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Association Bibir à Ouahigouya : Six travailleurs licenciés

Publié le mardi 4 novembre 2008 à 02h15min

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Après s’être réinstallé dans son fauteuil quelque temps après son expulsion par le tribunal de grande instance de Ouahigouya suite à une plainte d’un représentant de l’Association BIBIR, l’accusant d’usurpation sous le couvert d’une association dénommée Savoir agir (ASA), le trésorier de ladite structure, Victor Ruibal, a entrepris une chasse aux sorcières au sein de son service. Il s’est séparé de six (06) de ses travailleurs au cours du mois de septembre 2008.

« J’ai constaté que vous avez communiqué des pièces comptables à des personnes externes à notre association et sans mon autorisation. Ces pièces ont été utilisées par monsieur Roberto Aragon pour intenter un procès contre notre association courant juillet 2008 et remises à un avocat à l’audience.

Par ailleurs, vous n’avez pas hésité courant la même période à témoigner contre le trésorier de notre association à la gendarmerie de Ouahigouya suite à une plainte de M. Roberto Aragon.

Cette attitude, compte tenu des fonctions que vous exercez, constitue une faute lourde qui rend impossible la poursuite des relations de travail. Elle me fait perdre en outre toute confiance en vous. C’est pourquoi je viens par la présente, vous notifier votre licenciement pour compter de ce jour 22 septembre 2008 sans préavis, ni indemnités » ; c’est le contenu de la lettre de licenciement signée par Victor Ruibal à titre de trésorier de l’Association ASA et adressée à Moussa Yaméogo, précédemment comptable à ladite structure.

Ont été remerciés le même jour, Alhassène Simia, le comptable adjoint, pour « avoir collaboré avec M. Roberto Aragon dans ses démarches pour déposer des plaintes courant juillet 2008 contre notre association ».

Ce sont les mêmes mots qui ont été signifiés à Mamadou Saloum Tamboura, agent à la production agricole, et à Salifou Ouédraogo (chauffeur). Deux semaines avant, deux autres travailleurs, Hamidou Maïga (chauffeur) et Solange Somé (animatrice au Cren) avaient été licenciés pour abandon de poste.

Ces derniers disent ne pas comprendre le triste sort qui leur a été réservé. Le temps d’absence qu’on leur reproche a coïncidé avec la fermeture des locaux, suite au verdict du tribunal de grande instance de Ouahigouya et la mise sous scellés des locaux et des véhicules.

« En s’envolant en Espagne après son expulsion et la mise sous scellés des documents et des véhicules, le patron Victor Ruibal ne nous a pas donné des directives. On m’a intimé l’ordre de garer le véhicule. N’ayant plus mon outil de travail, ni de mission à exécuter, j’ai décidé de rester chez moi en attendant l’évolution de la situation. Je suis reparti au service quand j’ai entendu que le patron est revenu. Arrivé, on m’a accueilli avec une lettre de licenciement », explique Hamidou Maïga, le chauffeur.

En rappel, le tribunal de grande instance de Ouahigouya avait, le 14 juillet 2008, suite à une requête de Roberto Aragon, mandaté par l’Association BIBIR Espagne, décidé de l’expulsion de Victor Ruibal qui agissait sous le couvert de l’Association (ASA) dans les locaux de BIBIR. Après la sentence, les forces de sécurité ont été mettre sous scellés les locaux de la direction de BIBIR, tout en interdisant l’usage des moyens de déplacement.

Situation rocambolesque, au moment où Roberto Rodriguez venait de déposer une deuxième plainte contre ASA pour détournement de fonds, il est rappelé en Espagne. Au moment où il entretenait les démarches à Ouahigouya, l’association BIBIR Espagne a été mise sous administration judiciaire tout comme leur partenaire financier, la fondation Intervida. Ce qui suppose que les responsables de BIBIR sont suspendus de leurs fonctions.

Les administrateurs judiciaires ont vite informé le tribunal de Ouahigouya de cette nouvelle donne, empêchant Roberto Aragon de poursuivre ses actions au nom de l’Association BIBIR. Ce dernier et celui qu’il venait de faire expulser ont tous rejoint dare-dare l’Espagne. Etant dans les bonnes grâces des administrateurs judiciaires, Victor Ruibal a été autorisé à venir reprendre le contrôle des activités à Ouahigouya sous le couvert de l’Association ASA.

Venu à Ouahigouya en début du mois de septembre, les deux patrons de la Fondation Intervida en Espagne, Juan Manuel Costa, le directeur général, et Josep Maria Miro, le directeur des projets, avec à leurs côtés leur protégé, Victor Ruibal, ont, au cours d’une conférence de presse, annoncé la reprise des activités après les démêlés judiciaires et un financement de trois millions d’euros jusqu’en 2011.

« Des travailleurs seront licenciés pour avoir tenté de mettre en danger les projets en exécution dans les 44 villages du Yatenga », avaient-ils averti. La mise en application de cet avertissement n’a pas tardé. En témoignent les quatre licenciements à la date du 22 septembre 2008, cités plus haut.

Parmi les renvoyés, deux ont décidé de ne pas se laisser faire. Partis à la direction régionale du travail du Nord, la conciliation initiée à ce niveau avec les responsables de l’Association ASA a été un échec. Les deux plaignants ont décidé de formuler une requête auprès du Tribunal de travail de Koudougou.

Au cours de la même conférence de presse du vendredi 12 septembre 2008, Juan Manuel Costa, le directeur général de la Fondation Intervida, avait annoncé que le dossier judiciaire de BIBIR à Ouahigouya est classé sans suite. L’avocat de l’Association BIBIR au Burkina, Me Awa Sawadogo, ne l’entend pas de cette oreille.

Pour elle, les deux plaintes qu’elle a déposées, notamment la requête pour l’expulsion et la plainte contre ASA pour détournement de fonds, restent toujours pendantes. Elle dit ne pas être dessaisie du dossier par BIBIR Espagne. Aux dernières nouvelles, une autre plainte a été déposée pour dénoncer une convention signée à l’insu de BIBIR Espagne autorisant l’Association ASA de suivre l’exécution des projets au Burkina.

Ladite convention, signée le 21 juillet 2008, stipule ceci : « Nous, administrateurs judiciaires de l’Association para el dessarollo Bibir, après avoir pris connaissance de la convention signée entre le représentant légal de Bibir, M. José Manuel Rodriguez, et le président d’ASA, M. célestin Traoré, le 20 décembre 2006,

- donnons notre accord pour la poursuite des relations avec ASA conformément aux termes de la convention ;
- renonçons à l’exécution de l’ordonnance rendue le 14 juillet 2008 par le président du Tribunal de grande instance de Ouahigouya ;
- autorisons en conséquence ASA à se maintenir dans les locaux de Bibir et à utiliser les véhicules en vue de l’exécution des projets ».

Les responsables de BIBIR, tout en refusant de reconnaître cette convention, récusent tout pouvoir à leur ancien représentant, José Manuel Rodriguez, à le signer à leur place. Par ailleurs, le conseil de l’Association BIBIR, Awa Sawadogo, est remonté contre l’administration qu’elle accuse d’avoir fait preuve de laxisme en signant un récépissé où une expatriée est présidente d’une association locale. Selon elle, les textes régissant la création des associations n’autorisent pas qu’une personne qui n’est pas de nationalité burkinabé soit présidente.

Pour le cas de l’Association ASA, la femme de Victor Ruibal, une Espagnole, occupe le poste de président, tandis que Victor lui-même est trésorier. Pire, le récépissé de l’Association aurait été signé avant que les deux expatriés ne foulent le sol du pays des hommes intègres. Du côté du tribunal de grande instance de Ouahigouya, on est choqué d’une information publiée dans un blog sur Internet

(www.blogresponsable.com.2008/09/la-intervida-ocupada-no-deja-bibir-en.html), accusant l’ancien président du tribunal de Ouahigouya, actuellement en poste à Bobo- Dioulasso, d’avoir rendu le verdict en faveur de Aragon Rodriguez contre une voiture Mercedes. On n’exclut pas de déposer une plainte pour diffamation contre l’auteur.

Qu’est-ce qui explique toute cette agitation des responsables de BIBIR, de la Fondation Intervida en passant par l’Association ASA au Burkina ? C’est à croire que derrière certaines structures créées en Europe pour venir en aide aux pays pauvres se cachent des desseins inavoués. L’arche de Zoé au Tchad tout dernièrement est un exemple illustratif. En tout cas sur Internet des démêlés judiciaires de la Fondation Intervida au Pérou (Amérique latine) fait actuellement les choux gras de la presse espagnole.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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