle à votre frère Philippe Ouédraogo.

Depuis huit ans, vous êtes suivi par tous les médias

En vérité, Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, depuis huit ans, vous n’avez cessé d’user de cette technique de conditionnement des autorités et de l’opinion publique, suivi en cela par tous les médias du pays pour faire reconnaître officiellement votre frère Philippe Ouédraogo en lieu et place de la direction statutaire, légitime et légale du PAI, conduite par Soumane Touré.

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, Vos jeunes confrères, vos jeunes lecteurs et la partie de l’opinion internationale qui vous a connu depuis votre réapparition sous l’appellation "L’Observateur Paalga" suite à l’incendie criminel dont vous avez été victime sous le CNR, ne vous connaissent pas. Par contre, le PAI et ses militants, qui ont quarante-cinq ans d’existence et de lutte, vous ont vu arriver et évoluer dans le journalisme trente-cinq ans durant, et par conséquent, vous connaissent bien. De ce fait, le PAI et ses militants ont une bonne mémoire des nuisances que vous avez nourries contre eux depuis trente-cinq ans, en caressant le secret espoir de les faire disparaître. Ils sont en mesure, sur la base des archives de votre journal reconstituées après son incendie, d’en administrer la preuve et de vous camper.

Pour donner une idée de ce que le PAI et ses militants peuvent administrer comme preuve de votre perversion à leur égard, il suffirait de considérer l’itinéraire de deux de ses militants (Soumane Touré et Philippe Ouédraogo) et de dire comment, dans votre journal, vous traitez l’information les concernant. De 1973 à 1976, alors que Soumane Touré était Président de la section LIPAD et que lui et Philippe Ouédraogo animaient des conférences publiques, notamment dans les établissements scolaires, jusqu’au bout et malgré les mises au point, vous vous êtes évertué à le présenter dans vos comptes-rendus sous l’appellation de Soumana Traoré ou à taire son nom, sans jamais vous tromper sur le nom de Philippe Ouédraogo.

Cela peut faire sourire, mais, pour les acteurs de l’époque, vous vouliez qu’on l’assimile à Zoumana Traoré, alors Secrétaire général de l’USTV et farouchement opposé syndicalement à Joseph Ouédraogo dit Jo Weder, à l’époque Président de la CATC. En 1978, lorsque, à l’unanimité des délégués et des syndicats de base de la CSV, Soumane Touré fut porté à la direction de la CSV, vous en fûtes malade au point, d’écrire un reportage alarmiste et confusionniste qui a obligé le tout nouveau Secrétaire général de la CSV à vous envoyer une mise au point où il concluait que la CSV venait de se renforcer et que quiconque s’y frotterait laisserait beaucoup de plumes.

C’est à ce moment précis que votre frère, le polytechnicien Philippe Ouédraogo, que les militants du STOV avaient porté à la tête de leur syndicat, choisit de fuir la lutte, en démissionnant de son poste de secrétaire général. A l’époque, c’était un événement de taille eu égard à l’importance du mouvement syndical et à la célébrité de votre frère !!! Ce n’est qu’une bonne dizaine d’années plus tard que, dans une interview que vous lui avez accordée, vous êtes revenu sur la question pour vous entendre dire par lui qu’il était un fonctionnaire très soucieux de sa carrière.

A ce moment, Soumane Touré n’était plus secrétaire général de la CSV, ayant subi les foudres du CNR, victime des putschs syndicaux organisés par le régime et éliminé de la scène syndicale par le Front Populaire, qui avait passé outre à la réélection à l’unanimité de Soumane Touré comme secrétaire général de la FESVCI et de la CSV par les congrès statutaires, réguliers et démocratiques de ces deux organisations syndicales. Pourtant, ces organisations avaient été contraintes de tenir ces congrès sous les menaces et les injonctions de Nongma Ernest Ouédraogo, alors ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité du CNR.

Le scénario pour liquider Soumane Touré et les militants du PAI de la scène syndicale avait consisté à imposer à toutes les organisations syndicales de se mettre à jour de leurs statuts et règlements intérieurs en renouvelant leurs directions. La CSV et ses syndicats de base, qui avaient un fonctionnement régulier et démocratique, bien que se sachant en règle vis-à-vis de leurs statuts et règlements intérieurs et de la loi, se savaient visés. Pour se mettre à l’abri de la manœuvre de leur liquidation par le CNR, le mot d’ordre fut donné à-tous les syndicats de base de tenir des congrès extraordinaires, à l’issue desquels la CSV elle-même put tenir son congrès extraordinaire. Le CNR en fut doublement pour ses frais parce qu’il ne pouvait plus rien reprocher à la CSV et à ses syndicats de base, mais surtout enrageait de voir les militants du PAI reconduits à l’unanimité et par acclamation à la tête de leurs syndicats respectifs. Le CNR ne s’embarrassa pas alors de scrupule ; il les arrêta et les enferma dans des camps militaires pour avoir les mains libres pour désigner les individus acquis à sa cause à leurs places. Quelques temps à peine, survint le 15 octobre et la Rectification du Front Populaire.

Les militants du PAI furent libérés des geôles du CNR, mais à leur grand étonnement, le gouvernement du Front Populaire entérina les putschs du CNR, en délivrant des récépissés aux bureaux fantoches que le CNR avait installés à la tête de toutes les organisations syndicales. C’est alors que Soumane Touré, régulièrement et démocratiquement élu à la tête de la CSV, adressa une lettre ouverte au tout nouveau président du Front Populaire, le capitaine Blaise Compaoré, pour attirer son attention sur l’irrégularité et l’illégalité des récépissés délivrés, ce qui faisait du mouvement syndical le domaine « oublié » de la rectification. Terrible coïncidence !

Quelques jours après la publication de cette lettre ouverte par la presse, éclata l’affaire du coup d’Etat de Lingani et d’Henri Zongo. Soumane Touré fut de nouveau enlevé et interné au Conseil de l’Entente sous les menaces d’exécution sommaire. L’opinion nationale et internationale en furent émues et y réagirent. C’est alors qu’Halidou Ouédraogo, le tout nouveau conseiller juridique du président du Front Populaire, magistrat de son Etat, dans une déclaration publique radiotélévisée, justifia la mort des putschistes et crut rassurer les opinions, en déclarant que la détention de Soumane Touré dans les locaux du Conseil de l’Entente n’était qu’une interpellation administrative.

Comme par hasard, c’est ce même Halidou Ouédraogo, devenu farouche défenseur des droits de l’Homme, Président du MDBHP-et de l’UlDH, Président du Collectif, qui, aux temps forts de l’affaire Norbert Zongo, a trouvé le moyen de se mêler de l’affaire PAI, d’y impliquer toutes les organisations de masse et des partis politiques membres du Collectif, en écrivant au ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité pour exiger la reconnaissance de Philippe Ouédraogo comme secrétaire général du PAI. Pour obtenir satisfaction, après avoir déclaré que le Collectif allait faire pression sur la justice, Halidou Ouédraogo fit porter l’affaire PAI en justice par Philippe Ouédraogo et mit à sa disposition le collectif des avocats du Collectif, conduit par maître Kéré Barthélémy, que le président du tribunal administratif de Ouagadougou, Jean-Baptiste Ouédraogo, lors de la première comparution, a accusé à l’audience publique de lui avoir imposé l’enrôlement du dossier PAI.

Peut-on alors s’étonner du maintien et de la conduite du dossier PAI devant les juridictions depuis huit ans ? Peut-on s’étonner des décisions d’annulation des récépissés sans motivation ? Peut-on s’étonner que Jean-Baptiste Ouédraogo, président du tribunal administratif de Ouagadougou, qui, lors de son premier jugement, a formellement dénié le droit à Philippe Ouédraogo d’avoir un récépissé en qualité de Secrétaire général du PAI pour défaut de déclaration dans les 15 jours, continue de le recevoir comme Secrétaire général du PAI, tout comme l’a fait la Chambre administrative de la Cour Suprême et comme le fait le Conseil d’Etat, tous au mépris du principe de l’autorité de la chose jugée ?

De l’incendie criminel de votre journal

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo,

Nous pourrions continuer à énumérer les actes de nuisance qu’à travers votre journal vous avez-posés contre le PAI et ses militants et particulièrement contre Soumane Touré, au profit de votre frère Philippe Ouédraogo, notamment depuis que le PAI s’est légalisé en 1991 avec Philippe Ouédraogo comme Secrétaire général et Soumane Touré comme son adjoint. Vous n’avez même pas hésité, sous forme de feuilleton, à écrire régulièrement pendant quelques semaines, à raconter des fables sur Soumane Touré en rapport avec ses activités syndicales. Vous n’avez pas hésité à insinuer que le PAI était à la base du licenciement des enseignants et de l’incendie de votre journal sous le CNR, obligeant le parti à vous faire des mises au point. A ce propos, avez-vous déposé une plainte contre X pour l’incendie criminel de votre journal ? Maintenant que nous sommes dans un Etat de droit démocratique, ce serait le meilleur dossier pendant d’atteinte à la liberté de pensée, d’expression et de presse, que vous devez poursuivre afin que toute la lumière soit faite, afin que plus jamais ça !!! Ce dossier est antérieur au dossier Norbert Zongo, et, en bonne stratégie de lutte, ces dossiers devraient être couplés. Pourquoi garder le silence et passer le temps à des allusions à propos de l’identité des criminels ?

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, Ce rappel non exhaustif de vos agissements et comportements vis-à-vis du PAI et de ses militants en rapport avec le soutien inconditionnel et aveugle à votre frère Philippe Ouédraogo n’est ni inutile ni déplacé. Il vise simplement à rappeler la stratégie mise en œuvre sous le CNR puis sous le Front Populaire pour liquider le PAI et ses militants du mouvement syndical et à légaliser des fantoches pour mieux prendre en main le mouvement syndical. Le résultat de la récupération du mouvement syndical est visible, tant celui-ci a perdu de sa combativité et de sa respectabilité dans la défense des droits et des intérêts des travailleurs et du peuple. Par expérience donc, le PAI et ses militants ont compris très tôt que cette stratégie, qui avait été utilisée sous les régimes d’exception pour liquider leur présence, leurs actions et leur influence dans le mouvement syndical, est la même que l’on cherche à appliquer sur le terrain politique pour les liquider.

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, Comme le PAI et ses militants, vous avez beaucoup de mémoire. Et en bon observateur, vous avez cru bon d’appuyer inconditionnellement et de façon aveugle votre frère Philippe Ouédraogo pour réaliser la stratégie de liquidation du PAI du paysage politique, d’autant plus que vous savez, de longue date, que votre frère est partant pour cette liquidation. En effet, votre frère Philippe Ouédraogo est de ceux qui étaient favorables, sous le CNR, à la liquidation du PAI au profit du parti unique. Cela explique pourquoi, sous le CNR, tous les membres de la direction, tous les militants actifs et tous ceux qui avaient des responsabilités dans les organisations de masse ont subi les foudres de la répression sous forme de perte de leur emploi, d’arrestation et d’internement dans les camps militaires, de tortures et de menaces d’exécution sommaire, cependant que votre frère Philippe Ouédraogo n’était nullement inquiété.

Mieux, Philippe Ouédraogo avait bénéficié d’une promotion douillette et confortable au Liptako-Gourma. Sous le Front Populaire, votre frère Philippe Ouédraogo était de ceux favorables à la dissolution du PAI dans cette nouvelle structure politique, ce qu’a rejeté un comité central du parti par un vote démocratique à une majorité des 2/3 des membres. A la chute du mur de Berlin, votre frère Philippe Ouédraogo était de ceux favorables à la liquidation du PAI en tant que parti marxiste-léniniste comme on l’a vu à travers le monde.

En 1993, après la légalisation du PAI en tant que parti marxiste-léniniste, votre frère Philippe Ouédraogo était de ceux qui, sous prétexte de changer l’image du parti, proposaient le changement de nom et l’abandon de l’idéologie du parti. Battu démocratiquement en congrès, votre frère Philippe Ouédraogo et son acolyte Arba Diallo, qui conduisaient le mouvement de liquidation, trop lâches pour s’assumer ou par tactique, abandonnèrent à leur sort ceux qu’ils avaient entraînés. Ces derniers démissionnèrent pour fonder leur parti, le PDR, qui fusionna dans le CDP. Votre frère Philippe Ouédraogo, alors qu’il était le Président du Conseil économique et social (CES), amena au PAI une proposition de fusion avec l’ODP/MT, une offre qu’il disait tenir de Salif Diallo et de Bongnessan Arsène Yé de la part de Blaise Compaore.

Il essuya un refus net et il lui fut signifié sans ambiguïté qu’au congrès du parti en 1998, il serait chassé de la direction parce que nous ne pouvions laisser à ce poste quelqu’un qui ne songe qu’à la disparition du parti. Dès lors, la lutte de ligne fut ouverte, frontale et sans concession dans la stricte observance des principes organisationnels et de la démocratie interne du parti. Votre frère Philippe Ouédraogo battit le rappel de ses troupes sur des bases ethniques en même temps qu’il essayait d’introduire au congrès des propositions de modification des principes organisationnels, plus farfelues les unes que les autres. Démocratiquement, il fut battu sur toute la ligne, et Soumane Touré fut élu par plus des 2/3 des congressistes Secrétaire général du PAI.

Depuis, votre frère Philippe Ouédraogo et vous-même n’en dormez plus et cherchez par tous les moyens comment le réinstaller à la Direction du PAI pour le liquider aisément, car il y a plusieurs méthodes pour liquider un parti politique : un parti politique peut être liquidé statutairement, généralement en congrès ; un parti politique peut être aussi liquidé par fusion avec un ou plusieurs autres partis, comme ce fut le cas avec la création du CDP, car tous les partis qui y entrent disparaissent ; enfin, un parti politique peut être liquidé par dénaturation de ses principes organisationnels et/ou politiques. Votre frère Philippe Ouédraogo et son acolyte Arba Diallo, ayant échoué à faire aboutir les deux premières méthodes, s’essayent depuis 1998 à la troisième depuis la présidentielle de 1998. Pour ce faire, ils ont pris prétexte du mot d’ordre débile et erroné du boycott de l’élection présidentielle pour sortir les autres membres d’honneur du parti de leur retraite, de les induire en erreur pour les entraîner dans leur putsch manqué.

Du 45e anniversaire

Nous croyons sincèrement que votre frère Philippe Ouédraogo et son acolyte Diallo ont abusé de la bonne foi et de l’attachement des autres membres d’honneur au PAI pour les entraîner dans leur manœuvre de liquidation du parti. Nous le pensons d’autant plus sincèrement que Philippe Ouédraogo et son acolyte Arba Diallo n’ont pas pu les réunir autour d’eux, à leur prétendue célébration du 45e anniversaire du PAI. C’est votre frère Philippe Ouédraogo lui-même qui l’a confessé à l’épouse du fondateur du PAI à cette occasion. Son acolyte Arba Diallo lui-même, député maire PDS de Dori, 5e vice-président de l’Assemblée Nationale à ce titre, n’a pas osé s’afficher à ses côtés comme membre de la direction du PAI.

BA Sambo Issouf, président du PDS, élu député PDS à l’Assemblée nationale, bien que présent à cette commémoration, n’a pas osé non plus s’asseoir à côté de Philippe Ouédraogo. Le constat final et ridicule de l’existence même de ce fameux bureau provisoire du PAI composé de membres d’honneur dont Philippe Ouédraogo serait le Secrétaire général, c’est le journal Le Pays qui le fait dans sa couverture de la prétendue célébration du 45e anniversaire du PAI. Sur toute la première page et en grand, une photo où l’on voit Philippe Ouédraogo encadré de son cousin Jules Ouédraogo et de... (NDLR : ici, un passage du texte a été supprimé par le journal parce que nous estimons qu’il tome sous le coup de la loi) ainsi que d’une citation de Philippe Ouédraogo qui déclare qu’il est le Secrétaire général légitime du PAI.

A ce propos, monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, votre journal a annoncé la prétendue célébration du 45e anniversaire, et, comme tous les autres médias, vous avez couvert l’événement. Tous vos autres confrères ont publié leur reportage, tous plus farfelus les uns que les autres tant leur déception était grande. Mais votre journal, l’Observateur Paalga, n’a pipé mot de cette prétendue célébration du 45e anniversaire du PAI, organisée par votre frère Philippe Ouédraogo et son acolyte Arba Diallo à plusieurs millions. Vous avez su que c’était une mascarade aux seules fins de donner un semblant de consistance à la fiction de PAI dont votre frère Philippe Ouédraogo serait le Secrétaire général.

Vous ne vouliez pas que l’opinion nationale et internationale découvrent qu’il n’existe plus de bureau, même provisoire, dont votre frère Philippe Ouédraogo serait le secrétaire général. Vous ne vouliez pas que l’on découvre qu’à cette prétendue commémoration du 45e anniversaire du PAI, c’était plutôt des militants du PDS qu’on a réunis. C’est pourquoi aucun des médias invités n’a parlé du fameux comité central extraordinaire du PAI qui devait se tenir à cette occasion. Ce comité central ne pouvait pas avoir lieu au nom du PAI, car toutes les sections et les fédérations du PAI dont les représentants se réunissent sont connues et déclarées légalement au plan local et présentent des listes aux différents scrutins législatifs et locaux au nom du PAI.

Ce comité central ne pouvait se tenir au nom du PAI de façon crédible. En effet, comme pour tous les partis politiques, les sections et les fédérations du PAI sont légalement déclarées auprès des autorités locales, et, depuis 2000, participent aux réunions des démembrements de la CENI et ont présenté des listes aux différents scrutins locaux et législatifs, ces listes étant confectionnées et déposées par les sections et les fédérations.

Les sections et les fédérations du PAI ont régulièrement présenté des listes à ces différentes consultations, ont battu campagne, et leurs résultats sont officiellement connus en termes de conseilers municipaux, de maires et de députés dans les scrutins organisés de 2000 à 2007. La fiction d’un PAI de votre frère Philippe Ouédraogo, qui se serait réuni en comité central extraordianire en août 2008, à l’occasion de la prétendue commémoration du 45e anniversaire du PAI et dont on ne retrouve le compte-rendu dans aucun organe de presse, comme le congrès qu’il projette de tenir avant la fin de l’année 2008, disparaîtra donc lorsqu’il voudra obtenir du MATD un récépissé. A moins que le ministère chargé de la police des partis politiques ne veuille faire fi de la réalité du PAI qui existe et est connu et reconnu à tous les niveaux (départemental, provincial, régional et national) de ses services et dont les élus siègent dans les conseils municipaux, dans lesquels certains ont été élus maires des comunes, et à l’Assemblée nationale ! A moins que le MATD ne veuille donner existence à un deuxième PAI, ce qui est contraire à la loi sur les partis politiques au Burkina Faso, comme partout ailleurs dans le monde !

Votre silence sur la prétendue commémoration n’était pas critique. Vous avez gardé le silence à dessein pour ne pas démasquer votre frère Philippe Ouédraogo, sinon, depuis huit ans que vous claironnez que Philippe Ouédraogo a gagné tous ses procès, vous ne pouviez rater cet événement, qui vous donnait l’occasion d’administrer les preuves de l’existence et de la vitalité du PAI de votre frère Philippe Ouédraogo. Votre silence participait à la désinformation et à la confusion. Mais vous taire équivalait à lâcher votre frère Philippe Ouédraogo. Vous êtes donc sorti de votre silence pour l’aider. Vous vous êtes trahi en fabriquant le gros mensonge de sa « désormais reconnaissance officielle par l’autorité compétente ». Et votre frère Philippe Ouédraogo vous a mis à nu lorsqu’il vous a envoyé une invitation à venir le soutenir et à couvrir l’affaire PAI, en appel devant le Conseil d’Etat le 11 novembre 2008.

"Ce que vous haïssez le plus"

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, le PAI et sa direction actuelle savent qu’ils représentent ce que vous haïssez le plus parce que le PAI est marxiste-léniniste et que ses dirigeants ne sont pas du même terroir que vous. Si vos jeunes confrères et l’opinion nationale et internationale qui vous ont découvert depuis votre réapparition après l’incendie dont vous avez été victime vous connaissaient comme le PAI vous connaît, ils ne seraient nullement étonnés de constater que vous ne reculez devant rien dans votre haine du PAI et de ses dirigeants actuels, et que vous soyez capable de faire fi de tous les règlements et lois du pays, que vous soyez capable de piétiner toutes les règles d’éthique et de déontologie de votre profession, capable de toutes les bassesses pour les voir disparaître.

Votre ethnicisme primaire conjugué avec votre aversion tout aussi primaire pour tout ce qui touche au marxisme-léninisme vous fait perdre le sens de la mesure et de la république, au point de vouloir qu’on applique au PAI des méthodes des régimes d’exception. Vous ne devez pas être surpris de nous voir vous camper de la sorte par de tels qualificatifs, parce que, à l’occasion des manifestations marquant vos 35 ans de journalisme, au cours de l’entretien que vous avez eu avec Pascal Yemboini Thiombiano dans son émission « Actu Hebdo », il vous a fait part des graves accusations que, dans l’opinion nationale, tous ceux qui vous ont vu évoluer portent contre vous en rapport avec votre attitude régionaliste et votre sectarisme religieux. Nous savons au PAI que, bien que votre journal soit sur le Net et que vous prétendiez participer à l’information au niveau du village planétaire, vos horizons ne dépassent guère en réalité les villages dont vous publiez régulièrement les dates des marchés. Ces dernières années, ils se sont même restreints à un triangle composé par Komki Ipala (où Blaise Compaoré a lancé sa première campagne électorale en 1991), Laye, où vous envoyez une lettre chaque semaine, et Guiloungou depuis la restauration de son église par Blaise Compaoré.

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, II y a 60 ans, en 1947, nos pères, toutes ethnies confondues, librement et volontairement, ont exigé et obtenu du colonisateur qu’il nous regroupe en territoire dans une volonté commune de vivre ensemble et de bâtir une nation. Cet acte fondateur a eu pour conséquence de placer hors de nos frontières actuelles dans tous les pays limitrophes jusqu’au Sénégal des compatriotes à nous qui y constituent les communautés étrangères les plus importantes. Il n’est pas exagéré de dire que les compatriotes dans ces autres pays sont aussi nombreux que ceux de l’intérieur. La grande singularité de notre pays, c’est que depuis la Révolution, avec le changement de son nom, il est parmi les rares pays du monde, sinon le seul au monde dont le nom ne désigne ni une race, ni un animal, ni une chose, mais désigne des valeurs dont la principale est l’intégrité : le Burkina Faso. Après nos pères, notre génération, prolongeant la volonté de vivre ensemble pour construire une nation que nous voulons indépendante, démocratique et unie, a décidé du changement du nom de notre pays pour mettre en avant les valeurs qui doivent sous-tendre toutes nos actions et nos réflexions.

Le PAI et ses militants se sont approprié cette vision et ces valeurs, et n’ont jamais reculé devant les sacrifices dans leurs luttes pour les faire aboutir. C’est pourquoi, au prix de leur propre existence, ils ne permettront pas à des apprentis-sorciers de remettre celles-ci en cause. Le PAI et ses militants se sont battus et se battront toujours pour empêcher la chienlit de la division et du bafouement du droit des uns et des autres de prospérer. C’est pourquoi, sereinement, ils attendent des autorités administratives et judiciaires un règlement juste de l’affaire PAI, fondé sur le droit et rien que.

Monsieur le doyen Edouard Ouédraogo, Le PAI et ses militants ont observé que, durant vos trente cinq années de journalisme, vous avez, sous les différents régimes, regroupé autour de vous et de votre journal les forces les plus obscures et les plus rétrogrades pour mener des combats d’arrière-garde qui freinent l’évolution de notre pays et de notre peuple. L’évolution du monde ayant imposé la démocratie comme mode de gouvernance des Etats avec les partis politiques comme acteurs principaux, les forces obscures et rétrogrades que vous avez réunies autour de vous travaillent à ruiner l’espoir de voir s’installer dans notre pays une démocratie véritable.

"Vous vous agitez tant pour votre frère"

Ainsi, vous avez dévoyé la presse dans la mesure où, en tant que doyen, vous foulez aux pieds toutes les règles éthiques et déontologiques de la profession, et méprisez toutes les lois qui encadrent l’exercice de la profession dans un Etat de droit démocratique. Vous en arrivez à penser que c’est vous qui faite l’opinion, que vous êtes l’opinion, et qu’à ce titre vous pouvez terroriser vos jeunes collègues et les amener à s’autocensurer. Vous vous êtes érigé en organe de régulation de l’information, puisque le CSC vous laisse faire et assiste passif aux différents manquements aux règles d’éthique et de déontologie du journalisme dans un Etat de droit démocratique.

Luc Adolphe Tiao, sur le tard, dans le dernier communiqué adressé à l’ensemble des médias du pays, a tenté un rappel à l’ordre, apparemment dans le vide. Vous croyez être devenu de ce fait l’autorité de régulation de l’information dans ce pays. Avec arrogance, vous vous substituez maintenant au ministère ayant en charge la police des partis politiques pour décider de la reconnaissance officielle de votre frère Philippe Ouédraogo comme secrétaire général du PAI, et vous vous convainquez qu’il doit en être ainsi, dans la mesure où Clément P. Sawadogo n’a pas réagi face à cette usurpation de fonction. C’est donc vous qui dictez à Clément P. Sawadogo qui doit avoir une reconnaissance officielle.

Pourtant, avec le PAI, vous savez que vous êtes tombé sur un os sur lequel vous vous casserez les dents. Vous avez déjà essayé de faire reconnaître votre frère Philippe Ouédraogo par Tapsoba Moussa Michel, Président de la CENI, et vous savez avec quelle fermeté nous l’avons ramené dans ses justes rôles et fonction. Vous avez bien essayé de le consoler en publiant dans votre journal des billets anonymes contre Soumane Touré. Mais vous enragez de voir le PAI, régulièrement, par ses écrits, dénoncé les manquements, les dérives et la carence de votre pion, que vous avez réussi à hisser et à maintenir à la tête de la CENI au grand dam des autres organisations de la société civile qui avaient convenu d’une rotation pour la présidence de la CENI.

Pour parvenir à maintenir Tapsoba Moussa Michel à la tête de la CENI, vous n’avez pas hésité à battre le rappel de toutes les dolotières, de tous les vendeurs de poulets et autres tenancières de gargotes. Cela suffit à prouver que vous n’êtes ni un démocrate ni capable de respecter la moindre règle de vie en communauté. Vous considérez le PAI et ses militants comme le dernier obstacle à la réalisation de vos funestes projets. C’est pourquoi vous vous agitez tant pour placer votre frère Philippe Ouédraogo à sa direction pour mieux réussir ensemble la liquidation du PAI marxiste-léniniste et intransigeant dans la défense des libertés, de la démocratie et du progrès du peuple burkinabé sans exclusive.

Doyen, Laissez tomber le masque. Arrêtez de vous battre sournoisement contre le PAI, et offrons une querelle de belle facture à notre peuple et pour la gouverne des jeunes générations. Fraternellement, même si cela vous hérisse.

Pour le BEC Le Secrétaire général

Soumane Touré


NDLR :

Quelques remarques à mon frère Soumane Touré

Pour ne pas assommer davantage le lecteur, certainement déjà abruti par votre logorrhée, je me contenterai de quelques remarques. 1/. Nul n’est censé ignorer la loi, surtout pas vous, Soumane Touré, qui passez pour un juriste pointilleux et maniaque quant au respect rigoureux des textes. Je ne vous ferai donc pas l’injure de croire un seul instant que vous puissiez ignorer l’alinéa 2 de l’article 71 du code de l’Information traitant du droit de réponse et qui stipule en termes décisifs que "...la longueur de la réponse n’excédera pas le double de l’article incriminé".

Vous savez cela, Monsieur Soumane Touré, mais vous avez fait le choix vicieux d’abreuver le lecteur d’un discours aussi fleuve qu’il est fielleux. Une stratégie délibérée qui place le journal dans le dilemme diabolique suivant :
- Ne pas publier votre texte ou le réduire à son maximum légal, c’est-à-dire aux quelques lignes qu’il mérite et vous offrir ainsi l’occasion rêvée de vous répandre en cris d’orfraie, allant clamer sur tous les toits du monde que le journal et son directeur ont un parti pris.

- Vous publier in extenso et vous offrir, là également, l’occasion tout aussi rêvée de déverser vos laves bilieuses non seulement sur Edouard Ouédraogo, mais aussi sur bien d’autres citoyens qui n’ont rien à voir avec l’écrit auquel vous êtes censé répondre. Vous êtes du reste coutumier du fait. Personne sur cette terre n’a du prix à vos yeux, et, comme si vous étiez tout entier pris du priapisme des bouledogues, vous pissez jouissivement contre tout ce qui tient debout dans notre pays. Eh bien, nous avons choisi de vous publier intégralement, en vous prévenant toutefois qu’à l’avenir il vous sera fait, et advienne que pourra, application des dispositions du code de l’Information dans toute leur rigueur, vous qui vous piquez de donner des leçons d’éthique et de déontologie à tout venant.

2/. Dans votre réquisitoire-marathon, vous m’invectivez plus à titre personnel qu’en tant que directeur de publication. Certes, à ce dernier titre, je suis comptable du contenu du journal au regard de la loi. Jamais je ne me suis dérobé à un tel devoir. Mais comme vous insinuez à dessein que je suis l’auteur de l’écrit que vous querellez, je me vois obligé de rappeler, au moins pour la gouverne de l’opinion publique, qu’à la date de sa parution ce 24 octobre 2008, j’étais loin, hors du Burkina, fait aisément vérifiable. Ce qui ne veut pas dire que je n’en assume pas la responsabilité.

3/. L’expression "votre frère Philippe Ouédraogo" est revenue mille et une fois tout au long de votre libelle. Le lecteur aura bien compris tout ce qu’un tel leitmotiv comporte de tendancieux et de pervers. Sachez, Monsieur Soumane Touré, que je ne me sens pas plus proche de Philippe Ouédraogo que je ne le suis de vous. Peut-être eût-il fallu qu’on m’appelât Edouard Touré pour vous convaincre de ma bonne foi. Malheureusement ou heureusement, pas plus que vous, je n’ai pas choisi de voir le jour sous le patronyme qui est aujourd’hui le mien, ni d’être natif de telle région plutôt que de telle autre.

La science, dans ses infinies possibilités, ne nous permet pas encore la moindre option préférentielle dans ce domaine. Et c’est tant mieux ainsi si ces choses relèvent de la contingence. Souffrez donc, cher Soumane Touré, que je sois bêtement Edouard Ouédraogo, originaire de Ouagadougou, baptisé dans la religion catholique et fier de l’être. Et honni soit qui mal y pense.

4/ Vos amalgames malicieux, vos procès d’intention et en sorcellerie, vos accusations de régionalisme, d’ethnicisme et que sais-je encore, me laissent donc de marbre. Au mieux, je les reçois comme autant d’hommages que le vice rend à la vertu. Conspirer, intriguer, manipuler, amalgamer, faire feu de tout bois même de la fibre ethnique sont tellement consubstantiels à votre être, que vous en venez à croire que tous ceux que vous avez en face mangent de ces pains-là. Eh bien, cher Soumane Touré, vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate si vous vous croyez sorti de la cuisse de Jupiter et gonflé d’importance au point d’en troubler le sommeil d’Edouard Ouédraogo. Et ne m’imputez à crime de lèse-majesté si je vous confessais qu’il m’arrive d’oublier pour longtemps qu’un nommé Soumane Touré existât sur la scène politique nationale.

5/. Qu’avez-vous par ailleurs, frère Soumane Touré, contre les <> ? Qu’ont-ils de moins gratifiant ou de plus dégradant que les autres composantes de la société civile ? Comment comprendre qu’un homme qui se prend, comme vous, pour le parangon d’un marxisme-léninisme pure ligne, traite ainsi par le mépris ces forçats du peuple des travailleurs, votre famille idéologique ? Mais comme vous n’en êtes pas à une contradiction près, passons...

6/. Pour ne pas aller plus avant, je voudrais, en terminant, vous dire ce qui suit :
- si j’avais été le journaliste retors et véreux, cette opprobre du métier que vous vous plaisez à camper à travers votre pamphlet, il m’eût été loisible par quelque artifice, de hâter votre capture quand, dans les années 80 sous le CMRPN, un mandat d’arrêt fut décerné contre vous, vous contraignant à entrer dans la clandestinité. Alors que vous étiez vous-même planqué en sûreté dans un quartier de Ouaga-Zangwentin, si je ne m’abuse, chez une de vos camarades de parti aujourd’hui disparue, l’homme qui servait d’intermédiaire entre vous et votre regrettée épouse était, lui, un des proches voisins du journal dans la zone commerciale : il s’agit en l’occurrence du directeur de la Loterie nationale à l’époque des faits. Vu la proximité des deux services, nous n’avons pas mis longtemps à découvrir le pot aux roses, à travers les va-et-vient crépusculaires ou nocturnes de votre femme.

Je ne prétends pas que nous fûmes les seuls à avoir remarqué le manège, mais j’atteste sur l’honneur que pour notre part le silence absolu fut observé là-dessus malgré les divergences idéologiques abyssales qui nous séparaient. Pour nous, vous n’étiez pas un criminel de droit commun, mais plutôt un cas relevant du délit politique. Or la première obligation de tout journaliste digne de ce nom est d’observer un devoir de compassion envers tous ceux qu’on persécute pour leur opinion. C’est ainsi, et bien sûr grâce à bien d’autres complicités, que vous avez pu passer quelque temps sinon du bon temps à Ouagadougou, avant que vos camarades vous exfiltrent à bord d’une bâchée banalisée pour la région de Sapouy, où les forces de l’ordre ne vous arrêteront que des mois et des mois plus tard.

Mieux, alors que vous étiez dans le maquis de Sapouy, vos camarades de la LIPAD/PAI ont fait paraître une édition commémorative du "Patriote", votre organe, vous rendant hommage, photo-portrait à la Une. Courageusement, notre journal a relayé cette édition ; ce qui lui valut d’être saisi, et à Philippe Ouédraogo, que vous abhorrez tant aujourd’hui, d’être arrêté avec bien d’autres et incarcéré des semaines durant dans les geôles du camp CRS. Frère Soumane Touré, arrêtez donc de vous enliser dans le délire paranoïaque dans lequel on vous voit morosement vous délecter au fil de vos mésaventures politiques.

Arrêtez de croire que toute la terre vous en veut et d’en vouloir pour cela à la terre entière. Sinon votre cas pourrait un jour relever moins du traitement médiatique que de l’expertise psychiatrique.

Bien fraternellement à vous et quoique vous puissiez en penser.

Edouard Ouédraogo, DP de l’Observateur Paalga

L’Observateur Paalga

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