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SOEUR EMMANUELLE : Une vie au-delà de la foi

Publié le mercredi 22 octobre 2008 à 01h03min

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Elle s’en est allée, la petite soeur des pauvres, endormie dans la paix de son Seigneur. Une mort sans bruit, à l’image de ce qu’aura été sa vie : toute faite d’oubli de soi et de silencieuse discrétion. Après Mère Térésa de Calcutta et l’abbé Pierre, elle quitte cette terre qu’elle aura tant aimée et qu’elle aura servie avec le plus grand dévouement qu’elle était en mesure de donner. Des humains de cette trempe sont toujours sources d’espérance pour un monde désemparé qui ne sait plus souvent à quel saint se vouer.

Car au-delà des clivages de nationalités, d’appartenance politique et religieuse, ils auront oeuvré pour un idéal divin qui embrasse l’ensemble de la communauté humaine. L’hommage unanime qui est aujourd’hui rendu à la "chiffonnière" du Caire ne traduit pas autre chose. Toute la vie de Soeur Emmanuelle aura été faite de renoncements. Le premier ayant été son refus d’une vie confortable au couvent, dans la congrégation des religieuses de Notre Dame de Sion. Après avoir exercé comme enseignante en Turquie, puis en Tunisie, elle est envoyée en Egypte où elle tombe amoureuse de ce pays. Elle décide alors, à 62 ans, en 1971, d’aller vivre chez les plus pauvres, dans un bidonville de la banlieue du Caire.

Débutait alors pour elle, une immense aventure humaine qui devait la rendre célèbre à travers le monde entier. Sa passion pour l’homme dépassant le cadre d’un pays, elle fonde l’association Asmae qui portera son action au Soudan, en Haïti, au Burkina et au Brésil. Lorsque sa supérieure générale la rappelle en 1993, soeur Emmanuelle a 85 ans et nourrit le secret espoir de terminer son existence terrestre auprès des chiffonniers pour qui elle a consacré la majeure partie de sa vie. Par obéissance, elle rentre en France, mais continue de donner de la voix. Elle continue de défendre l’aide aux pays pauvres, aux sans- abris et aux jeunes générations démunies. C’est cette "grande âme" qui s’en est allée, après avoir, une vie entière, enseigné l’amour du prochain à tous, sans jamais faire la morale à personne. Soeur Emmanuelle s’était fait la conviction que la vie est passionnante.

Elle était aidée en cela par une foi indéfectible qui aura sans doute été la source de l’impulsion qui, sans cesse, la poussait à toujours se mettre en route, à la recherche de l’être humain . A la suite de Mère Térésa et de l’abbé Pierre, elle aura tenu le flambeau d’un humanisme nouveau qui transcende les contingences de races, de cultures, de religions, pour atteindre le coeur humain. Ils auront ensemble inventé pour l’Eglise une nouvelle forme d’apostolat . Et Soeur Emmanuelle aura semé partout où elle est passée, la graine d’une nouvelle vocation qu’elle lègue à l’humanité entière : le refus de l’angoisse et de la déception ainsi que l’amour vrai qui soulage et redonne espoir.

Jean-Claude KONGO

Le Pays

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