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ATTAQUES DANS LE DELTA DU NIGER : Le Nigeria sur une pente dangereuse

Publié le mercredi 17 septembre 2008 à 03h46min

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La nouvelle vague de violences qui embrase le delta du Niger fait peser de graves menaces sur l’avenir du Nigeria en tant qu’Etat-nation. L’opération "Ouragan Barbarossa" lancée par le MEND (Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger) marque une escalade de plus dans la guerre que le gouvernement et ce mouvement rebelle se livrent sur fond de richesses pétrolières.

Ce ne sont pas seulement la sécurité des travailleurs du pétrole et la production d’hydrocarbures qui sont en péril. Le plus grand danger vient des risques de sécession que pourraient entraîner une radicalisation des positions, des affrontements plus meurtriers et donc une révolte des populations du delta.

Le MEND dont les revendications paraissent justes- et il n’ y a pas de raison qu’elles ne le soient pas car fondées sur une juste répartition des revenus du pétrole- peuvent rallier à leur action une frange importante de la population locale même celle qui ne partage pas ses méthodes de lutte.

Car tous ne partagent pas l’option de la violence que prône le MEND. Mais on sait aussi quelle réponse les autorités nigérianes ont souvent apportée aux pacifistes. L’auteur Ken Saro-Wiwa fut pendu haut et court par Sani Abacha alors qu’il n’avait que sa plume pour exprimer la spoliation dont sa communauté est victime.

Dans la crise du delta, Abuja semble avoir hésité, à un moment donné, entre le règlement pacifique et l’usage de la force. Pour l’instant, seuls les bruits de bottes se font entendre. Pourtant, le nouveau président nigérien avait promis de privilégier le dialogue en proposant, en mai dernier, d’organiser un sommet sur la situation de la région.

Depuis, plus rien. Visiblement, les partisans de la fermeté ont le vent en poupe, dans un pays où l’armée joue un rôle prépondérant au sein des institutions. Le président, un civil, doit en effet composer avec la hiérarchie militaire, au risque d’endosser seul une plus grande dégradation de la situation. Sans compter que la démocratie dans ce pays est ce qu’elle est, fragile, susceptible à tout moment d’être remise en cause.

Mais on peut aussi expliquer l’intransigeance du gouvernement par sa volonté de ne pas créer un précédent en cédant aux revendications du MEND. Car cela pourrait être interprété comme un signe de faiblesse et donner des idées à d’autres régions ou ethnies tentées par l’irrédentisme. Le pouvoir nigérian est donc face à un dilemme : comment résoudre la crise du delta sans donner l’impression d’abdiquer devant un mouvement armé ? Le temps urge en tout cas de trouver la formule idoine qui préserve à la fois les intérêts des peuples de la région et ceux de l’Etat. Le delta du Niger concentre les gisements de pétrole du pays et le Nigeria en tire 90% de ses devises. C’est donc une région névralgique qui est en proie à la "guerre du pétrole" déclenchée par le MEND.

L’instabilité que connaît le delta demande à être réglée au plus vite. Car, qui sait jusqu’où la pente dangereuse empruntée par le Nigeria peut le conduire, notamment en ce qui concerne son intégrité territoriale ?

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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