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Législatives en Angola : Pour que rien ne bouge

Publié le vendredi 5 septembre 2008 à 06h52min

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José Eduardo Dos Santos

C’est aujourd’hui, 5 septembre 2008, que le pays de José Eduardo Dos Santos vote. Après 1 mois de campagne, les 8 millions d’électeurs doivent désigner ceux qui, parmi les 5198 candidats, iront occuper 220 des 223 sièges du Parlement (3 sièges étant réservés aux Angolais de l’étranger). Parmi les 14 partis et coalitions en lice, le tout-puissant Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis 1975, et, loin derrière lui, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), principal parti d’opposition.

Ces consultations, les premières depuis 16 ans, devraient, tous l’espèrent, consolider la paix et le processus de démocratisation. Elles se déroulent dans un pays qui a connu 27 ans de guerre civile opposant le MPLA à l’Unita. On se souvient qu’en 1992, les résultats des précédentes législatives, contestés par l’Unita, avaient ravivé le brasier, que l’on croyait éteint.

Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, et l’Unita, décapitée en 2002 par la mort au combat de son chef charismatique, le Coq noir Jonas Savimbi, a perdu l’essentiel de sa pugnacité. L’ex-mouvement rebelle, dirigé par Isaias Samakuva, semble avoir définitivement tourné la page de la lutte armée et du maquis. Ses plus hauts dirigeants ne diront pas le contraire, eux qui savourent le retour à la vie civile dans les quartiers huppés de la capitale.

Désormais réduit à sa simple expression de parti, le mouvement de feu Jonas Savimbi ne peut pas compter sur la dizaine de partis, aussi petits que divisés, qui composent l’opposition. Pour ces législatives, l’Unita a fort à faire avec son éternel adversaire, le MPLA, qui demeure le superfavori, avec ses presque 3 millions d’adhérents.

Aux affaires depuis maintenant 33 ans, le parti d’Eduardo Dos Santos a largement eu le temps et les moyens de se constituer une base des plus solides, jouant à fond sur son image de bâtisseur.

Il a su s’adjuger les moyens matériels et surtout médiatiques nécessaires à son succès. Ainsi, en début d’année, l’une des deux stations télé de service public a été donnée à une société gérée par deux des enfants du président Dos Santos, au grand dam de l’opposition, qui n’a pas réussi à faire capoter le projet. Un deal sur mesure pour le parti au pouvoir, qui s’assurait ainsi une mainmise sur les moyens de communication et de propagande.

Handicapée par sa faiblesse numérique et dépourvue de moyens, l’opposition reste profondément divisée. A sa tête, le parti d’Isaias Samakuva, qui participe, avec quatre portefeuilles, au gouvernement d’union nationale aura beaucoup de mal à contrer un adversaire aussi puissant que le MPLA.

Le parti de Dos Santos semble donc sur le point d’engranger la majorité des sièges au Parlement et, pourquoi pas, les deux tiers des sièges, qui lui permettront de modifier la constitution pour consolider un pouvoir déjà fort. La victoire du camp Dos Santos est donc très probable sauf si, comme en mars dernier au Zimbabwe, l’outsider profite de la dernière ligne droite pour damer le pion au favori. Tout est possible en démocratie.

H. Marie Ouédraogo

L’ Observateur Paalga

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