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Henri Philippe Tabley-Dacoury (gouverneur BCEAO) : "La zone UEMOA est épargnée"

Publié le jeudi 23 octobre 2008 à 01h01min

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Henri Philippe Tabley-Dacoury

Venu à Ouagadougou pour rendre compte à Blaise Compaoré des travaux des ministres des Finances de la zone UEMOA, tenus à Bamako le 25 septembre 2008, le gouverneur de la BCEAO, Henri Philippe Tabley-Dacoury, a rencontré après cette audience la presse. Un seul sujet en débat : la crise financière internationale et ses impacts sur notre zone.

"Je suis venu rendre compte au président du Faso, qui est le président en exercice de la zone UEMOA... pour lui dire que l’ancien ministre des Finances Jean-Baptiste Compaoré a été nommé vice-gouverneur de la BCEAO, le 25 septembre dernier en remplacement de Justin Damo Barro, pour lui dire donc que ses indications ont été suivies ; ...

Mais la question la plus importante a porté sur la crise financière, ses origines et effets sur le monde et la zone UEMOA et les dispositions prises...", propos de Henry Philippe Tabley-Dacoury à sa sortie d’audience hier au palais de Kosyam.

Sitôt après, à quelque 2 km de ce palais, notamment à l’hôtel Sofitel Ouaga 2000, le patron de la "banque des banques" de la sous-région a rencontré la presse pour expliquer la crise financière et son impact sur l’espace UEMOA.

Après avoir fait la genèse de cette crise, qui tire sa source des crédits hypothécaires à risques concédés aux ménages à faibles revenus aux USA, il a soutenu qu’à l’époque, ces prêts immobiliers devraient rapporter, car les taux d’intérêts, vu le risque, étaient élevés.

Ces prêts ont été transformés en titres, lesquels ont été répandus dans le monde entier. Et survinrent les subprimes, car les prêts supposés rentables ne le sont plus, amenant certaines institutions bancaires au bord de la banqueroute. Et une méfiance réciproque des banques.

Quid des conséquences de la crise sur la zone UEMOA ? Ecoutons la réponse du gouverneur : "Nous avons mis en place depuis la réunion des ministres de l’Economie et du Plan et l’AG des gouverneurs de la Banque mondiale et du FMI un comité de veille, qui va regarder les canaux pour éviter pareille situation dans la zone...". "Une analyse préliminaire", selon lui, fait apparaître deux sortes d’effets liés à cette crise :

- les effets directs : la zone UEMOA en est à l’abri, foi de P.H. Tabley-Dacoury, car les "banques de l’UEMOA ne sont pas engagées sur ces produits... et les avoirs de nos banques à l’extérieur ne sont pas tirés importants, du fait de la réglementation" ;

- les effets indirects : ils sont relatifs à ce que le gouverneur appelle "le second tour", c’est-à-dire, une mutation de la crise financière en crise économique, celle du "secteur réel". Une récession générale sera observée, dont l’Afrique ne sera pas épargnée. Par exemple dans un secteur comme l’agriculture. Mais, grosso modo, l’UEMOA est exempte de ces turbulences financières, en raison de la solidité de ses avoirs, et des règles régissant le milieu bancaire.

Aux USA, le plan Henry Paulson (ministre des Finances) prévoit que le gouvernement fédéral rachète pour 700 milliards de dollars les créances bancaires douteuses, mais aussi une sorte de nationalisation de banques et d’institutions qui ne dit pas son nom. La BCEAO va-t-elle donner aussi des consignes aux banques primaires pour réduire les crédits par exemple ?

En réponse, le gouverneur de la BCEAO, réfutera d’abord le vocable de nationalisation, car, pour lui, "si l’Etat intervient en l’espèce, et entre dans le capital d’une institution, c’est pour éviter sa faillite". L’Etat joue en fait son rôle régalien, "mais dès que la situation va s’améliorer, il se retirera... il ne s’agit donc pas de nationalisation".

Selon lui, "notre zone n’a pas de problème de liquidité, et il n’y a pas de raison que la BCEAO dise aux banques de ne pas prêter". Cependant il faut que ces prêts soient adossés à des portefeuilles sains, à des activités rentables, et à des gens solvables, a-t-il ajouté en substance.

Une dévaluation du CFA est-elle envisageable ? "Rien, absolument rien ne permet de supposer une telle possibilité, la crise actuelle n’est pas synonyme de notre baisse de compétitivité", a répliqué le gouverneur Tabley-Dacoury.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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