Les épreuves du Bac débutent ce matin, sur toute l’étendue du territoire national. 1 600 personnes, sans compter les forces de l’ordre sont mobilisées pour son organisation pratique. Cent jurys ont été prévus, pour accueillir les 22 604 candidats de la session 2004.

Les uns en vue d’obtenir le Bac série A4, les autres pour le BAC série D, voire des séries C, E, G1, G2, F1, F2, A5, F3, A3 ou H.

Gavés de connaissances et "torturés" de peur, ces candidats devront, une ultime fois, et non des moindres, triturer leurs méninges afin... d’avoir enfin) le premier diplôme universitaire. Le Bac, un parchemin d’accès aux universités, aux différentes études supérieures, à certains concours.

Du côté de l’Office du Baccalauréat, c’est également "bonjour le stress". Car il faut réussir l’organisation matérielle et éviter les fraudes et tentatives de fraudes qui ont marqué, cette année, l’un des examens du système scolaire burkinabè : le BEPC. "Toutes les mesures ont été prises, au plan matériel et humain, pour que les épreuves se déroulent dans de bonnes conditions sur toute l’étendue du territoire national". C’est ce qu’affirme avec conviction, le directeur de l’Office du Bac, M. Prosper Nikièma.

Des mesures contre la frande

Et pourtant ? A la veille du Bac, il est souvent question de fuites ou de fraudes : "le pétrole" pour les initiés, semblerait-il devrait couler. Quelles sont les mesures prises pour éviter que "le pétrole" (la fraude) ne coule...

Depuis que je suis à la tête de l’Office du Bac (décembre 1982), ajoute M. Nikiéma, nous n’avons pas connu de cas de réelles fraudes.

Et de dire : "seulement, j’ai appris parfois par certains membres des commissions que des sujets retenus sont traités dans certains établissements. Lorsque nous sommes saisis, nous annulons ce que la commission a proposé et nous procédons à leur remplacement. Pour chaque épreuve, nous avons un sujet pour la session normale, un autre pour la session de remplacement et un sujet de secours. Mais nous n’avons jamais entendu parler de fuite, concrètement.

Les mesures réglementaires prises pour minimiser les cas de fraude ? Il y a un texte qui organise le choix des sujets. Les commissions se composent comme suit : le président qui est un enseignant du supérieur, le vice-président, un inspecteur de l’enseignement secondaire, les membres qui viennent des lycées et collèges. Ces derniers sont proposés par les inspecteurs. Les présidents, par le chancelier de l’Université de Ouagadougou. Les sujets qui sont demandés aux enseignants ne doivent pas faire l’objet de devoirs pendant deux ans. Les enseignants ne doivent même pas en parler. Le texte dit que tous ceux qui participent aux choix des sujets ou à leur élaboration, même leur saisie et leur reproduction sont tenus par le secret et tout manquement est sanctionné. Nous avons toujours bénéficié du sérieux des membres.

Pour les détails, nous remettons à la commission tous les sujets envoyés par les chefs d’établissements. Les membres sont tenus de les examiner, de voir si les sujets proposés remplissent les critères accadémiques exigeables. Mais s’il n’y a pas suffisamment de sujets à nous proposer, ils sont tenus d’en élaborer. Une fois qu’un certain nombre de sujets ont été proposés, les membres de la commission ont en principe fini leur travail.

C’est seulement leur président qui présente les trois (03) sujets au directeur de l’Office du Bac. Lorsque les sujets sont saisis, le président et l’inspecteur procèdent aux différentes corrections. C’est l’Office du Bac qui a la charge de déterminer le sujet pour la session normale, celui qui va passer en session de remplacement et le sujet de secours.

Fraudes ou pas fraudes ? L’écrivain français Antoine de Saint-Exupéry invite plutôt les candidats à travailler et à faire du travail, la base de leur réussite (au bac).

Ceci dit, les élèves qui réussissent dans leur scolarité ne sont pas forcément plus imaginatifs ou plus créatifs que leurs camarades, affirme Mme Anne-Marie Gougie, qui à 78 ans, a vu "passer sous son encadrement, plusieurs générations...".

Ce qu’ils inventent, ce sont en fait, des méthodes de travail sûres et une certaine régularité à laquelle ils s’assujettissent ... pour être en phase avec le programme administré au cours de l’année scolaire.

Un programme qui, cette année scolaire (2003-2004) n’a pas été perturbé : ni grève, ni secousse majeure dans le paysage scolaire et universitaire burkinabè.

Augmentation des effectifs

Selon le chargé de communication de l’Université de Ouagadougou, M. Jean Baptiste Ilboudo, "le nombre de centres d’examens reste constant".

Il est à noter que celui des jurys de correction passe de 89 en 2003 à 100 cette année, soit une augmentation de 11 jurys.

Constat général : l’augmentation régulière des effectifs. De 16 185 en 2001, 19 118 en 2002 et 20 624 en 2003, l’effectif passe cette année à 22 604, soit près de 2 000 candidats de plus que l’année dernière.

Les plus gros effectifs viennent des centres d’examen de Ouagadougou (12 299 candidats avec 52 jurys), suivis de ceux de Bobo-Dioulasso (4 388 candidats pour 20 jurys de correction). Manga est la ville qui enregistre le moins de candidats (375 pour 2 jurys de correction). Les 22 604 candidats se répartissent comme suit : 15 625 candidats élèves et 6 979 candidats libres.

Des 14 séries de cette session, la série D représente 44,21% des effectifs, suit la série A4 avec 24,49% et la série G2 avec 22,11% de l’ensemble des candidats inscrits.

Les épreuves qui commencent aujourd’hui jeudi 1er juillet sont prévues pour prendre fin le mardi 6 juillet avec l’oral des langues vivantes 1 et 2 (séries A3, A4 et A5). La délibération et la proclamation des résultats d’admissibilité auront lieu le jeudi 8 juillet. A partir du lundi 12 juillet, il y a les épreuves complémentaires et les épreuves facultatives (écrites et orales). Les délibération et proclamation des résultats d’admission finale sont programmées pour le jeudi 15 juillet. Cette session normale du baccalauréat 2004 prendra définitivement fin le vendredi 16 juillet 2004.

Ibrahiman SAKANDE
Email : ibra.sak@caramail.com

Témoignage

Mme Anne Marie Gougi, 78 ans : Comment j’ai eu mon Bac en 1944

"C’est gentil d’avoir pensé à moi parce qu’à notre âge, nous avons l’impression d’être sur la touche et que plus personne ne pense à nous. J’ai toujours des souvenirs très précis de cette époque où j’ai obtenu mon BAC. Le baccalauréat s’appelait Brevet de capacité colonial, équivalent du Baccalauréat français. Il se faisait en 2 parties. La première partie était faite en classe de première et la seconde en terminale. La première partie était le couronnement de l’enseignement général et la terminale était plus spécialisée. Nous avons préparé le Bac en 1943 pour la première partie et en 1944 pour la deuxième partie, dans la trouille la plus complète, talonné par les parents qui ne voulaient pas qu’on fasse des échecs et qu’on dise que les Noirs étaient moins intelligents que les Européens.

L’année scolaire se terminait en juin et c’est dans ce même mois qu’avaient lieu les examens. Avant cela, nous avions 8 jours de battement pendant lesquels ont était censé réviser nos leçons. C’était la période la plus affreuse. Certains ont formé des groupes d’études mais mes parents ne voulaient pas me voir dans un groupe d’études parce qu’ils pensaient qu’on y allait pour rigoler. J’étais à la maison toute seule en train de me gaver de connaissances. Il n’y avait pas d’annales en ce moment mais on avait de petits résumés que nos aînés nous avaient légués.

Moi j’étais très littéraire et j’aimais beaucoup la philosophie surtout la morale, la logique et la métaphysique.

Lorsqu’arrivait le moment des examens, on était bousculé par les parents qui voulaient qu’on ramène le BAC à la maison. On révisait beaucoup et jamais on n’avait été aussi proche du bon Dieu.

La Pentecôte tombait dans le mois de juin et tous ceux qui ne venaient pas à la messe ne rataient pas cette occasion de prier Dieu pendant la messe de Pentecôte.

Le jour du Bac, nous n’étions pas nombreux et on s’asseyait un par table. Il n’y avait pas de tricheur à l’échelle du moment présent. Mais la tricherie a toujours existé.

Lors de la proclamation des résultats du Bac, la joie était mitigée car certains camarades avaient échoué. Je me souviens qu’en terminale, je suis rentrée à la maison le visage pas trop joyeux et ma mère avait cru que j’avais échoué à mon examen... A part cela, c’était une explosion de joie, la joie de rentrer la tête haute à la maison. Pour une fois, vos parents vous félicitent, ce qui n’était pas courent. On était cité en exemple et cela nous faisait énormément plaisir.

Témoignage recueillis
par I. SAKANDE

Bon à savoir sur le BAC

Pour participer au Bac, il faut être candidat de l’une des 19 séries suivantes : A1- A2- A3- A4- A5- A6- A7 - Série C- Série D- Série D’- Série E- Série F1- Série F2- Série F3- Série G1- Série G2- Série G3- Série H.

Chaque série comporte des épreuves obligatoires (épreuves spécifiques et complémentaires) et des épreuves facultatives.

Chaque série est déterminée par ses épreuves spécifiques qui constituent les éléments de base pour l’orientation professionnelle de l’élève.

Toutes les épreuves sont soit écrites, soit orales, soit pratiques. Mais l’oral n’existe que pour les langues.

L’admissibilité est conditionnée par l’obtention d’une moyenne des épreuves spécifiques supérieure ou égale à 9/20.

L’admission finale est obtenue lorsque le nombre total des points du candidat divisé par le total des coefficients affectés aux matières spécifiques et complémentaires est supérieur ou égal à 10/20.

Les points des épreuves facultatives (0 à 20) au-dessus de dix (10) ne sont comptabilisés que lors de l’attribution de la mention finale pour tout candidat déjà admis. Chaque candidat ne peut subir au maximum que deux épreuves facultatives choisies lors de son inscription.

Le BAC burkinabè actuel est à un tour unique pour un classement équitable de tous les bacheliers d’une même série.

NB : Il est prévu une session de remplacement pour les candidats n’ayant pas pris part ou ayant pris part à une partie des épreuves de l’examen pour cause de maladie.

Pour en bénéficier, il est nécessaire de présenter un dossier approprié comportant entre autres pièces, un certificat médical dûment établi, et obtenir une moyenne supérieure ou égale à 9/20 aux épreuves déjà subies.

Source : Ministère des Enseignements secondaire,
supérieur et de la Recherche scientifique

Sidwaya