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Journal du jeudi : dix-sept ans et encore toutes ses dents de lait

Publié le lundi 1er septembre 2008 à 20h31min

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22 août 1991 - 22 août 2008, cela fait 17 ans que le premier Journal du Jeudi (JJ) paraissait. C’est bateau comme attaque d’un article de journal. Mais peut-on résister à la facilité de tomber dans ce lieu commun, ce cliché de scribouillard en herbe ? Pour peu, ça ferait un début de faire-part nécrologique.

Sauf que là on n’a pas dit que JJ nous quittait mais plutôt que JJ paraissait ! Mais c’est sûr, le N°00 du jeudi 22 août 1991 nous a quitté depuis lors, sauf pour ceux et celles qui ont eu la fine intelligence (peulh of course, n’en déplaise aux Bobo) de garder un exemplaire dans leurs archives. Ceux-là se souviendront de ce premier édito APPELEZ-MOI JJ qui proclamait pince sans rire que « cet hebdomadaire d’information (sans jeu de mot cette fois) constitue à la fois un nouveau-né dans les effectifs de la presse burkinabè et une famille nouvelle pour l’ensemble de nos lecteurs ». Un menu digeste à la Une : une analyse (La trans-scission) - en fait, c’était déjà une bien vilaine manière de voir la politique nationale ; de l’économie (La fabuleuse histoire de Coca-cola) - un signe que les boissons alcoolisées des Bobo n’allaient pas faire la « une » et un dossier (santé : pleurer, ça fait du bien) - une façon de dire qu’on va rire et que ça ne fera que du bien à ceux qui seront l’objet de la raillerie. Que de chemin parcouru jusqu’à ce numéro 884 que vous avez entre les mains !

Sans grande prétention (allez, une toute petite quand même sans fausse modestie), le Dromadaire a su se frayer un chemin dans les sables mouvants de la transition démocratique en osant jouer au fou du roi. Le pari d’exister a certes été gagné avec plus ou moins de bonheur dans le difficile challenge de demeurer simplement un journal d’information satirique dans un contexte où l’opposition systématique au régime en place semble être la meilleure recette pour un certain lectorat.

De sa première parution à aujourd’hui, JJ n’a connu que le docteur Honoré, version démocratique, à la tête de l’Etat. Cet anniversaire est aussi le sien donc, lui qui fut le premier modèle des caricatures de JJ. Dommage qu’il soit en ce moment hors du Burkina pour ses vacances, il aurait eu droit à sa part de gâteau d’anniversaire. Ça semble quand même ingrat, une presse satirique : on fait la pub et la promo de quelqu’un dont personne ne voyait jusque-là les détails et il ne se souvient peut-être même pas de la date anniversaire de cette presse-miroir, la seule qui rappelle au Burkina et au monde (urbi et orbi, quoi) qu’il est docteur Honoris causa. Mais loin du Dromadaire l’idée de jouer à la mouche du coche. C’est la preuve, s’il en était besoin, que le Dromadaire ne roule sa bosse pour personne ; pas même pour les Bobo subitement sortis de l’anonymat et qui lui doivent, de ce fait, une reconnaissance nationale et internationale.

En attendant d’être majeur, JJ a encore ses dents de lait pour continuer non pas de croquer, mais de mordiller. Un dromadaire, c’est connu, ça voyage loin et c’est sobre. La preuve, chaque jeudi, vous ne déboursez qu’une broutille pour son foin. Merci quand même.

Journal du jeudi

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