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PRIX DES HYDROCARBURES : Qui va payer le manque à gagner des consommateurs ?

Publié le vendredi 19 septembre 2008 à 01h14min

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Le ministre Mamdou Sanou

Un communiqué du ministre du Commerce, de la promotion de l’entreprise et de l’artisanat daté du 11 septembre et paru dans la presse précise que les consommateurs burkinabè ne doivent pas s’attendre à une baisse du prix de l’essence super 91 et du gasoil dans l’immédiat. Selon l’esprit de ce communiqué ministériel, pour qu’il y ait baisse à la pompe, il faut que le prix actuel du baril sur le marché international descende à 80 dollars et que le cours de ce dollar se maintienne à 441 FCFA.

Mais ce n’est pas tout ! Il faut surtout que la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY) résorbe ses manques à gagner qui sont actuellement de 25 milliards de FCFA. Le communiqué ne dit pas expressément que la SONABHY a un déficit de 25 milliards FCFA à combler, il parle plutôt de manques à gagner à résorber. Complexité d’un langage technique ou volonté délibérée d’embrouiller les non-avertis de la chose économique ?
Dans tous les cas, une question fondamentale mérite d’être posée. Quand, comment et par quel procédé les consommateurs vont-ils résorber leurs manques à gagner à eux qu’ils accumulent depuis des années ?

Ce communiqué du ministre du Commerce vient rompre unilatéralement une entente tacite, à savoir que le consommateur était habitué à constater à la pompe une baisse quand sur le marché international, le prix du baril baissait. Quand le prix du baril grimpait à la suite de mille et un aléas, la SONABHY procédait tout de suite à une hausse du prix à la pompe. Car le prix du baril dépend d’une foule de facteurs : un ouragan, un conflit dans le Golfe, etc. Aujourd’hui, le jeu est faussé. En décidant qu’une baisse ne peut intervenir que quand la SONABHY aura résorbé ses manques à gagner, et à condition que le prix du baril se maintienne à un niveau bas, de même que le cours du dollar, notre État livre les consommateurs burkinabè pieds et poings liés aux tourmentes du marché international.

Le capital national et international a eu raison de nos décideurs. Mais peut-être aussi que l’État a des tensions de trésorerie qu’il veut résoudre par ce truchement ? Qui sait ?
Il faut le dire tout de suite et sans détour : dans cette affaire des hydrocarbures, le gouvernement burkinabè a capitulé, pour ne pas dire qu’il a démissionné, laissant les populations à leur sort. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce gouvernement se conduit ainsi. Dans la lutte contre la vie chère, il a décrété des mesures qui n’ont jamais été respectées par les commerçants.

Qu’a-t-il fait ? Il a dit qu’il mettrait en place des boutiques témoins. Où sont-elles situées ?
Expression d’impuissance ou manque d’imagination, le gouvernement nous rejoue le même air de musique avec les hydrocarbures. Et quand on sait que ce communiqué tombe au milieu du mois de Ramadan, il y a de quoi se poser un certain nombre de questions. Ceux qui nous gouvernent pensent-ils un tant soit peu à la situation des plus démunis ? Pensent-ils que l’on est en pleine période de soudure dans les campagnes ? Réalisent-ils vraiment les conséquences que la vie chère va avoir sur la rentrée prochaine au primaire et au secondaire ?

Le Burkina a été engagé de force dans ce qui s’appelle la mondialisation où la seule loi qui vaille est celle du marché, où règne la loi de l’offre et de la demande. Mais on constate avec ce communiqué ministériel que le respect de cette loi est unilatérale. Elle est seulement respectée par les consommateurs. La réponse de l’État à la baisse du prix du baril sur le marché international en est une preuve. C’est au nom de cette mondialisation qui peut s’apparenter pour quelques- uns à un suicide, que les magasins de la SN-SOSUCO sont pleins de sucre tandis que le sucre de contrebande envahit le marché national. Que devient le slogan : "produisons ce que nous consommons et consommons ce que nous produisons" ?

Au nom de la solidarité nationale et du rôle régalien de l’Etat à s’occuper de ses citoyens, la SONABHY doit baisser les prix à la pompe car elle a engrangé de substantiels bénéfices pendant les moments fastes. C’est ce qu’on a fait dans de nombreux pays.

Dans la situation de vie chère dans laquelle se trouvent la plupart des pays africains, des gouvernements ont été courageux pour prendre les mesures allant dans le sens du soulagement du plus grand nombre. Ensuite, ils ont veillé à leur application stricte par tous et sur l’ensemble de leur territoire. Il y a des choix à faire et des devoirs à assumer. C’est ce qu’on appelle aussi bonne gouvernance, c’est-à-dire gouverner en tenant compte du sort du plus grand nombre, les plus démunis, le peuple, parce que tout le monde ne peut pas être ministre, directeur général, président d’institution, ou simplement fonctionnaire. Ces laissés-pour-compte, c’est le peuple vers lequel on court quand arrivent les périodes d’élections. Aujourd’hui, il ne faut pas les oublier.

"Le Fou"

Le Pays

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