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Adams Hié : Esclave du balafon

Publié le dimanche 28 décembre 2008 à 09h43min

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Parti à la recherche de meilleures conditions de vie et de travail, Adams Hié, est devenu le tambour de sa tradition musicale en France. Il intègre le balafon dans la région du sud ouest français. Portrait d’un aventurier récupéré par sa culture.

De Dakar à Marseille… par bateau. L’homme veut rester discret sur ses aventures. Adams Hié, 61 ans, est arrivé en France sans visa. Parti à 23 ans, il rompt avec « Bon sacoche », une usine ivoirienne de fabrication de sacs à main, où il travaillait comme technicien de machine à coudre. Ainsi s’évadait-il du balafon de Douna, près de Sindou, dans son Burkina natal. Il quitte son village dès l’âge de 10 ans, après la classe de CM1... Il va faire de l’apprentissage mécanique en Côte d’Ivoire.

Nous sommes un jour d’octobre 1969. Sur la mer atlantique, le Nassairville, un bateau reliant Dakar à Nice, est en marche vers la France. A son bord plusieurs africains dont un jeune homme allaient à l’aventure. Pour la plupart sans visa d’entrée en sol français. Pour Adams c’est : « l’aventure continue ».

Balafoniste dans les veines. Il a appris le métier à côté de ses grands frères à Douna. Il avait 6 ans : « Nous étions deux, avec mon cousin, à apprendre aux côtés des grands frères, se souvient-il. Mon cousin s’est converti plus tard à l’Islam, donc a arrêté de jouer ». Mais lui-même ne coupe avec le balafon que pour se rendre en Côte d’Ivoire…

Avec sa fille...Aujourd’hui, Adams peut se vanter d’avoir intégré cet instrument de musique dans la connaissance des Français du sud-ouest. Car pendant plusieurs nuits : « Je n’arrivais pas à dormir, j’avais des rêves bizarres, raconte t-il avec un sourire narquois. Quand je suis rentré au village, les vieux m’ont expliqué que l’esprit du balafon en était responsable - Il te faut un balafon et nous t’en enverront un, conçu selon les critères- ». Il le reçoit un jour de l’année 1984. Tout le voisinage en paie les frais. L’hystérique en joue pendant plusieurs nuits, après un travail harassant dans une usine de couture de vêtements.

En plus des Burkinabè, les Français, qui se sont formés à son domicile de bureau au 227 cours de la somme à Bordeaux sont nombreux. Certains en tirent désormais l’essentiel de leurs revenus. Mais Adams, lui-même, à un pas de la retraite ne mène plus que cette activité. A travers villes et campagnes françaises, souvent au compte d’associations l’invitant. Sortez vos calculatrices : son cachet est compris entre 500 et 1000 euros.

De « Singer » en criminologue

Père de sept enfants, tous, initiés au balafon ou au djembé. Adams est le responsable du groupe familial Benkadi, cartonnant fort bien en France. Au bonheur de la culture burkinabè. Cet émigré économique, à l’époque, avait un diplôme de mécanicien de machine à coudre, obtenu en suivant des cours du soir dans une école de « SINGER » à Abidjan : il avait 16 ans... Aujourd’hui il a une licence en droit avec une spécialisation en criminologie.

Adams travaillait, auparavant et pendant six ans, pour René Matter, un Français en Côte d’Ivoire. Marqué par cet adolescent qui avait fait ses preuves dans son entreprise, l’industriel n’a pas manqué de le contacter, une fois rentré au pays.
L’adolescent partage le projet avec son père, qui ne trouve aucun inconvénient à une émigration de son fils. Alors commence le rassemblement des papiers… Tout y est, sauf un visa d’entrée en sol français. Parce qu’Adams n’avait pas contrat de travail pour la France. Blocage… Même s’il avait versé la caution de cinquante mille francs CFA à l’ambassade du Burkina pour l’obtention d’un passeport. Sans visa. Mais cela ne change que son itinéraire. Il partira par bateau de Dakar à destination de Nice.

Adams embarque, après un tas de péripéties pour rejoindre Dakar. Le périple du voyage lui apprend des choses. « Au cour de la traversée de l’atlantique, nous avons dû attendre l’écoulement complet d’un autre bateau pour pouvoir embarquer le capitaine, nous raconte-t-il. C’est là que j’ai compris effectivement qu’un capitaine de bateau était toujours le dernier à quitter lors d’un chavirement », conclut-il. Du coup le navire change de destination. Il s’oriente vers Marseille. René l’apprend par voie de presse et va accueillir Adams là-bas. « A ma sortie du bateau, les policiers m’ont interpellé. Ils devaient me renvoyer, parce que je n’avais pas de visa. Au même moment, René intervient en justifiant qu’il était mon hôte. Il signe une décharge ». Quelle chance !

Sami Bruno Sanogo Gniminou
sanogobruno@yahoo.fr

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Vos commentaires

  • Le 28 août 2009 à 08:51, par la patronne des Djan, Dagara, Lobi, etc. En réponse à : Adams Hié : Esclave du balafon

    Bruno n’a fait que faire son travail:Ecrire une partie de la vie d’un de ses patron. un esclave doit toujours aller a la recherche de ses patrons pour les servir. Good Job,doudou !
    une de tes Patronnes de Douna_

    • Le 17 septembre 2010 à 23:32 En réponse à : Adams Hié : Esclave du balafon

      Adams Hie : Esclave du balafon ? Non. Il est esclave des lobi- Gaoua, il ne peut pas etre esclave du balafon qui est aussi la propriete des Lobi.

      Bonoureh Gbolimote

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