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Nouveau Gouvernement : L’électrochoc n’aura pas eu lieu

Publié le vendredi 5 septembre 2008 à 06h50min

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On attendait les "Tertius boys", mais mercredi soir, l’annonce du remaniement intervenu au sein du gouvernement du Premier ministre a donné l’impression d’une véritable…stabilité dans le progrès continu. En un peu plus d’un an de gestion des affaires, Tertius Zongo en est à son troisième remaniement ministériel. Toujours, semble-t-il, à la recherche d’un cabinet beaucoup plus harmonieux. Mais alors, de quelle marge de manœuvre peut bien disposer un premier ministre désireux de composer une équipe qui réponde à ses attentes ?

La plupart des Burkinabè s’attendait à un profond bouleversement, avec des nouveaux venus en nombre important pour booster un développement pris en étau par la vie chère et les intrigues d’une classe politique qui s’échine à préparer les futures élections. Toutefois, l’équipe annoncée et déjà en activité donne l’impression que tout n’a pas encore été dit. Serait-ce un gouvernement de transition qui ne dit pas son nom ?

En tout état de cause, l’on est en droit de se demander si le premier ministre a réellement les mains libres ? Et ce remaniement, s’imposait-il vraiment ?

Certes, la nature a horreur du vide. Et le portefeuille des Affaires Étrangères ne pouvait guère demeurer longtemps sans titulaire. Aurait-on cherché à profiter de cette opportunité pour renouveler une partie de l’équipe gouvernementale ? Ce gouvernement annoncerait-il un autre ou serait-il destiné à préparer les échéances présidentielles ? En effet, bien des chantiers restent encore à achever. De plus, la vie chère devient de plus en plus préoccupante. Les salaires stagnent mais pas les prix ! En bientôt 21 ans de règne, que peut-on inventer d’autre, avec presque les mêmes ressources humaines ?

En tout cas, on ne sent pas les fameux "Tertius boys" que la rumeur désignait comme devant venir renforcer l’équipe du chef du gouvernement. L’opinion s’attendait à un électrochoc. Qui aurait traduit le souci d’accompagner le premier ministre dans sa détermination à booster l’économie nationale. Du sang neuf était donc attendu qui devait donner encore plus d’espoir aux Burkinabè. À présent, l’homme de la rue se demande si ce remaniement en valait vraiment la peine ? Quelles raisons profondes ont pu motiver à ce point le départ de certains ministres et quelles sont celles qui justifient l’arrivée des nouveaux venus ?

Il est tout aussi vrai que le véritable maître du jeu demeure le chef de l’État. Blaise Compaoré a ses hommes et…son pouvoir. Sous un régime présidentiel comme le nôtre, quoi de plus normal que de voir celui que les électeurs ont choisi de placer à la tête du pays, décider en dernier ressort de qui doit sortir et qui doit entrer dans l’équipe gouvernementale.

Par ailleurs, la crise qui secoue le parti-Etat, le CDP, a-t-elle eu un quelconque effet sur la composition du nouveau cabinet ? On sait que le départ de l’omnipotent et fidèle Salif Diallo avait donné le sentiment que peu de ses partisans garderaient leurs postes, où qu’ils se trouvent. Ceux qui sont dans les secrets des dieux avaient même annoncé que sa sortie signifiait une bouffée d’oxygène pour le chef du gouvernement. Tertius Zongo, ancien ambassadeur en poste au pays de l’Oncle Sam, semblait avoir besoin de plus d’autonomie et d’espace pour prendre son envol. Et depuis qu’il a pris possession des locaux de la rue Agostino Neto, il n’a de cesse de parcourir le pays réel, comme pour s’assurer de l’immensité des tâches à accomplir afin de leur trouver les hommes et les femmes qui conviennent.

On se serait également attendu à voir l’opposition modérée prendre place au sein de la nouvelle équipe gouvernementale. Et pourquoi pas des refondateurs ? Tout comme un grand nombre de technocrates sans affiliation. Des dinosaures sont plutôt demeurés aux commandes.

En revanche, le changement est surtout venu du côté des femmes. Leur nombre a augmenté, comparativement à celui de l’ancien cabinet. La nouvelle venue occupe un poste de taille et hautement stratégique en cette période de vie chère : le budget. Marie Thérèse Drabo-Kéïta recevra-t-elle pour mission de serrer les cordons de la bourse ? Elle aura sans aucun doute fort à faire entre les prétentions salariales des syndicats, les grincements de dents de la ménagère dont le panier est soumis à rude épreuve et les cris d’angoisse des parents d’élèves à la veille de la rentrée scolaire.

Il y eut beaucoup de supputations également sur le départ ou non d’Alain Yoda. Visiblement, l’intéressé qui fait partie des dinosaures du royaume, tient bon. Seul ministre d’État, en plus de figurer parmi les doyens de l’équipe, il a pris tout le monde à contre-pied en… prenant du galon. Désormais chargé des Affaires Étrangères, il devra exploiter son intelligence, sa maîtrise des dossiers, son éloquence et sa prestance pour déployer une diplomatie qui rapporte…gros. Au total, il n’ y a pas eu de new-look. Il y a un léger remaniement technique. L’on a réchauffé de vieux plats et l’on sent à peine la touche du Premier ministre.

Le Pays

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