Mais comme le faisait remarquer un confrère, les résultats ont été en deçà des attentes. Alors que le maire de Ouagadougou s’attendait à de grands déballages, les habitants ont eu plutôt le profil bas. Personne n’a osé sortir au grand jour les récriminations (et Allah seul sait qu’elles sont nombreuses) contre les autorités municipales de la ville. Rien ne permet d’espérer une autre réaction dans les autres arrondissements. Si donc le motif premier de ces meetings est que les langues se délient, on peut d’ores et déjà considérer que c’est un échec.

En réalité, même les initiateurs de ces rencontres sont conscients que le cadre ne se prête pas aux grands déballages. En outre, les questions de lotissements sont trop sérieuses pour qu’on les cerne en un temps deux mouvements. Simon cherche plutôt à marquer les esprits à un moment où Dame Rumeur évoque de plus en plus la question de son départ de la tête du conseil municipal de Ouagadougou.

En effet, après le limogeage de Salif Diallo, le pivot de la galaxie Compaoré, tous les autres savent que leurs jours pourraient être comptés ; Simon encore plus, si on accorde du crédit aux bruits qui voudraient qu’il soit un protégé de Robodépé.

Et comme le rouleau compresseur est en marche pour broyer tout ce qui est assimilé à Salif, Simon pourrait prendre les devants pour faire une sorte de bilan avant l’heure. Il sait mieux que quiconque que, dans le système, les vaincus n’ont droit à rien, même pas à la possibilité de rendre les civilités à leurs administrés. Les nombreuses populations qui ont bravé le soleil dans l’arrondissement de Nongremassom et qui le braveront ailleurs encore ne sont qu’un décor pour le maire pour exécuter son plan d’action. Sinon, pour résoudre vraiment les questions de lotissements, il n’est point besoin de gigameetings. Pour peu que les maires acceptent de jouer franc-jeu, la question se résout au sein des structures permanentes, créées pour connaître des conflits liés justement aux lotissements. Encore faut-il que les conseillers municipaux aient à cœur de s’occuper de ces questions.

Est-il possible qu’il vienne à l’esprit d’un citoyen de poser sa difficulté à un conseiller municipal, qui plus est président d’un conseil d’arrondissement qui a la fâcheuse réputation de régler ses comptes avec ses administrés par des coups de poing ? La réponse est niet. Les accusations portées contre le maire en question sont peut-être exagérées, mais la hiérarchie du maire Pascal Ouédraogo de Sig-Noghin n’a eu aucune réaction. Le fond du problème, c’est que la gestion de Ouagadougou manquerait d’un peu d’orthodoxie. Si fait que Ouagadougou est une poudrière qui emportera quiconque essayera d’y mettre de l’ordre.

Les tournées (d’adieu ?) de Simon n’y changeront rien. Le mal doit être attaqué à la racine. Pour cela il faut certes une bonne dose de courage. Mais il faut aussi des garanties politiques, choses qui feraient défaut en ce moment à l’homme court de Ouagadougou, en dépit de sa lourde carapace de secrétaire général du tout-puissant CDP. Mais que vaut ce mastodonte quand la FEDAP/BC (avec laquelle Simon ne serait pas en odeur de sainteté) entre en jeu ?

Adam Igor

Journal du jeudi