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Adolphe Muzito, nouveau PM de RD. Congo : La fin de l’inertie ?

Publié le lundi 13 octobre 2008 à 01h10min

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Adolphe Muzito, le nouveau premier ministre de la RD. Congo

Ce n’est donc pas Denis Kalume Numbi (ex-ministre de l’Intérieur), ni Vital Kamhere, le virevoltant président de l’Assemblée nationale, encore moins Olivier Kamitatu, l’ex- ministre du Plan qui occupera la primature, mais Adolphe Muzito, ci-devant ministre du Budget. Ainsi en a décidé le président de RD. Congo, Joseph Kabila, qui a décrété le 10 octobre dernier cette nomination. Jour où le procureur Okampo refusait la liberté provisoire au patron du MLC, J-P Bemba.

Fermée donc la parenthèse Antoine Gizenga qui fut installé comme chef de gouvernement aux lendemains de la présidentielle du 29 octobre 2006, à la suite d’un accord politique entre sa formation, le Parti lumumbiste unifié (PALU), et l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP). En effet, en échange de ce poste, le PALU, troisième force politique du pays, avait fait chorus derrière le jeune Kabila qui remporta le second tour face au patron du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba.

Une promesse tenue par le nouveau président et saluée par la classe politique qui voit là le souci du premier magistrat de calmer le jeu et de s’attaquer à des tâches urgentes, notamment les problèmes quotidiens qui touchent ce pays-continent. Surtout que ces élections générales ont été pratiquement financées par la communauté internationale qui voulait, par ce geste, participer aux soins de ce grand malade d’Afrique.

Mais hélas ! Si politiquement le deal a tenu, par exemple la fracture Est-Ouest a été réduite, sur le plan des réformes et des solutions, la désillusion fut à la hauteur des attentes des Congolais. Avec la soixantaine de ministres et vice-ministres, le vieux compagnon de Patrice Lumumba n’a pas pu tirer le géant engourdi dans sa torpeur vieille de plusieurs décennies. La logique biologique y est pour quelque chose ; d’ailleurs, c’est cette contrainte qui obligea le sage de Bandundu à rendre le tablier, car à 83 ans, il n’est pas aisé de gouverner l’ex-Zaire. D’ailleurs, que ce soit côté opposition comme au sein du pouvoir, des voix se faisaient entendre pour que Kabila fils renvoie à la retraite définitive son allié Gizenga, qui, il est vrai, en 20 mois à la Primature a brillé par son immobilisme.

On oublie cependant que d’autres paramètres qui plombent ce pays au sous-sol immensément riche sont à chercher aussi ailleurs. Primo, lorsque Joseph Kabila Kabange rentre dare-dare du Katanga le 17 janvier 2001, pour être investi chef de l’Etat, le 20, car un kadogo venait d’assassiner son père, quatre jours plus tôt, il n’avait ni l’étoffe ni les compétences pour hériter de cette fonction.

Même s’il n’y a pas d’études pour être président de la République, il y a des prédispositions et certaines qualités pour l’accomplir. A l’évidence, le maquisard de Hewa Bora (sud kivu) et diplômé de droit et d’économie de l’université Makeré de Kampala et de la Washington International University (cours par correspondance) a été surpris d’être le nouveau locataire du Palais de marbre de Kinshasa. Secondo, le règne éclair de son père n’avait pas pu résoudre les contradictions laissées en l’état par plus de trente ans de mobutisme. Un héritage lourd à assumer. Tertio, 7 ans après son accession au pouvoir, il n’est pas certain que le jeune Kabila ait acquis les ressorts nécessaires pour gouverner la RD. Congo.

Passée donc la prise de conscience des responsabilités qui reposaient en 2001 sur les frêles épaules de ce jeune homme de 29 ans à l’époque, l’heure était venue au sursaut salvateur. D’où le lancement, après l’onction populaire qu’il a obtenue en octobre 2006, des 5 chantiers fondamentaux auxquels il attache du prix : la santé, les infrastructures, l’éducation, l’eau et l’électricité.

En faisant appel aux services d’Adolphe Muzitu (51 ans), le chef de l’Etat maintient en premier lieu la solide coalition qui lie l’AMP au PALU, car le nouveau promu est issu de cette formation politique, est un proche de l’octogénaire Gizenga, et, mieux, originaire de la province du Bandundu comme le PM sortant. Dans un pays où la coupure dans le sens de la longitude fait apparaître deux Congo séparés, politiquement, culturellement et historiquement il faut toujours un gentlemen agreement entre les acteurs politiques pour maintenir un fragile équilibre. Car de part et d’autre (Est-Ouest), Swahilophones et lingaphones n’ont pas desserré les dents.

Que pourra faire Muzitu avec son équipe de mission ? Il doit faire immédiatement face aux besoins d’une population lassée d’attendre des réalisations qui commencent à devenir une ligne d’horizon.

Le désenchantement est palpable dans tout le pays d’autant plus que des maux tels la corruption, la gabegie, bref la mal gouvernance sont des réalités en dépit de la promesse de Kabila d’envoyer les coupables à.... la prison de Makala. Et encore qu’il y a le cas Laurent Kunda et cette éternelle guerre dans le Kivu qui doivent être sur le bureau du nouveau PM.

A 3 ans de la fin de son premier mandat (2011), Kabila réussira-t-il avec Muzitu cette « démobutisation », et empêcher ses compatriotes de regretter le président à la toque de léopard qui lui aussi avait diagnostiqué ce qui freine la marche de l’ex- Zaire, ce qu’il apellait « les antivaleurs » ?

La rédaction

L’Observateur Paalga

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