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MAURITANIE–UE : Le face-à-face de la dernière chance

Publié le mardi 21 octobre 2008 à 03h26min

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La junte mauritanienne joue son va-tout. C’est le moins que l’on puisse dire des consultations ouvertes le 20 octobre à Paris en France entre l’Union européenne et une délégation des militaires qui ont pris le pouvoir le 6 août dernier à Nouakchott. Contrairement à d’autres putschistes, ceux de Mauritanie ont la chance de pouvoir justifier leur coup de force. Après Addis Abeba le 8 octobre dernier, c’est aujourd’hui autour de l’Union européenne d’entendre une délégation sur les raisons du coup d’arrêt brutal donné au processus démocratique.

La junte voudrait une reconnaissance qu’elle n’en demanderait pas mieux. Quoi que l’on puisse dire, la possibilité donnée aux militaires de s’expliquer au cours de ce que certains ont qualifié de grand oral, est une reconnaissance – ne serait-ce qu’à minima – de ces putschistes.

Cette disposition à l’écoute n’était pas la chose la plus évidente aux lendemains du putsch qui a été condamné à travers le monde. A son tour, la junte ne manquera pas de saisir l’opportunité qui lui est offerte pour exposer les raisons du coup d’Etat, donner des gages qu’ils ne sont pas des balayeurs de maison qui seront tentés d’y emmenager après le ménage. Par-dessus tout, ce qui ressemble à une perche tendue à la junte doit être saisie par cette dernière pour faire des propositions de sortie de crise avec à la clé une date ferme pour de nouvelles élections devant consacrer un retour à l’ordre constitutionnel normal. Les tergiversations sur ce point n’auront plus lieu d’être. D’ailleurs, le temps est désormais compté à ce niveau au regard du délai d’un mois donné par l’Union européenne lors de la rencontre d’hier pour des propositions en faveur d’un retour à la normale.

La junte, qui a compris les enjeux des consultations en envoyant le Premier ministre civil à la tête de la délégation, ne manquera pas de saisir la balle au bond. Cela commence donc par la fameuse feuille de route sur laquelle la junte indiquera comment elle entend gérer la transition. Combien de temps celle-ci va-t-elle durer ? Qui pourra prendre part à l’élection présidentielle consacrant la normalisation de la situation ? Quel sera le sort du président renversé ? Ce sont là quelques questions cruciales auxquelles la junte doit répondre dans la feuille de route tant attendue si elle ne veut pas essuyer le courroux de l’Union européenne, ce partenaire plus que stratégique de l’autre rive. Une situation que Nouakchott voudrait certainement éviter.

Ils ont, au demeurant, multiplié des signes de détente et de bonne volonté ces derniers temps. Il s’agit de la mise sur pied le 18 octobre dernier du comité d’organisation des journées nationales de concertation sur la démocratie, de l’autorisation donnée à des acteurs de la société civile mauritanienne de rencontrer l’ex- président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi dont la libération inconditionnelle exigée au début du putsch n’est plus, avec le temps, une condition sine qua non. Mais la junte militaire aura fort à faire dans cette tâche de refondation démocratique. Pour avoir perturbé celle opérée par l’homme du coup d’Etat salutaire de septembre 2005, Ely Ould Val, elle doit mieux faire que ce dernier pour que l’on n’assiste pas à d’interminables remises en cause du processus démocratique. Elle n’a pas droit à l’erreur malgré le temps relativement court dont elle dispose.

Par Séni DABO

Le Pays

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