LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Commerce équitable de l’artisanat africain : Quand Bobo s’expose à Bordeaux

Publié le jeudi 11 septembre 2008 à 17h48min

PARTAGER :                          

Claude et Michèle

Mercredi 10 septembre il est 16 heures 15, à la rue Sainte cathérine, l’une des plus fréquentées de Bordeaux, où je buvais tranquillement un coca. Les yeux fixés sur une pancarte indiquant « boutique de l’artisanat africain », je ne vois véritablement ces mots qu’au moment de m’en aller. A 16 heures 35, j’emprunte le chemin, rue Tombe l’oly, me conduisant à la boutique. Après 100 mètres de marche, sur ma droite j’arrivais à destination ... Bienvenue au commerce équitable de l’artisanat africain !

Michèle, la quarantaine et secrétaire trilingue a eu l’idée d’ouvrir une boutique d’artisanat africain après quatre années de chômage. C’était en décembre 2007 : « J’avais marre de travailler aussi pour des patrons, alors j’ai décidé d’ouvrir ma boutique…En plus cela faisait une bonne affaire pour Abdoulaye, qui a pu avoir sa carte de commerçant professionnel », s’enorgueillit elle. Abdoulaye est son fournisseur burkinabè. Il vit à Bobo…

D’environ 30 mètres carrés, la boutique de Michèle ne contient que des objets d’art venus pour la plupart du Burkina : baobab en bronze, bijoux touaregs, bracelets, batiks, bogolans, masques sénoufo, colliers, chaises à palabres… « Je l’appelle commerce équitable de l’artisanat africai, parce que je ne marchande pas les objets que j’achète chez les vendeurs du Burkina. Je leur donne le prix qu’ils me proposent, car je sais qu’il le leur faut pour vivre » explique Michèle. Pourtant elle n’y est jamais allée. Seul son mari, Claude, un agent de banque postal, a fait le voyage par trois fois. C’est aussi lui qui est l’ami d’Abdoulaye.
La première, c’était en 1988 quand Claude a visité le Burkina faso. Il en est revenu avec une décoration, fascinant pour Michèle. Elle qui est originaire de la Loraine, frontalière de l’Allemagne. Surtout, Claude avait pris des contacts intéressants au Burkina, alors que sa femme n’appréciait les hommes et l’artisanat du Faso que des oreilles. Elle qui n’est jamais allée en Afrique.

Il est 17 heures 10. Hamidou vient d’arriver à la boutique de Michèle. Il est Burkinabè, mais réside à Bordeaux depuis 1991. Il y a fait son petit trou de balafoniste. Dimanche dernier, il est allé à Brive, avec son oncle Adams pour un concert. Hamidou est aussi l’ami du couple. Et à partir du 20 septembre, il viendra tous les vendredis soirs donner un cours de percussions pendant une heure dans la boutique.

En revanche Michèle affirme ne pas vivre de sa vente : « Pour le moment ce n’est pas possible d’avoir unerentabilité. Il faut attendre trois ans. Mais en attendant j’ai des aides de la chambre de commerce, en tant que chômeur créateur d’entreprise… », avoue-t-elle. L’objectif du couple, à moyen terme, est de pouvoir récolter des fonds pour la mise en place d’une association d’aide à la scolarisation des enfants de Malbar, près de Gaoua. Ainsi, elle aura son premier voyage au Burkina, qu’elle dit beaucoup aimer.

Sami Bruno Sanogo Gniminou (sanogobruno@yahoo.fr)
Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)