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RENTREE JUDICIAIRE 2008- 2009 : La corruption à la barre

Publié le jeudi 2 octobre 2008 à 02h33min

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Le président du Faso, encourageant les présidents des hautes juridictions du pays.

La salle des banquets de Ouaga-2000 a accueilli le mercredi 1er octobre dernier, l’audience solennelle de rentrée judiciaire 2008-2009. C’était en présence du Président du Faso, président du Conseil supérieur de la magistrature, du président de l’Assemblée nationale, du Premier ministre et des membres de son gouvernement, et des membres du corps diplomatique. Pour cette année judiciaire, la justice burkinabè a décidé de se pencher particulièrement sur la lutte contre la corruption.

La rentrée judiciaire, conformément à l’article 43 de la loi N°036/2001 du 13 décembre 2001, portant statut du corps de la magistrature, est fixée au 1er octobre de chaque année. C’est donc conformément à cette disposition légale que magistrats, juges, avocats et autres hommes de droit se sont retrouvés par centaines le 1er octobre 2008, pour l’audience solennelle de rentrée judiciaire de cette année qui s’est penchée sur le "cadre juridique et institutionnel de la lutte contre la corruption au Burkina Faso".

De la longue présentation qui a été faite sur ce thème, l’on retiendra pour l’essentiel que la corruption au Burkina est un phénomène de grande envergure qui gangrène tous les corps de métier (douane, police, gendarmerie, justice, marchés publics, médias, etc.), et tire vers le bas, les efforts de développement. Et le Burkina qui a ratifié la quasi-totalité des conventions africaines et internationales sur la corruption s’est également doté d’un certain nombre de textes nationaux visant à renforcer la lutte anti-corruption. En dépit de ce "dispositif impressionnant de prévention et de répression", les effets néfastes de la corruption continuent malheureusement de nuire à l’économie nationale. Consciente de ses limites dans la lutte contre la corruption, la justice burkinabè entend néanmoins jouer sa partition.

En commençant naturellement par réduire les effets du phénomène en son sein. Pour le ministre Zakalia Koté, garde des Sceaux, "la justice doit être au coeur de la lutte contre la corruption, car dans un Etat de droit, elle est la force légitime chargée de sanctionner les différents manquements". Et le ministre de la Justice d’indiquer que "c’est un truisme que d’affirmer que pour mieux jouer leur partition dans la lutte contre la corruption, les acteurs de la justice, tous ordres et catégories, professionnels confondus se doivent de lutter contre le phénomène en leur sein".

Dans la réquisition qu’il a faite lors de cette audience solennelle, le procureur du Faso a fait remarquer que la corruption est un acte secret, sans témoins, entre le corrupteur et le corrompu. Et cela rend difficile la tâche de la justice qui se fonde essentiellement sur les preuves. De même, l’éventuel plaignant se trouve très souvent face à un dilemme, car pouvant lui-même être poursuivi et puni, a ajouté le procureur qui a conclu donc au fait que la justice seule ne suffit pas pour lutter contre la corruption. Au terme de sa réquisition, le procureur du Faso s’est dit favorable à la stratégie des stratégies pour réduire les effets de la corruption au Burkina.

Il a, entre autres suggestions, proposé à l’Etat de doter les institutions de contrôle de plus de moyens ; de sensibiliser les justiciables sur les conséquences de la corruption, de créer un cadre de collaboration, de sanctionner les corrupteurs et les corrompus, etc.
Avant de lever l’audience, le premier président de la Cour de cassation a lui aussi salué la pertinence du thème de l’année judiciaire qui débute. Cheick Ouédraogo a également salué les efforts du Burkina en matière de contrôle de la corruption, ce qui lui a valu de passer du rang de 105e/180 à celui de 80e, selon le classement des pays les moins corrompus.

Par Paul-Miki ROAMBA


Blaise Compaoré parle de la corruption

A la fin de l’audience solennelle, le président du Faso s’est exprimé sur le thème.

"Où est-ce que vous pouvez trouver un espace où il n’y a pas de corruption dans ce monde ? C’est pour dire que la corruption est un phénomène qui s’est développé avec l’enrichissement global des sociétés. Bien entendu, on a constaté que cela est également dû à l’inefficacité des instruments de lutte contre le phénomène. Et je crois que nous sommes là pour rappeler que c’est un phénomène contre lequel il faut lutter si nous voulons consolider la bonne gouvernance dans notre pays. Il faut également savoir que c’est une lutte qui doit s’organiser avec le concours de nombreux partenaires, de nombreux intervenants. Car il faut autant parler de la prévention et de la dénonciation, que de la répression".

Propos recueillis par PMR

Le Pays

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