L’ouverture de l’édition 2008 des Résidences panafricaines de l’écriture, de création et de formation théâtrales (Récréatrâles) a eu lieu le lundi 6 octobre 2008 à l’Espace culturel Gambidi en musique et en danse, en parade de motos,d’échassiers et de chevaux. Dans l’enceinte de l’espace, transformé en scène de musique, les festivaliers et les invités se sont égayés au son des balafons de l’Ouest du Burkina Faso.

Une ambiance de fête suivie de l’ouverture officielle du festival, en présence du secrétaire général du ministère en charge de la Culture, Souleymane Ouédraogo, avec la pièce "Burocrassie". Une lecture scénique de Edouard Lompo, assisté de Charline Grand ,portée par des comédiens de deux compagnies nigériennes : Arène théâtre et Ensemble théâtre. "Burocrassie", un texte d’Alfred Dogbé, est une pièce qui relate les maux de l’administration en Afrique, mieux la question de la bonne gouvernance.

Sur scène, "Burocrassie" expose l’histoire d’un entrepreneur, Harba, qui se fait rouler par deux agents corrompus : Fatou et Bossi. Fatigué des fausses promesses de livraison de ses marchandises, il décide "d’obtenir la livraison des matériaux qu’il a payés d’avance ou de se faire rembourser sur-le-champ (...)". Mais l’intrigue de la mise en scène de Edouard Lompo repose essentiellement sur une usurpation d’identité surtout du poste de directeur par Tanko Mali, un stagiaire sans niveau qui s’est autoproclamé face à ses collègues, le remplaçant de son ex-directeur admis à la retraite.

Une situation jugée inacceptable par Fatou et Bossi qui cherchent à démasquer l’imposteur. Dans une scénographie qui matérialise cette atmosphère de pourriture matérielle et morale dans les administrations africaines, les comédiens ont joué juste cette satire sociale. Dans un décor de délabrement illustré par les vieux mobiliers de bureau, les ordures (papier déchiré) à même le sol, la pièce s’est dévoilée comme un catalogue des comportements responsables du sous-développement des pays africains : l’escroquerie, la corruption, l’usage de faux, la jalousie, la promotion par le sexe, le trafic d’influence, le détournement de deniers publics, etc.

L’humour est, histoire de mieux faire passer ces réalités non reluisantes,aussi présent dans la pièce pour détendre le public et tester son degré d’interaction avec les comédiens. Les éclats du rire provoqués par l’excellente Aminatou Issaka Assoumane dans son rôle de femme ménage, Louba, ont été l’une des preuves de la communication entre les comédiens et les spectateurs.

Des scènes de silence (relayées par des gestes) renforcent également le rire dans la pièce notamment celui suscité par le faux directeur pour expliquer la réaction de son village pour sa nomination. "Burocrassie" captive également le public par le jeu de lumière. Meme si le matériel d’éclairage,defectueux,a causé quelques soucis à la régie.Des gros plans sur certains personnages et faits (le secrétaire général du ministère dont dépend Tanko Mali, le faux promu) renforcent l’histoire de la pièce. Le meurtre de Tanko a été évoqué par la lumière rouge, couleur du sang,histoire de souligner la gravité de l’acte. "Burocrassie" donne le ton de la qualité des spectacles issus de ces Ves Recréatrales.

Alassane KERE
Joseline YAMEOGO (Stagiaire)

Sidwaya