Il l’a fait alors qu’il était en escale pour le Maroc. Avec un tel nom sur son passeport, aucun service secret occidental n’aurait laissé passer un tel gros poisson, d’autant que qui tient le fils est assuré de tenir le père.

Et dans le cas d’espèce, un agrément de la requête de Omar Ben Laden peut offrir l’occasion de se remettre sur les traces du père. Et ce ne sont pas les arguments fallacieux et les preuves fabriquées qui feraient défaut. D’autant que Omar a bel et bien participé au combat de son père Oussama. Selon notre confrère "El Pais", il aurait vécu dans le maquis avec son père et même subi des entraînements en Afghanistan. Il représente à ce titre une mine d’informations sur son père qu’aucun service secret n’a pu encore neutraliser. Cela dit, cette demande d’asile soulève bien des questions. Pourquoi le fils de Ben Laden, qui vivait sa vie en Égypte, demande-t-il subitement l’asile politique en Espagne ? Se sent-il en insécurité ? C’est une hypothèse qui n’est pas à écarter.

Omar Ben Laden peut en effet se faire des ennemis simplement parce qu’il porte un nom qui dérange à la fois qu’il fascine. C’est selon. En tous les cas, cette demande d’asile qui sonne comme une reddition pourrait annoncer un tournant dans la traque contre le plus recherché des "terroristes", si l’on s’inscrit bien sûr dans l’hypothèse que Ossama Ben Laden est toujours en vie. Dans tous les cas, on retiendra que la demande d’asile de Ben Laden fils intervient à un moment où un vent de changement secoue l’Amérique, qui aura finalement vu arriver à la Maison blanche Barack Obama, moins va-t-en-guerre que son prédécesseur George W. Bush. Omar a-t-il joué sur le temps ? L’histoire retiendra par ailleurs que pendant qu’un fils d’immigré africain rehaussait le nom de ses géniteurs, un autre originaire du riche royaume d’Arabie Saoudite, succombait au lourd héritage de son père.

Omar a probablement des raisons de solliciter l’aide de l’Espagne. Mais si, à compter de son entrée en Espagne, il se met à découvert, il faudra bien que quelqu’un assure sa sécurité. Car, rien ne dit qu’il ne s’expose en terre espagnole, aux représailles des réseaux dormants de Al Quaïda si tant est qu’il détienne des informations sensibles et que les services de renseignements espagnols veuillent donner tout l’or du monde pour l’avoir sous leur contrôle. Pendant que son père se terre, le fils lui se cherche apparemment. A 28 ans, Omar Ben Laden a encore tout le temps devant lui pour faire amende honorable si tant qu’il se sente coupable et veuille se faire absoudre. Mais à quelles fins ? En tout état de cause, l’adage dit qu’on ne choisit pas ses parents et qu’on ne porte pas forcément leurs fautes.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays