LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Les Etalons à Bujumbura : Les coulisses burundaises

Publié le jeudi 16 octobre 2008 à 00h35min

PARTAGER :                          

A quelques heures du coup d’envoi, dans les vestiaires, pendant le contrôle des licences, les Itambas étaient assis et refusaient de porter leurs maillots. En fait, ils étaient en grève et exigeaient qu’on donne à chaque joueur, tenez-vous bien, 45 dollars soit 18 000 FCFA.

Après des négociations, la Fédération de football du Burundi (FFB) a fini par débloquer la situation. Ayant été satisfaits, ils se sont aussitôt habillés. A leur sortie des vestiaires, leurs supporters qui ignoraient ce qui se passaient les ont accueillis par des applaudissements.

• C’est le mercredi 8 octobre dernier que les Etalons sont arrivés à Bujumbura en provenance de Bruxelles après 8 heures de vol. C’est à l’hôtel Source du Nil qu’ils ont installé leur quartier général. Pour leur permettre de s’entraîner dans de bonnes conditions, la communauté burkinabè dont la plupart travaillent dans des organismes internationaux ont loué un terrain de football privé pour les poulains du coach portugais, Paulo Duarte. Cela a coûté 66 000 F burundais, soit 30 000 FCFA.

• La veille du match Burundi # Burkina Faso, la communauté burkinabè a convié les Etalons à un cocktail à la 3, rue Rumaliza au quartier asiatique où se trouve la résidence du chef de mission d’Avocats sans frontières, Luther T. Yaméogo. Le doyen de cette communauté, Félix L. Yé, chef de la section intégrée paix et gouvernance au Burundi, a, au cours de cette occasion, félicité l’équipe qui a arraché sa qualification avant l’heure. « Dimanche, nous comptons encore sur vous pour la victoire et ne faites pas de cadeau aux Itambas », leur a-t-il dit. En tout cas, avec ce cinquième succès, on peut dire que son message a été entendu. Le jour de la réception, les joueurs ont pris qui un coca, qui une bouteille de Fanta. Ensuite, ils ont mangé quelques morceaux de viande surtout qu’ils devaient, dans l’après-midi, se rendre au stade Le-prince-Louis- Rwagasore pour leur dernier entraînement. Après 40 minutes, Paulo Duarte a demandé au capitaine Mahamoudou Keré d’informer les autres que l’heure du départ pour l’hôtel est arrivée. Le coach portugais, qui était assis avec ses préparateurs physiques, ne cessait de regarder le mouvement de ses joueurs. Voulait-il voir ceux qui vont se gaver ?

• Comme partout, à Bujumbura, on trouve des étrangers et, parmi eux, beaucoup viennent de l’Afrique de l’Ouest. Pour que les Etalons ne se sentent pas orphelins, la communauté burkinabè leur a offert gratuitement des tickets. Le dimanche 12 octobre 2008, ils ont pris d’assaut la tribune C qui leur a été réservée pour la circonstance. Munis de tam-tams, les nouveaux supporters du onze national ont mis l’ambiance. Les Burundais, eux, étaient silencieux et passaient leur temps à les regarder. Quand Aristide Banssé a ouvert le score, la température est montée dans leur tribune. C’est après l’égalisation de Claude Nahimana que les supporters des locaux ont retrouvé la voix comme pour dire qu’ils ne sont pas « morts ». Après les deux buts de Dagano, ils ont gardé le silence jusqu’au coup de sifflet final de l’arbitre ougandais, Muhmed Ssegonga.

• « Dagano est-il venu avec l’équipe du Burkina Faso ? ». Cette question nous a été posée par des supporters burundais dans un bureau de changes situé à quelques mètres de l’hôtel où nous logions. - « Oui, avions-nous répondu et il est arrivé à Bujumbura avant les autres joueurs ». Une information qui a glacé ce petit groupe, qui parlait en bien du buteur maison des Etalons. Pour ces Burundais, leur équipe aura des problèmes parce que Dagano est là. Ils ont donc vu juste puisque l’ex-sociétaire de Sochaux, aujourd’hui au Qatar, a fait parler de lui devant les buts de Vladimir Niyonkuru.

• La Fédération de football du Burundi est dirigée par une femme et elle répond au nom de Mme Lydia Nsekera. Après la défaite des Itambas, l’entraîneur algérien, Adel Amrouche, a laissé entendre qu’un groupe d’ambitieux a saboté le travail qu’elle fait et que si cela ne cesse pas, le football burundais aurait du mal à décoller. On soupçonne l’ex-gouverneur de Makamba, Révérien Ndikuriyo, président d’honneur du club New Génération qui a quitté cette année la deuxième division pour la D1, de convoiter son fauteuil. A Bujumbura, les partisans de Mme Lydia accusent le parti au pouvoir d’être derrière ce complot parce qu’il veut avoir la haute main sur la FFB. Tout cela pour faire main basse sur les fonds de la FIFA alloués à la fédération.

• Le 13 octobre 2008 était jour férié au Burundi, qui commémorait le 47e anniversaire de l’assassinat tragique et prématuré du prince Louis Rwagasore, Premier ministre du Burundi et père de l’Indépendance de ce pays. Il était né le 10 janvier 1932 à Gitega et était le fils du roi Mwambutsa IV et de la reine Thérèse Kanyonga. Au moment où nous quittions Bujumbura, les dirigeants burundais allaient pour assister à une messe en sa mémoire à la cathédrale Regina-Mundi. Il est mort dans le mois d’octobre comme Thomas Sankara, dont les partisans ont commémoré hier mercredi 15 octobre le 21e anniversaire de son assassinat. Assassiné le 13 octobre 1961, le prince Louis Rwagasore, selon le réceptionniste de l’hôtel Amitié où je suis descendu, a laissé l’image d’un homme intègre, sobre et conciliant. C’est son nom que porte le stade de Bujumbura. Le « Rwagasorisme » comme socle de gouvernance au Burundi a fait des adeptes là-bas comme le « Sankarisme » au Burkina Faso. Si j’avais encore un jour à passer dans ce pays, je serais parti voir son mausolée qui surplombe Bujumbura. Les grands hommes le méritent dans cette vallée de misère.

Justin Daboné

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Paris sportifs en Afrique : Tout comprendre