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NETSSAF 2008 : Des solutions innovantes pour l’assainissement durable

Publié le lundi 29 septembre 2008 à 12h52min

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Experts, société civile, autorités administratives et responsables d’ONG se sont réunis dans la capitale burkinabè du 24 au 26 septembre 2008 pour faire le point sur la situation de l’assainissement dans les 16 pays concernés par le projet « réseau pour le développement des approches durables pour la mise en œuvre à grande échelle de l’assainissement en Afrique » NETSSAF. Les échanges d’expériences ont constitué le plat de résistance de ces trois jours d’activités intenses. Accorder plus d’importance à la question d’assainissement pourrait contribuer à l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement fixés à 2015, telle est la conviction des participants.

La situation de l’assainissement dans la plupart des pays au sud du Sahara est préoccupante. Les ménages sont peu équipés en infrastructures répondant aux normes minimales. Les communes également ne parviennent pas à évacuer correctement leurs ordures ménagères. Pourtant toutes les villes connaissent des graves inondations à répétition. Malgré tous ces manques, les palliatifs même transitoires, se font attendre la plupart du temps. Plusieurs communes ne disposent pas de politiques d’assainissement. Par contre, les déchets de nature à polluer l’environnement et exposer la population à des risques de maladies sont légion. Cette pollution et ces risques vont même croissant avec l’augmentation rapide et exponentielle de la population au niveau mondiale. Le monde entier est victime de cette situation mais surtout l’Afrique.

Néanmoins, cet état de fait ne doit pas être vu comme une fatalité. Il constitue même une opportunité énorme car, comme l’a dit le directeur général du Centre d’étude et de recherche en eau potable en Afrique CREPA, CheickTidiane Tandia, « loin d’être des déchets, nos excréta sont une véritable mine d’or ». Le domaine agricole peut trouver en ces déchets une aubaine. La réutilisation des fèces et urines permet d’enrichir le sol et ainsi accroître les rendements agricoles. Pour joindre la pratique à la théorie, le CREPA dans le cadre du projet ECOSAN a commencé d’abord à implanter des toilettes ECOSAN pour les membres du centre. Cela a permis de faire mieux passer et accepter le message aux plus sceptiques, se donnant ainsi comme slogan de sensibilisation « faites ce que je dit. Et faites ce que je fais ».

A cette conférence internationale du projet « réseau pour le développement des approches durables pour la mise en œuvre à grande échelle de l’assainissement en Afrique » (NETSSAF), les participants venus d’Afrique, d’Europe et d’Asie ont apporté dans leurs valises d’importants échantillons de leurs trouvailles dans le cadre des recherches qu’ils menées. L’accent est surtout mis sur la rentabilité de ces outils et précisément dans l’agriculture et le jardinage. « Les excréta sont les seules ressources qui augmentent avec l’augmentation de la population », remarque Patrick A Ogwo, chercheur nigérian sur l’utilisation des excréta compostés.

Un véritable espace de partage

Des connaissances et des expériences ont été largement partagées entre décideurs, chercheurs et autorités locales pendant cette conférence. Ils ont échangé sur la situation de l’assainissement, la contribution de NETSSAF, le renforcement des capacités des populations à la base et des responsables des autorités locales et les activités à promouvoir afin de gagner le combat de l’assainissement qui est inscrit au point 7 des objectifs du millénaire pour le développement.

Pour le professeur Houénou, représentant la partie universités africaines, les résultats de cette rencontre sont éloquents. Toutes les questions ont été abordées : les question de partenariat, de recherche, d’acquisition et d’appropriation des connaissances, de réutilisation concrète des fèces et urines, d’habileté, de responsabilisation, de formation…bref, « rien a été oublié », rassure-t-il.

Si tous se satisfont d’avoir épuisé les questions importantes inscrites à l’ordre du jour, force est de reconnaître que des insuffisances notables subsistent. Les différentes personnes concernées ne sont pas sur les mêmes longueurs d’ondes. Le gap entre les niveaux de connaissance est profond. Ce qui complique la dissémination des résultats obtenus et qui semblent prometteurs. Tous les systèmes proposés ne sont pas adaptables partout car les réalités sont parfois bien différentes d’une région à une autre. Ces incompatibilités pèsent non seulement sur le plan climatique mais aussi et surtout le plan culturel. A ces difficultés s’ajoute le manque de formation d’ingénieurs en assainissement dans la plupart des pays subsahariens.

Ayant fait le tour des insuffisances, les participants ont souhaité une plus grande implication des Etats dans le domaine de l’assainissement. Car les communes pilotes pour les objectifs du millénaire sont sur la sellette. Elles risquent de ne pas atteinte les objectifs à elles fixés. Les bilans à mi-parcours sont mitigés. Le maire de Tiassalé en Côte d’Ivoire, Lambert Yapi dont la ville est pilote dans le cadre des OMD, a peint une situation peu reluisante de sa commune. Malgré tout, il s’est dit confiant. La confiance, le maire de Matam au Sénégal, Abdoulaye Dramé, l’affiche également même si sa commune n’est qu’à 17% des objectifs fixés à 50%. Le Sénégal dont l’ambassadeur était représenté à la clôture a été félicité pour son engagement dans ce domaine.

Savoir pour amoindrir les risques

L’acquisition des savoirs est très importante. Elle permet de développer des technologies pour l’assainissement et de les réadapter si besoin en était. L’assainissement écologique a aussi été largement discuté.
Il est tout de même important de savoir les risques liés à cette question. La question d’hygiène et d’assainissement n’est pas sans danger pour les utilisateurs car il faut d’abord « hygiéniser » les déchets avant utilisation. De ce fait, la sensibilisation doit prendre en compte ce volet. Les maladies liées au manque d’assainissement sont nombreuses. Elles ne devaient pourtant pas exister selon le DG du CREPA, CheickTidiane Tandia. Concernant la question de coût des systèmes proposés, le CREPA dit tenir compte non seulement de la volonté mais aussi de la capacité financière des populations.
Beaucoup d’argent a été investi dans le secteur de l’eau et l’assainissement mais la plus importante est allée à l’eau potable. Pourtant, l’assainissement mérite la même importance. « Nous continuons à prendre notre temps dans les hôpitaux pour des maladies que nous aurions pu éviter, des maladies liées aux mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement », regrette M. Tandia. Pourtant le fait d’investir dans l’assainissement constitue également un moyen de lutte contre la pauvreté, donc pour l’atteinte des OMD, conclut-il. Le succès de NETSSAF1 est indéniable. « Que d’idées, que d’enseignements à tirer » de cette rencontre internationale, se réjouit le professeur Häkan Jönsson de la Suède.

Moussa DIALLO
Lefaso.net

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