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Témoignage et hommage posthumes : A Cheick Ousmane Diallo, un aîné émérite de la plume

Publié le mercredi 15 octobre 2008 à 02h12min

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Cheick Ousmane Diallo

La dernière fois qu’il m’a appelé au téléphone, c’était le lendemain de la fête du Ramadan, à savoir le mercredi 1er octobre 2008. e sachant très occupé au bureau, il préfère toujours m’appeler sur ma ligne fixe à domicile tard dans la nuit pour être sûr que je suis rentré. Dans tous les cas, mon épouse et les enfants qui connaissent bien sa voix me font toujours part de ses appels. N’ayant pas pu lui rendre visite le jour de la fête, je me permis de lui adresser mes souhaits verbalement et il en était visiblement ravi.

MMusulman pratiquant et pieux, il semblait avoir vécu pleinement la fête cette année. Deux jours auparavant, il me confiait qu’il était revenu à Ouagadougou

pour la prière du Ramadan. Et jusqu’à 20 h30 on ne savait toujours pas si la fête était pour le lendemain mardi ou le surlendemain. C’est après 21h que la confirmation a eu lieu. Ce 1er octobre, lendemain de la fête donc, il mettait la toute dernière main sur la publication de la composition du dernier gouvernement burkinabè remanié le 4 septembre dernier dans “Construire l’Afrique”, son excellent bimensuel couvrant l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il demandait alors mon avis sur la formulation de certaines expressions et des précisions sur l’identité de certains ministres. Les fidèles lecteurs de “Construire l’Afrique” daté du 1er au 15 octobre 2008, ont en effet remarqué l’encart de sept pages consacré au nouveau gouvernement burkinabè et intitulé : “Le sens d’un remaniement. Décryptage : Qui sont-ils, quel est leur parcours, d’où viennent-ils ?” Le prochain numéro était programmé pour le 16 octobre prochain. Paraîtra-t-il jamais ?

Cheikh Ousmane Diallo qui vient de disparaître brutalement dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 octobre dernier est un aîné dans la profession qui a eu un parcours exceptionnel. La dernière fois que je lui ai rendu visite dans ses appartements qui lui servent de bureaux au 1er étage de l’immeuble CEGECI de la Zone du Bois, c’était en début septembre 2008 en fin de matinée. Nous avons passé de longs moments à échanger sur des questions économiques et politiques locales et sur le plan africain et international. Un peu souffrant, il m’a cependant accompagné jusqu’au bas des escaliers et avec la pluie qui se préparait à l’horizon, nous avons pronostiqué de bonnes récoltes cette année s’il pleuvait jusqu’à la fin du mois.

J’ai fait sa connaissance au début des années 1980, lorsqu’étudiants à l’école de journalisme de Dakar, il venait nous donner des conférences sur l’Agence Panafricaine d’Information (PANA) dont il était le Directeur général. Une dizaine d’années plus tard, à savoir le début de l’année 1990, un confrère me l’a présenté au moment où il avait entrepris d’installer ici à Ouagadougou le siège du périodique “Construire l’Afrique” et de l’agence de communication “Altervision”. Avec les tâches professionnelles officielles qui sont les miennes aujourd’hui, je ne peux plus contribuer à l’animation de ce journal pour lequel il consacrait tout son temps, entièrement et à la perfection. Perfectionniste et exigeant, il était en effet. Je peux me flatter d’être de ceux dont il appréciait la plume. A côté de lui, j’ai appris en contrepartie, l’honnêteté, l’objectivité et la rigueur professionnelles qui manquent si souvent à certains jeunes confrères qui excellent plutôt dans l’hystérie, le parti pris systématique et la facilité.

Alors qu’il considérait la presse sénégalaise dans sa majorité partisane et critique à son égard, au moment où il avait l’intention de solliciter un second mandat, le président Wade a reçu en février 2006 Cheick Ousmane Diallo au palais de la République pour le féliciter et l’encourager pour l’honnêteté et l’objectivité de sa ligne éditoriale. M. Diallo a tenu à m’associer à cette audience, et il m’a présenté en des termes élogieux au président sénégalais qui s’en est enthousiasmé d’autant plus que j’avais fait une partie de mes études chez lui, à Dakar. Je l’ai représenté auparavant à l’inauguration de l’escale d’Air Burkina à Paris en juin 2005. Je l’ai souvent assisté également lorsqu’il organisait, à travers “Altervision”, de grandes rencontres permettant aux compagnies pétrolières et aériennes, ainsi qu’aux sociétés cotonnières de la sous-région, de se concerter pour arrêter des stratégies de développement. Car panafricaniste et partisan des grands ensembles régionaux et sous-régionaux, il l’était dans l’âme.

C’est cet homme multidimensionnel, au carnet d’adresse épais qui lui permettait d’entrer dans tous les milieux (au Sénégal, au Burkina, au Niger, au Mali, au Togo, en Côte-d’Ivoire,…) qui vient de nous quitter brutalement, la plume à la main, nous laissant perplexes et dans la consternation, tout en nous rappelant la réalité et l’inéluctabilité de la mort qui entre souvent sans frapper. Cheick Ousmane Diallo, accompagné de ses proches, ses parents, ses collaborateurs, ses amis et connaissances, a été inhumé dimanche 12 octobre 2008 à Kaya dans la cour familiale, à côté de son grand-père, mort il y a une cinquantaine d’années.

Jean-Paul KONSEIBO


Cheick-Ousmane Diallo

65 ans, né à Tougouri, Burkina Faso, marié père de six (6) enfants

Fonctions :

1- Directeur Général du Groupe Panafricain de Communication Altervision International (Société éditrice de Construire l’Afrique, Jeux d’Afrique, bimensuel panafricain de sport et propriétaire de l’Agence d’informations économiques, Altercom).

2- Président de la Fondation pour l’Unité Africaine : organisation de forums sur des enjeux régionaux tels que le coton, les hydrocarbures, le transport aérien.

3- Président Directeur Général d’Air Inter Afrique, Agence de Conseil en Transports Aériens.

4- Secrétaire Général du Conseil Permanent des Transporteurs Aériens, association regroupant les Compagnies Aériennes de l’Afrique de l’Ouest (Aéro Bénin / Inter Air, Air Burkina, Air Ivoire, Air Sénégal International, Compagnie Aérienne du Mali, Mauritania Airways, Sahel Airlines) et de l’Afrique Centrale (Toumaï Air Tchad).

5- Premier Directeur Général de la PANA (Agence Panafricaine d’Information) siègeant à Dakar (Sénégal) de 1979 à 1985.

Directeur de Cabinet de William Eteki-Mboumoua, puis d’Edem Kodjo, Secrétaires Généraux l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) Addis-Abeba (Ethiopie) de 1975 à 1979.
Directeur de l’information de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) Addis-Abeba (Ethiopie) de 1975 à 1979.

6- Directeur du Bureau Régional de l’OUA à Niamey (Niger) de 1972 à 1975.

7- Chef du service Presse et Documentation du Conseil Supérieur du Sport en Afrique, Yaoundé (Cameroun) de 1968 à 1972.

Cursus scolaire
et universitaire :

1- Ecole primaire publique de Kaya (1948/1953)

2- Ecole Primaire publique de Dori (1954/1955)

3- Lycée Philippe-Zinda-Kaboré, Ouagadougou (1956/1960)

4- Lycée Terrasson De Fougères, Bamako (1961)

5- Centre de Formation des Journalistes, Paris (1963/1965)

6- Faculté de Droit Paris et Poitiers (1964/1967)

7- Titulaire de la Maîtrise en Droit (Option Relations Internationales), Université du Bénin, Lomé (Togo)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2008 à 15:50, par KONAN ABLE AHIZI En réponse à : Témoignage et hommage posthumes : A Cheick Ousmane Diallo, un aîné émérite de la plume

    CHEICK-OUSMANE DIALLO UN GRAND PANAFRICANISTE.
    J’ai su le décés de Cheick-Ousmane Diallo ( C O D, comme il abréviait lui-même son nom), le 02 décembre 2008, à NOUAKCHOTT ; soit presque 2 mois aprés ce triste événement.
    Sur le coup j’y ai pas cru, tellement c’était inattendu, vu son dynamisme et sa présence constante.
    J’ ai demandé confirmation de l’ information à OUAGA.
    Et hélas , c’ était la réalité ; la mort , ce compagnon invisible de tous les jours , de tous les moments et dans tous les endroits , qui ne connaissant ni l’âge, ni le mérite , ni l’amour est venue nous rappeler la triste réalité de la vie , la fragilité de l’être ;
    J’ ai eu la chance et le privilège de connaitre C O D à ABIDJAN où j’ai travaillé pour lui et avec lui pendant 3 ans .
    C O D était un bosseur, il aimait le travail bien fait . il pouvait revoir , relire une dépêche, un article , un dossier une dizaine de fois sans relâche pour trouver le mot juste , l’expression qui fait la différence ; s’il le fallait il mettait le papier au frigo le temps de trouver la substance manquante.
    C O D était un panafricaniste dans l’âme et le sang ; il souhaitait une véritable fédération des ETATS africains et il oeuvrait pour cela .
    La mort l’ a fauché alors qu ’il avait tant à donner à son Continent, à son pays et au journalisme.
    QUE LA TERRE DE SES ANCETRES LUI SOIT LEGERE , QUE ALLAH LE TOUT PUISSANT , LE TOUT MISERICORDIEUX LE RECOIVE DANS SON SAINT PARADIS ET QUE SON OEUVRE SOIT PERPETUEE PAR SES SUCCESSEURS. AMINE
    KONAN ABLE AHIZI

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