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GUEGUERRE CDP/ FEDAP-BC : QU’EN SORTIRA-T-IL ?

Publié le jeudi 23 octobre 2008 à 01h02min

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Malgré cette débauche d’imagination pour convaincre que ceux qui affirmaient qu’entre CDP et FEDAP/BC, c’était chien et chat, avaient tort, voilà que de multiples signes nous renforcent au contraire dans la conviction que c’est une opposition sans retour qui oppose les deux structures. Il ne s’agirait même plus, comme quelques-uns, dubitatifs, l’avançaient, d’un calcul tendant à donner le faux sentiment d’une rupture d’harmonie aux fins de capter des énergies négatives pour les utiliser à bon escient. C’est pas du chiquet, c’est sérieux.
Si tel est le cas, que pourrait-on en attendre : le pire ou le meilleur ?

Il peut en sortir le pire, tout simplement parce que, comme on l’entend dire, ceux qui animent actuellement le CDP pourraient décider de ne pas s’en laisser conter. Leurs responsables peuvent, dans l’optique de ne pas voir finir en
quenouille leurs carrières politiques, faire front et causer les pires tourments à leurs « faux frères ». On en a vu des illustrations ailleurs, et ça a abouti à de terribles cassures et même à faire chuter le pouvoir.

Généralement, de telles oppositions, logées au sein d’un pouvoir dirigeant, comportent des armes souvent plus fatales que celles en possession des oppositions œuvrant dans le cadre légal. Comme on dit, ils se « savent » sur tous les plans, et lorsqu’on se « sait » dans un même camp rongé par le désamour, ça peut conduire loin.

Il en est qui en sont si convaincus qu’ils croisent les doigts pour que rien ne vienne calmer ces tensions qui portent l’espoir d’une alternance.

Mais le clash fratricide souhaité pourrait, comme relevé, ne pas passer comme une lettre à la poste. Les barons du régime, à supposer qu’ils soient sur des sièges éjectables, comme beaucoup le disent, ont des racines très profondes dans le pouvoir, des relations à tous les niveaux de l’appareil de l’Etat, des affidés civils comme militaires, des emprises dans les médias, le monde diplomatique sans compter le nerf de la guerre : l’argent, dont (selon de fortes rumeurs) ils disposeraient à vous en donner le tournis. Alors, une telle colère mutualisée, ça pourrait pisser dru et causer des dégâts irréversibles au pays. Or, sur ce plan, les nuages s’amoncellent.

Pour preuve : ces flèches décochées au cours de la dernière réunion de la FEDAP/BC à quelques ténors en délicatesse avec le grand Sachem. Réunion au cours de laquelle des intervenants n’ont pas hésité à affirmer qu’ils préfèrent avoir affaire à l’opposition institutionnelle, dont ils font au demeurant un meilleur profit des critiques, qu’à l’opposition au sein du CDP qui veut « grave », leur mal ! Pour preuve encore, ces publications dans les journaux de la place, venant comme la réponse du berger à la bergère, dont les auteurs, avec certainement des bénédictions bien placées, ne se gênent pas pour égratigner la FEDAP/BC, critiquer le fait qu’elle fasse dans le mélange de genres en incorporant dans ses structures, des militants et responsables du CDP et qu’ au lieu de passer par l’entremise des structures étatiques comme la CONASUR pour jouer le bon samaritain, elle y procède directement, avec tous les inconvénients qui s’y attachent.

Cette guerre, à quasi visage découvert, veut dire que la situation est sérieuse mais aussi que de part et d’autre, on est prêt à tout. Or, jusqu’à présent, on ne s’est jamais opposé aussi frontalement à Blaise Compaoré dans son propre camp sans conséquences. Dernier témoignage en date : Salif Diallo !

Mais d’un autre côté, pourquoi voir aussi le diable partout ? On a vu des conflits de cette nature qui ont émergé au sein de régimes et qui se sont d’une façon ou d’une autre, soldés par un règlement sans trop de casses. Des présidents acculés qui se font gicler par des coups d’Etat de velours, il en existe de plusieurs coloris. En Europe de l’Est, on en a bien des exemples. Des anciens camarades de route qui, dans un parti aux affaires, en arrivent à la séparation par consentement mutuel, il y en a aussi, ce qui se joue actuellement en Afrique du Sud pourrait s’apparenter à ce cas de figure. Au sein de l’ANC, l’amour n’est plus parfait entre M’Beki et Zuma ; alors ce premier, sous la pression, démissionne de la présidence sans attendre le terme de son mandat. Nous pourrions être crédités, qui sait, d’une solution de même nature, entend-on susurrer.

Mais sans aller jusque-là (et il ne faut surtout pas trop rêver !), la crise pourrait aussi encourager des réformes qui prennent en compte, non pas les seules mésintelligences qui opposent le CDP et la FEDAP/BC mais les demandes qui intègrent les grandes attentes populaires en matière politique, économique, sociale… Si cette orientation était prise, elle pourrait donner des résultats qui permettent non seulement qu’il y ait moins de tourments dans la famille mais que tout le pays s’en ressorte sans trop de blessures.

Le pire ou le meilleur, pour y voir plus clair, attendons de voir comment évolueront les arguments et les stratégies des uns et des autres.

La Rédaction

San Finna

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