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Conseils d’administration : La grande lessive de Tertius

Publié le mardi 28 octobre 2008 à 01h40min

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Une petite devinette : lorsqu’un chef de gouvernement met dans sa puissante machine à laver des entreprises relevant de l’Etat, qu’est-ce qui en ressort ? La réponse est toute simple : des structures qui brilleront de mille feux, puisque les impuretés, que sont les présidents et autres membres de conseils d’administration incapables, restent dans l’eau.

C’est à cet exercice que s’est récemment plié notre Tertius national, et compte-rendu de son exploit a été fait pendant le dernier Conseil des ministres, qui s’est tenu le jeudi 23 octobre 2008.

Un Conseil qui se tient le jeudi ; ça n’arrive pas tous les mois, et pour ceux qui ont été décagnotés, il s’agit assurément d’un jeudi noir. Mais que voulez-vous ? Jusque-là, l’enfant terrible de Doudou (son village natal, dans la province du Bulkiemdé) dit ce qu’il fait et fait toujours ce qu’il dit.

En attestent le contrôle sur le mouvement des véhicules de l’Etat, le contrôle de la gestion du carburant alloué aux institutions de la République, ou encore l’audition des plus hauts responsables de COTECNA, par suite de plaintes de consommateurs et de commerçants en pleine période de vie chère.

Il nous souvient également la colère homérique de notre Premier ministre lorsqu’il avait, pendant sa tournée agricole, constaté le lamentable état dans lequel se trouvait la plaine aménagée du Sourou. Si fait que, sur place, il a intimé l’ordre à tout le personnel de la direction (dont une bonne partie vit dans la capitale) de s’installer illico presto sur les lieux.

Les présidents et membres des conseils d’administration des sociétés ne diront pas qu’ils n’ont pas été prévenus. Le patron de l’exécutif burkinabè avait levé un pan du voile à Ouaga 2000, pendant la 9e Assemblée générale des Etablissements publics de l’Etat (EPE), qui s’est tenue du 24 au 25 juillet 2008.

Au cours de ladite rencontre, le célèbre locataire de la rue Agostino-Neto s’était écrié en disant : « Mais que font les PCA ? De toute façon, l’année dernière, on a pris des recommandations y relatives, les intéressés viendront s’expliquer, et ceux qui n’y arriveront pas seront sanctionnés ».

Par cette interpellation, qui a eu lieu dans une ambiance au cours de laquelle les participants ont entendu les mouches voler, la chasse aux responsables de conseils d’administration fantômes a été lancée.

Et, comme pour se faire les jambes avant la grande battue, qui vient d’avoir lieu, au terme de ces 48 heures de bilans de santé de ces EPE, il y a eu des félicitations, des rappels à mieux faire et surtout des sanctions.

Sur les 59 établissements concernés, six ont, par contre, vu leurs PCA (Président du Conseil d’administration) suspendus pour six ans des fonctions d’administrateurs de Conseil d’administration : il s’agissait de ceux de l’ENAM, de l’IGB, du CHU Sanou-Sourou, du CHR de Dédougou et du CNRST.

Ils ont été coupables, selon l’Assemblée, d’absentéisme dans les structures dont ils avaient la charge.

Cette fois-ci, le Premier ministre a sorti la grande lessiveuse, qui, avec ses fortes doses de détergents, a lavé plus blanc qu’OMO. Des conseils d’administration d’une dizaine de structures ont connu un renouvellement de leurs membres et/ou de leur président.

Même si ces changements sont souvent statutaires et que, par ailleurs, il existe tout de même des Conseils d’administration dynamiques, qui ont été félicités pendant la dernière grande retrouvaille, il n’en demeure pas moins que le récent grand chamboulement traduit un certain malaise :

l’incompétence, pour ne pas dire l’apathie, de ceux qui composent souvent ce genre d’instance, chargée de diriger l’institution. Comment peut-on promouvoir le développement d’une structure quand on est toujours inscrit aux abonnés absents ?

Disposant de toutes les commodités pour travailler – ils ont un bureau sur place et des émoluments – la plupart de ces représentants ne respectent même pas cette consigne qui stipule que le PCA doit effectuer deux séjours statutaires par an dans l’entreprise dont il est l’administrateur. Ils sont donc à l’image de certains de nos parlementaires, à propos desquels de méchantes langues ont dit qu’ils sont toujours prêts à esquiver mais prompts à émarger.

Issa K. Barry

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