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ZIMBABWE : Les défis d’une cohabitation

Publié le mardi 16 septembre 2008 à 04h43min

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Enfin ils se sont entendus. Mieux, ils ont signé un accord portant sur la formation d’un gouvernement d’union nationale qui devrait prendre les rênes du Zimbabwe marqué par une crise socio-politique et économique de plus de 6 mois. Robert Mugabe, le chef de l’Etat zimbabwéen et les deux leaders d’opposition, Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara ont donc fini par taire ce qui les divisait pour s’accorder sur les aspects d’un retour à la normale de la vie politique au Zimbabwe.

Hormis les indécrottables pessimistes et les boutes-au-feu qui tirent une certaine satisfaction machiavélique de la situation de crise, l’espoir est permis pour le pays de Robert Mugabe. C’est pourquoi cette nouvelle aire de cohabitation notamment entre Mugabe et Tsvangirai qui étaient des ennemis jurés, rapprochés finalement par le médiateur Thabo Mbeki, est à louer. Mieux, cette cohabitation qui n’est point une singularité zimbabwéenne est à encourager. Plus que jamais, la presse, qu’elle soit du continent noir ou du Nord doit pouvoir jouer un rôle de premier choix dans ce processus d’apaisement enclenché au Zimbabwe, afin de ne pas avoir à répondre devant le tribunal de l’histoire, comme ce fut le cas au Rwanda avec sa tristement célèbre Radio mille collines.

Même les Occidentaux, avec comme figure de proue, la Grande Bretagne, dont les fermiers se disent spoliés à tort de leurs terres par le Vieux Bob, n’ont plus aucun intérêt à provoquer ou entretenir le chaos au Zimbabwe. En premier chef, Morgan Tsvangirai doit prendre de la hauteur et surtout de l’autonomie par rapport à l’Occident dont on dit qu’il est la marionnette, afin de n’agir désormais que dans le seul intérêt de son pays le Zimbabwe. A quoi lui servirait-il d’être sur une barque et de tirer dessus, ce qui serait contraire à ses intentions, (en tout cas officiellement affichées) de redresser le pays ?

Le nouvel attelage du Zimbabwe a cette double et lourde responsabilité de panser les plaies politiques ouvertes par des positions longtemps restées intransigeantes suite aux élections législatives et présidentielle, mais aussi de relancer l’économie zimbabwéenne minée par une inflation indescriptible. Si Robert Mugabe est qualifié de personnalité forte, il n’en demeure pas moins qu’il a concédé une bonne partie de son pouvoir à un opposant dont il ne voulait même pas croiser l’ombre ou l’image il y a peu de temps. Du reste, cet accord peut permettre à Robert Mugabe 84 ans, d’envisager une sortie honorable. Le héros de la guerre d’indépendance est sans doute conscient qu’il n’est pas éternel.

Des signaux très pertinents venant de son propre parti la ZANU-PF lui rappellent d’ailleurs que sa succession est plus ou moins à l’ordre du jour. A moins d’être partisan de la politique de la terre brûlée, Robert Mugabe doit songer véritablement à sa retraite. Parallèlement, Morgan Tsvangirai a le devoir patriote de lutter maintenant pour la cause zimbabwéenne revivifié par une inspiration africaine, voire nationale. Ce n’est point une capitulation pour lui, encore moins pour son parti, n’en déplaise à l’actuel président du parlement zimbabwéen issu des rangs du MDC. La seule lutte qui vaille aujourd’hui, c’est celle de tirer le Zimbabwe des sables mouvants de l’inflation dans lesquels il s’enlise dangereusement. C’est un appel qui vaut pour l’Occident, car si les embargos et sanctions de toutes sortes ne sont pas levés, c’est l’ensemble du processus de sortie de crise qui en pâtira. Il est temps donc que les politiciens zimbabwéens et la communauté internationale, dans une bonne foi commune sauve ce pays qu’ils ont tous contribué à mettre sur la braise.

Combien de temps durera cette cohabitation ? Que ce soit 18 mois ou 5 ans, il urge de cesser de tirer a hue et a dia dans le débat zimbabwéen, et que chaque partie respecte désormais les règles du jeu. Malgré tout, l’accord reste fragile et demande à être protegé en permanence.

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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