Lorsque le ministre français à la Coopération, Alain Joyandet, avec son cuissard, son maillot de grand coureur soutenu par des binocles noirs pour contrer le vent a enfourché la pédale à Kokologo le 24 octobre dernier, son allure sur le vélo tout au long des 20 km qu’il a bouclés, laissait présager une belle bagarre entre les 88 coureurs de ce 22e Tour. Ses collègues Minata Samaté et Jean Pierre Palm ont dû se défaire de leur vélo très rapidement. C’est à l’issue de cette belle entame exprimée par les autorités, que la chaleur de ce vendredi 24 octobre a accompagné les braves cyclistes venus de la Belgique, de la France, du Maroc , de la Libye, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, des Pays-Bas, du Mali , de la Sierra Leone et du Burkina. Sur la première étape, la place n’était pas à la plaisanterie. La Belgique attaque, les Marocains se serrent les dents pour annihiler toute ambition qui pourrait compromettre le maillot jaune.

Le Cameroun est jaloux de sa réputation et désigne Sadrak pour "traquer" les fuyards. Les Français de Team Reine Blanche visent le trône de roi de cette première étape. Le Burkina se débat loin derrière, avec entre-temps une bonne intention, mais la naïveté finira par le gagner. C’est alors que Guy Smet, perché, jette un coup furtif derrière lui en travers de son aisselle gauche. Ayant constaté qu’il peut s’enfuir sans trop grand risque, il n’hésita point et le voilà en solitaire sur la ligne d’arrivée à Boromo. Le Belge venait d’avaler les 136 km en 4h 07mn 49s, soit la vitesse horaire moyenne de 42, 648 km/h. Il venait de réaliser un grand coup sur cette première étape. C’est seulement après plus de 3mn que les deux plus audacieux coureurs, le Camerounais Sadrak Téguimaha et le Français de Team Reine Blanche, Bastien Leraud, pointent leur nez. Le premier Burkinabè et le plus vieux des Etalons, Saidou Rouamba brûlent la politesse à ses cadets pour occuper la 23e place.

Le Belge Guy Smet endosse à lui seul les 4 maillots convoités sur ce premier essai (maillots du vainqueur de l’étape, jaune, vert et des sprints intermédiaires). Il était devenu , malgré lui, le coureur à "abattre" , sportivement parlant. C’est alors que sur la 2e étape , Boromo-Diébougou, il a été acculé. Il adopte donc une course tactique pour conserver sa précieuse tunique jaune, mais la victoire à Diébougou est française. Sur ce coup, Vincent Graczyk de Team Reine Blanche a présenté "patte blanche" pour franchir cette ligne blanche sous les ovations. Là , le premier Burkinabè , Tidiane Ouédraogo , se classera 9e. Sur ces 133 km, le Français a roulé à 40,323 km/h. Victoire française , mais le fauteuil de leader reste belge.

C’est cette même Belgique coachée par le bien connu Hermann Beyssens, qui s’imposera à nouveau au critérium de Bobo le dimanche 26 octobre. En effet, le "vieux routier du Tour du Faso", Lionnel Syne signe sa première victoire sur ce Tour 2008, et ce devant 81 concurrents. Ce critérium de 121 km a été couvert en 2h 59mn 25 s, soit une vitesse horaire moyenne de 40,464 km/h. Une course relevée qui s’annonce palpitante, car Camerounais, Marocains et Hollandais n’ont pas encore dit leur dernier mot. C’est pour cela que tous les regards seront tournés ce matin vers Banfora où le verdict de la 4e étape sera proclamé. En attendant, la "Reine" de ce Tour, c’est la Belgique, tout auréolée de jaune.

Par Alexandre Le Grand ROUAMBA (Sur la route du Tour)

Le Pays