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XIIe Sommet de la Francophonie à Québec : La crise financière a ravi la vedette

Publié le dimanche 19 octobre 2008 à 23h44min

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Photo des chefs d’Etat

Le XIIe Sommet de la Francophonie s’est ouvert à Québec, le 17 octobre 2008. Plus d’une trentaine de chefs d’Etat, dont le président du Faso, Blaise Compaoré, ont réhaussé la cérémonie d’ouverture, de leur présence. Même si les enjeux sur lesquels le sommet a prévu de débattre, à savoir la démocratie et la bonne gouvernance, la promotion de la langue française et l’environnement n’ont pas été oubliés, la crise financière mondiale a pris le dessus sur toutes les préoccupations.

Arrivé à Québec, le 16 octobre 2008 autour de 18 heures 20 (heure locale) et 22 heures 20 (TU), le président du Faso, Blaise Compaoré a pris part, aux côtés de ses pairs (une trentaine), à l’ouverture du XIIe sommet de la Francophonie à Québec, le 17 octobre 2008. En tout, onze (11) discours ont ponctué la cérémonie solennelle d’ouverture de ce XIIe sommet, troisième du genre qui se tient au Canada.

Chacun d’entre eux a appelé dans son discours, à bâtir une Francophonie forte qui se fait respecter et qui défend des objectifs nobles à visage humain dans l’unité et la diversité. Mais comme il fallait s’y attendre, la crise financière mondiale s’est fortement invitée à la rencontre. Pour le président français, Nicolas Sarkozy, si la crise financière mondiale plonge le monde dans l’incertitude, elle offre aussi “l’opportunité” à la Francophonie de proposer un nouveau modèle économique pour la planète. “La Francophonie doit porter la nécessité du changement”, a dit le président de la République française, à l’ouverture du XIIe Sommet de la Francophonie qui réunit dans la capitale québécoise, du 17 au 19 octobre 2008, les chefs d’Etat et de gouvernement des 55 pays membres et des 13 pays observateurs de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Au-delà de tout, M. Sarkozy estime que “La crise financière doit être une opportunité, l’opportunité de bousculer les habitudes”.

Par conséquent, il a plaidé en faveur d’un nouveau capitalisme appuyé sur les entrepreneurs plutôt que sur “les spéculateurs” qui ont amené “le monde au bord du gouffre”. Une organisation qui prend les devants lors des grandes questions qui se posent à l’humanité, c’est de cela que rêvent les pays membres de la Francophonie. En tant que grand ensemble géographique, la Francophonie a le devoir de prendre sa place sur l’échiquier de la politique internationale pour ne pas “laisser un seul pays imposer ses solutions au monde”, a martelé M. Sarkozy dans un tonnerre d’applaudissements…

A la recherche d’une Francophonie active

Selon le secrétaire général de la Francophonie, le Sénégalais Abdou Diouf, ce XIIe sommet est une rencontre historique. Et de continuer que l’organisation francophone ne peut pas rester spectatrice et indifférente face aux crises, notamment la crise financière. Pour M. Diouf, être uni dans la diversité ne suffit pas, “il faut être solidaire dans la diversité”. A l’endroit des chefs d’Etat et de gouvernement, Abdou Diouf a laissé entendre : “La Francophonie sera ce que vous voudrez. Donnez-nous l’esprit et nous écrirons la lettre”. Prenant la parole à l’ouverture du XIIe Sommet de la Francophonie, le président du Bénin, Boni Yayi a fait remarquer que la crise financière mondiale ne doit pas occulter la crise alimentaire, énergétique, la grande pauvreté (…) dont sont victimes nombre de pays francophones. “La famille francophone doit s’ouvrir à la solidarité et au partage. La création d’un visa francophone pourrait être la preuve de la solidarité”, suggère Yayi Boni.
Pour lui, la Francophonie est à l’heure du changement, “La Francophonie doit changer et elle changera”. De son côté, le Premier ministre du Canada, Stephen Harper, a dit s’inquiéter des effets de la crise “sur les pays en voie de développement”, qui constituent l’essentiel de la Francophonie. Ainsi, pour atténuer les effets de la tourmente, il faut des “mesures ciblées et efficaces” et une “plus grande ouverture économique”, a soutenu M. Harper, dans un discours prononcé surtout en français, mais en partie en anglais.

A entendre M. Harper, son pays ne restera pas les bras croisés. “Le Canada fjouera sa partition pour stabiliser les marchés financiers”, a promis le Premier ministre du Canada. Quant au Premier ministre du Québec, Jean Charest, il a insisté sur la nécessité de mieux défendre la Francophonie à travers le monde. “La voix du français s’est affaiblie sur la scène mondiale”, a- t- il déploré. Au regard de cette situation, Jean Charest a invité l’ensemble des pays francophones à rejoindre le Québec dans le combat pour la défense du fait français à travers le monde. La promotion du français est “une bataille qu’il faut mener”, a martelé le Premier ministre du Québec, La promotion des droits humains, les changements climatiques et leurs effets néfastes sur l’environnement, la démocratie et la recherche de la paix à travers le monde préoccupent également la Francophonie. La suspension de la Mauritanie de la Francophonie suite au coup d’Etat du mois d’août dernier a été confirmée.

Que ce soit le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, le président de la Commission européenne, José Manuel Baroso ou le président du Liban, Michel Sliman, tous ont souligné l’utilité de la Francophonie, tout en invitant l’institution à poursuivre ses actions. Les questions liées à l’économie, à la démocratie, tout comme à l’environnement ont été au cœur des huis clos, le 18 octobre 2008, deuxième jour de travail du XIIe Sommet de la Francophonie à Québec. C’est au cours de ces huis clos que le président du Faso, Blaise Compaoré est intervenu pour marquer l’appartenance du Burkina Faso à l’OIF et surtout faire des propositions pour améliorer et moderniser le fonctionnement de l’institution francophone. Les travaux du sommet ont été clos par l’adoption de la Déclaration de Québec. Les chefs d’États et de gouvernement ont pris connaissance du rapport d’activités du secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf et se sont prononcés sur les demandes d’adhésion de la Lettonie, de la Thaïlande ou de modification de statut de l’Arménie. La candidature de la R.D. Congo et de Madagascar pour l’organisation du XIIIe Sommet en 2010 a également été mise en débat…

Ali TRAORE
traore_ali2005@yahoo.fr
(Envoyé spécial à Québec)


Le mauvais signal de Nicolas Sarkozy

Le président français, Nicolas Sarkozy, s’est contenté d’une visite éclair au XIIe Sommet de la Francophonie. Arrivé dans la matinée du 17 octobre 2008 et après avoir mené d’autres activités, M. Sarkozy a assisté à l’ouverture du sommet à 17 heures 45 minutes, heure de Québec et 21 heures 45 minutes en temps universel. Le lendemain matin, 18 octobre 2008, début réel des travaux, le président français a continué aux USA pour rencontrer le président Bush à Camp David afin de discuter de la crise financière. Cette situation a déçu les Québécois, surtout que Nicolas Sarkozy est le responsable du pays qui devrait servir de locomotive à la Francophonie. La visite éclaire de M. Sarkozy a été interprétée comme un mauvais signal envoyé à la Francophonie.

Afin de lever toute équivoque sur la situation, le secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet a même animé une conférence de presse, le 16 octobre 2008 sur la venue de Nicolas Sarkozy au XIIe Sommet de la Francophonie. M. Joyandet a demandé aux uns et aux autres d’arrêter de “chipoter” sur la participation d’une journée de M. Sarkozy aux travaux de la rencontre francophone. Le message d’Alain Joyandet est simple : “malgré la responsabilité européenne de Nicolas Sarkozy, il a tenu quand même à venir à ce sommet. Non, il n’y a rien de plus important que la Francophonie pour M. Sarkozy”. En somme, M. Joyandet a tenté de faire comprendre que Nicolas Sarkozy est préoccupé par la gestion de la crise financière internationale. “Nicolas Sarkozy fait face à une situation particulière.

Ses prédécesseurs n’ont pas géré des crises à des moments de la Francophonie”, précise M. Joyandet. Après le départ de M. Sarkozy, c’est le Premier ministre français, François Fillon qui a pris sa relève. En tous les cas, Nicolas Sarkozy n’a pas assisté à la clôture des travaux du XIIe Sommet de la Francophonie et Alain Joyandet ne semble pas avoir pu convaincre les journalistes que ce n’est pas un manque d’intérêt pour l’institution francophone. Les questions liées aux enjeux internationaux semblent passer avant la culture et la langue françaises chez Nicolas Sarkozy.

A. T.


Rions un peu

Anglophonie ou Francophonie ?

Pendant qu’on parle de Sommet de la Francophonie à Québec, des situations amusantes s’y passent. Des policiers unilingues anglophones sont parfois affectés à la sécurité du sommet. La presse burkinabè qui a été refoulée et qui cherchait par où passer pour accéder à la salle de presse, a un peu rigolé, malgré le froid. A la question de savoir où se trouve la rue Mercier à un policier, celui-ci a répondu qu’il ne comprenait rien, tout en s’en pressant d’appeler un autre policier qui parle la langue de Molière. Cela est tout de même étonnant, surtout en pleine Francophonie (…) Raison pour laquelle un confrère a dit que nous sommes en Francophonie et non en “Anglophonie”.
Et que dira ce journaliste qui s’est fait répondre en anglais par des policiers à l’entrée de l’édifice. Au moins quatre policiers ont avoué ne pas comprendre la question pourtant simple : “Où est le centre de presse ” ?

Des gardes du corps pour la presse burkinabè

L’hôtel Hilton, c’est là où logent la plupart des chefs d’Etat, dont le président du Faso, Blaise Compaoré, à ce XIIe Sommet de la Francophonie. Certainement, c’est à cause des hautes personnalités dans ledit hôtel que bien que munis du badge presse, les journalistes n’étaient pas les bienvenus dans le bâtiment. Et la sécurité est inébranlable sur la question. Ainsi, pour accéder à l’hôtel, il faut remplir une demande spéciale et on vous affecte deux policiers chargés de veiller sur tous vos gestes et mouvements. Très strict, ces policiers ne cherchent pas à comprendre. En tous les cas, les journalistes burkinabè sont devenus momentanément des “gourous” ou “des prisonniers”, c’est selon, car ils ont bénéficié d’une garde rapprochée et encombrante pendant environ quatre heures d’horloge, le 16 octobre 2008. Une sécurité qui vous agace tout en vous faisant sourire. Heureusement qu’il y a cette bonne humeur qui calme le cœur ! Malgré tout, c’est tout de même drôle. Sécurité, quand tu nous tiens, où que l’on soit… ! Décidément.

3000 policiers pour sécuriser le sommet

Le quotidien québécois “Le soleil”, a trouvé le titre juste pour parler de la sécurité du XIIe Sommet de la Francophonie : “Québec sous surveillance”. Un imposant déploiement policier, trois corps de police dotés d’équipements sophistiqués assurent la sécurité des dignitaires et autres membres des délégations participante au sommet. Selon une source policière, plus de 3000 policiers ont été déployés pour la sécurité. Des hélicoptères dans le ciel, des canots pneumatiques sur le fleuve, des convois dans les rues et des légions de policiers qui quadrillent les hôtels et le centre des congrès. A cette longue liste, il faut ajouter les chiens dressés pour la circonstance et les autres moyens d’action non déclarés. On ne rigole pas avec les colis et autres cartons suspects. Ils sont purement et simplement détruits sans protocole(…)

A.T.

Sidwaya

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