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HORTEFEUX A OUAGADOUGOU : Quel type d’accord sur l’immigration ?

Publié le jeudi 9 octobre 2008 à 00h48min

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Le Burkina ne renvoie pas à l’image de la Mauritanie ou du Sénégal où des vagues massives de populations, à bord d’embarcations de fortune, tentent de forcer les portes de plus en plus infranchissables de l’Occident, au risque de leur vie. En raison de la relative qualité des candidatures burkinabè à l’immigration, le pays des hommes intègres ne semble pas troubler le sommeil des agents des services d’immigrations français.

Qu’à cela ne tienne , en tournée dans la sous-région, Brice Hortefeux, ministre français de l’Intégration, de l’Identité nationale et du codéveloppement, a jugé bon de faire escale à Ouagadougou où il a évoqué, avec le chef de l’Etat burkinabè, la question de l’immigration. Le pays de Nicolas Sarkozy s’apprêterait à signer rapidement avec le Burkina, un accord dont on imagine qu’il va notamment contribuer à lutter contre l’immigration clandestine.

Si tel est le cas, ce serait tant mieux si l’accord en question permettait de baliser le terrain pour prévenir d’éventuels drames à des émigrés qui ne se seraient rendu compte des énormes risques qu’ils auraient pris que… bien trop tard.

Malgré tout, on parlera encore longtemps de l’immigration clandestine. Et ce sera malheureusement ainsi tant que l’horizon sera bouché pour des millions de jeunes Africains désoeuvrés et désorientés, et qui ont fini par se pénétrer de l’idée que leur salut ne viendra que de l’Occident. Il faudra donc s’attendre encore à voir ces tristes images de corps sans vie rejetés par l’océan. Tout cela parce que les déséquilibres de développement deviennent de plus en plus marqués entre le Nord et le Sud.

Les nouvelles en provenance des limites géographiques entre l’Afrique et l’Occident renseigne sur un fait : on aura beau placer tout un arsenal destiné à barricader les frontières du Nord, des vagues désemparées d’affamés et de sans-culottes reviendront toujours à l’assaut malgré leurs tentatives infructueuses pour réaliser coûte que coûte leurs rêves. C’est cela la réalité.

Une réalité qui ne pouvait qu’amener les dirigeants des pays riches à tenter une autre approche en matière de politiques d’immigration. Mais une question : pourquoi s’entêter à séparer les humains quand la nature veut qu’ils se frottent, par-delà même les frontières ? Il est heureux cependant que la France et bien d’autres pays du Nord commencent enfin à comprendre qu’ils faisaient fausse route, la tendance actuelle étant à la conclusion d’accords avec certains pays africains, dans le but de mieux discipliner et d’encadrer les flux migratoires vers l’Occident.

Se mettre d’accord, tenter de trouver un juste milieu, de sorte que chacun puisse y trouver son compte, voilà qui est plus indiqué. Cette démarche est en tout cas préférable aux positions unilatérales tranchées, dont les résultats ont d’ailleurs montré leurs limites. Après le Mali et le Sénégal, ce serait donc le tour de Ouagadougou d’entrer en négociations avec Paris. Reste à savoir quel type d’accord sera conclu. Il faut espérer que ce soit un accord qui défende aussi les intérêts du Burkina ; un accord qui ne sonne pas comme la chronique annoncée de la fuite des cerveaux burkinabè.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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