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MONUC : Lorsqu’un général abandonne ses troupes

Publié le mercredi 29 octobre 2008 à 00h23min

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Le général Laurent Nkunda

Après le Soudan, l’Algérie, la République démocratique du Congo est le troisième Etat le plus vaste d’Afrique. Avec ses quelque 65 millions d’habitants, il y tient également une place de choix. Et si on ajoute ses énormes potentialités naturelles, il était légitime de penser que cet Etat pourrait jouer, aux côtés de l’Afrique du Sud et du Nigeria, le rôle de locomotive du continent.

Mieux, après la démocratisation, qui y prenait doucement forme, les espoirs semblaient permis.

Mais plus que jamais, ce pays va de mal en pis, en dépit des efforts consentis par ce peuple et la communauté internationale, impatiente de le voir se remettre à marcher.

A peine l’octogénaire Premier ministre, Antoine Gisenga, parti pour profiter d’un repos bien mérité après une vie faite de combats et le nouveau gouvernement de 33 membres d’Adolphe Muzito installé, que l’on parle d’intensification des combats à l’est du pays, où les rebelles de Laurent Nkunda se sont emparés de Rumangabo, une des plus importantes bases militaires, située à une cinquantaine de kilomètres de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.

Ces dernières 72 heures ont été marquées par des affrontements en plusieurs endroits entre l’armée régulière et les hommes du général rebelle congolais, sur fond de communiqués triomphalistes contradictoires.

Et si comme cela ne suffisait pas, lundi dernier, le commandant en chef des casques bleus au Congo, le général espagnol Vicente Diaz de Villegas battait en retraite, en rendant sa démission pour raison personnelle. Trois mois donc seulement après sa prise de fonction.

Une très curieuse coïncidence, qui suscite bien d’interrogations. Avec plus de 10 000 hommes sur le terrain, l’Organisation des Nations unies a plus que jamais le dos au mur au Congo, et sa crédibilité est soumise à rude épreuve.

En effet, eu égard à la détérioration sans cesse continue de la situation sur le terrain, avec l’aggravation de la situation humanitaire avec plus d’un million d’habitants en errance, le moins que l’on puisse dire, c’est que la mission des Nations unies au Congo peine à honorer ses engagements.

Certes la sécurité des Congolais est d’abord leur affaire, et il serait mal venu d’imputer l’entière responsabilité de la chienlit dans laquelle végète leur pays à autrui, mais il se trouve que, depuis l’adoption de la résolution 1279 du Conseil de sécurité du 30 novembre 1999, la communauté internationale s’était engagée à peser de tout son poids pour y ramener la paix Mais, une fois de plus, aux Nations unies, les discours grandiloquents ont pris le pas sur le respect scrupuleux des engagements.

Certes, c’est aussi tout à fait déplacé de voir un général abandonner ses troupes en plein combat pour la paix, mais pouvait-il vraiment faire autrement vu que c’est le nerf de la guerre qui manque le plus ? Alors, n’a-t-il pas, à bien y réfléchir, raison, car que peut-on entreprendre sans moyens ?

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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