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Témoignage : Sibiri Patrice ZAGRE, mon aîné

Publié le vendredi 17 octobre 2008 à 09h14min

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Sibiri Patrice ZAGRE est mon aîné de dix ans à l’Etat-civil, élevé dans une grande famille polygame où la kyrielle d’enfants était tout simplement frères et sœurs, sans plus.
C’est seulement après la disparition tragique de Patrice que j’ai su qu’il était orphelin de père et de mère, que mon père fut le légataire universel de son père tout comme moi, je venais d’être fait légataire universel de Patrice, parce qu’en plus d’être orphelin, il a quitté ce monde, célibataire et sans enfant.

En rejoignant Ouagadougou pour mes études universitaires en 1982, c’est tout naturellement chez lui que je suis, puisqu’il enseigne la philosophie à l’Université depuis 1980. Dans la maison qu’il a louée à Gounghin et où il habite, inutile de dire que j’y ai vu défiler du monde.
Certains, qui ne sont plus de ce monde auraient pu écrire ces lignes. Je dois donc me résoudre à rappeler que Sibiri Patrice ZAGRE est né vers 1952 à M’Bahiakro, dans l’ancien cercle de Bouaké, en République de Côte d’Ivoire, de feu Ounouaga ZAGRE et de feu Kalaga KABORE.

Après ses études primaires en Côte d’Ivoire et secondaires à Tounouma Garçons à Bobo-Dioulasso. Ancien scoût de la génération des Jacques BAMA et Mélégué TRAORE, j’ai hérité de ses documents et manuels de formation. Il poursuit ses études supérieures à Dakar et en France, à la Sorbonne, d’où il rentre avec son doctorat en philosophie.
Intégré à l’Université dès 1980, il allie l’enseignement de la philosophie à l’Université et le militantisme au SNEA-HV puis au SUVSS (actuel SNESS) à l’activité politique semi-clandestine à laquelle j’ai été personnellement associé dès 1982.

Gros travailleur devant l’Eternel, toujours en train de lire ou d’écrire, Patrice a accepté de bon cœur et par engagement aussi, ce que certains de ses camarades n’ont pas toujours pu ou voulu accepter : Président de la commission d’attribution des parcelles à Tampouy sous le CNR, Directeur des études à l’Académie Militaire Georges Namoano de Pô, Haut-commissaire du Bazèga. Toutes ces missions, il les a acceptées au titre de la participation de l’Union des Communistes du Burkina (UCB) au sein du CNR. A l’Université, à l’Académie, au SNESS comme à l’UCB, il aurait contribué à encadrer une génération d’hommes et de femmes qui font honneur au pays et à sa mémoire.

Je retiens de lui, un grand frère serviable, intègre, honnête et aimable qui a contribué à aiguiser notre prise de conscience familiale, politique et sociale. Patrice restera à jamais un exemple d’engagement, de probité intellectuelle et morale et d’intégrité, prêt à se sacrifier pour le bonheur du peuple burkinabè.

De Kombissiri où il était haut-commissaire, il est venu au Conseil pour présenter un exposé à la réunion du CNR consacrée ce jour entre autres au code de conduite révolutionnaire. Il y a trouvé la mort, le 15 octobre 1987.

Par C.A.

L’Opinion

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