Pour la petite histoire de la vie politique nationale, on retiendra que cette convention, qui a lieu entre deux congrès (celui de novembre 2006 et celui annoncé pour le deuxième semestre de 2009), a débouché sur des conclusions pas franchement historiques. Le parti de la daba a ainsi décidé de mettre en place une commission ad hoc pour la relecture des textes fondamentaux du parti et une autre pour réfléchir sur l’avenir des universités dans notre pays. Il a aussi décidé de créer un département chargé de la gestion des cadres du parti ; de mettre en œuvre une politique de formation des militants et des cadres du parti ; de mener une réflexion sur la composition et le mode de formation (élection des membres) du bureau politique national ; de renforcer la discipline au sein du parti par la promotion de la démocratie interne ; de sanctionner effectivement les auteurs d’actes d’indiscipline qui refusent de s’amender ; d’élaborer une stratégie conséquente d’implantation du CDP au sein de la communauté burkinabè à l’étranger ; de créer un organe de presse écrite qui servira de liaison entre les militants et le grand public ; d’opérationnaliser le département communication du parti.
En somme, tout va bien au CDP. Circulez, il n’y a rien de spécial à voir. Ceux qui, après l’épisode des refondateurs, après les crises de la vie chère et de l’université, après la création de la FEDAP/BC et les piques de ses responsables envers le CDP, tous ceux-là donc qui s’attendaient qu’il se produise quelque chose à cette convention peuvent aller se rhabiller en attendant peut-être le congrès de novembre 2009.

Car tout va bien au CDP. Il n’y a que les oiseaux de mauvais augure qui ne cessent, comme depuis toujours, d’annoncer le crash de l’albatros. En vain, soutient Roch Marc Christian Kaboré : « Je saisis cette opportunité pour dire aux oiseaux de mauvais augure, qui excellent dans la confusion des genres, d’arrêter de prendre leurs rêves pour des réalités... », soulignera-t-il à l’endroit de ces diseurs de mauvais sorts.

Peut-il en être autrement, puisqu’on a vu le camarade Salif Diallo accueillant le camarade Tertius Zongo avec beaucoup de chaleur, alors qu’on les pensait chien et chat ? Peut-il en être autrement quand Achille Tapsoba, qui passe pour être l’une des éminences grises du parti, ravale au rang de simple épiphénomène la rébellion des refondateurs ? Peut-il en être autrement quand la FEDAP/BC, à qui on prête des velléités de putsch, n’est, pour les responsables du CDP, qu’une association de soutien à l’action du président Blaise Compaoré et ne peut nullement ni concurrencer le CDP ni le remplacer ?

Seulement, tout ça, c’est le discours officiel. Comme d’habitude. Et à côté, il y a les non-dits officiels et les déclarations officieuses, avec surtout la bénédiction du Net. Parmi ces non-dits officiels, l’absence des poids lourds de la FEDAP/BC à cette convention historique, à commencer par le premier responsable que l’on n’a pas vu ou alors qui s’est fait fort discret.

Alors que le minimum, en matière de com., aurait été de le placer en bonne vue pour démentir toutes les analyses et autres rumeurs sur une éventuelle inimitié entre CDP et FEDAP. Idem pour quelques grosses huiles de notre économie nationale qui passent pour les pourvoyeurs de devises. D’habitude, ils sont alertes à se pavaner dans ces regroupements politiques, mais pour une des rares fois, ils ont joué les abonnés absents. Et on ne peut s’empêcher de rappeler les propos que l’on prête à ces opérateurs économiques qui auraient avoué qu’on leur a dit que maintenant c’est à la FEDAP qu’il faut donner, au lieu du CDP.

Et surtout, que dire de cette recommandation de la convention du CDP visant à réglementer les monopoles ? On sait, dans notre pays, ils ne sont pas nombreux à détenir un quelconque monopole et les rares opérateurs qui ont ce privilège émargeaient jusqu’ici au CDP. Y a-t-il changement de bons procédés désormais ?

Au CDP, tout va bien, a conclu la convention, mais on notera que c’est à cette instance, soit 12 ans après sa création, que le CDP ressent le besoin, comme par hasard, de se préoccuper de la gestion de ses cadres avec la création d’un département consacré à la question, de renforcer la discipline au sein du parti par la promotion de la démocratie interne alors que, dit-on, tout fonctionne normalement, de « sanctionner effectivement les auteurs d’actes d’indiscipline qui refusent de s’amender » alors que l’on trouve que c’est normal qu’il y ait divergences de vue dans un tel giga parti.

Comme par hasard, le CDP, qui détient le meilleur de notre intelligentsia, veut aujourd’hui se préoccuper de la formation de ses cadres alors que, pendant longtemps, le mot semblait être « mange et tais-toi ». Car on peut difficilement expliquer le silence tonitruant qu’il observe chaque fois que la nation est en ébullition. Les rares communiqués de presse tardifs qu’il émet (un minimum syndical) peuvent difficilement remplacer l’argumentaire et les prises de position vigoureuses qu’on est en droit d’attendre de sa part.

On pensait que la force des différents courants, à force de se neutraliser, empêchait la machine de décoller. Mais il semble que non. Tout va bien au CDP, il n’y a que des oiseaux de mauvais augure. Qui prédisent le printemps de la FEDAP/BC.

A.Traoré

Journal du jeudi