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Mooladé : Le procès de l’excision

Publié le mardi 29 juin 2004 à 08h29min

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Le dernier film du Sénégalais Sembène Ousmane, Moolaadé, grand prix « Un certain regard » du festival international du film de Cannes, était au programme en grande première au ciné Burkina, le vendredi 25 juin 2004 à 19 h. La séance de projection a été honorée par la présence de Chantal Compaoré, épouse du chef de l’Etat.

L’histoire du film met en scène Collé Gallo Sy, une mère excisée, qui avait soustrait son unique fille du rituel de l’acte de purification, organisé tous les sept ans. Cette année-ci, quatre filles s’enfuient pour échapper à l’excision et cherchent protection (Moolaadé) auprès de Collé. Deux valeurs s’opposent : le droit de protection et l’attachement à la tradition favorable à l’excision.

L’excision est pratiquée dans 38 des 54 Etats membres de l’Union africaine. Mooladé, sélection officielle de Cannes 2004 « Un certain regard, dont il a eu le grand prix, vient s’ajouter au palmarès de Sembène Ousmane, confirmant les talents plusieurs fois récompensés de l’artiste. Avec des comédiens non moins talentueux, Sembène a fait le procès d’un mal dont souffre l’Afrique : l’excision.

Pour le réalisateur de Moolaadé, quelle que soit la méthode employée (classique ou moderne), exciser est une atteinte à la dignité et à l’intégrité de la Femme. Il dédie son œuvre aux mères, femmes qui luttent pour abolir cet héritage d’une époque révolue. Film empreint de réalisme et d’émotion, Moolaadé a réussi le tour de force de séduire plus d’un ce début de week-end dernier au ciné Burkina. Il aura sans doute de beaux jours devant lui.

Sembène, un homme complet

La biographie de Sembène Ousmane laisse entrevoir la carrure d’un homme plein. Ecrivain cinéaste, il est né à Ziguinchor, au sud du Sénégal. Tour à tour pêcheur, maçon, mécanicien automobiles, tirailleur sénégalais, docker puis responsable syndical CGT à Marseille, il s’intéresse à la littérature africaine. Une passion qui le conduira à écrire des romans à partir de 1956. En 1959, il revient au Sénégal et fait le tour du continent africain.

Agé de 40 ans, c’est à Moscou qu’il étudie le cinéma au studio Gorki avec Marc Donskoï et Sergueï Guerassimov. Dès 1962, il réalise des courts métrages. En 1962, son premier long métrage « La Noir de… » le fait entrer dans la catégorie des réalisateurs politiquement et socialement engagés. Georges Sadoul écrit : « Grâce à Sembène Ousmane, le continent noir a pris enfin place dans l’histoire du cinéma mondial ».

D. Evariste Ouédraogo
Sidwaya

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