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Présidentielle américaine : McCain préfère les dames

Publié le lundi 1er septembre 2008 à 20h36min

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La course à l’élection présidentielle américaine est entrée dans sa phase décisive avec l’investiture des principaux candidats en lice. Après le démocrate Barack Obama, place au républicain John McCain pour le show et les fortes sensations dont l’Amérique seule a le secret. Et comme l’élection se joue aussi sur la capacité de chaque candidat à frapper l’esprit des électeurs, McCain a fait le choix d’un colistier qui a dû surprendre plus d’un.

Si le portrait-robot de ce vice-président laissait croire qu’il serait forcément moins âgé que Mc Cain, pour rééquilibrer cette image de vieux baroudeur qui lui colle à la peau, on ignorait par contre tout du reste. Le candidat républicain a donc sorti de son chapeau un joker qui se présente sous la forme d’une femme gouverneur de 44 ans, Sarah Palin. Au-delà de la force d’attraction que peut constituer ce vice-président auprès d’une frange importante de l’électorat, les femmes, McCain a osé ce que Obama a évité, c’est-à-dire prendre Hillary Clinton à ses côtés. Ce ticket Obama-Clinton, beaucoup de démocrates en avait rêvé mais pour des considérations que lui seul maîtrise, Obama l’a abandonné. Du coup, son adversaire récupère ce champ laissé en friche, celui qu’en Afrique on appellerait la parité ou le genre.

L’accès des femmes à de hautes responsabilités en politique est un débat très en vogue en Afrique et nul doute que McCain, par son choix, y ravirait la palme de la galanterie. Même aux Etats-Unis, ce choix peut faire mouche auprès des femmes qui pèsent lourd dans l’issue du scrutin. Mais, outre le clin d’oeil fait à l’électorat féminin, le ticket républicain frappe par son atypisme. Sur ce terrain de la hardiesse et de l’originalité , Mc Cain ne voulait pas non plus en laisser le monopole aux démocrates qui, avec Obama, ont créé un vrai séisme politique aux Etats-Unis. C’est donc la guerre des symboles et des images qui fait rage entre les deux principaux partis américains.

Mais après cette phase de parade et de communication, il faudra bien à chaque candidat, Noir ou Blanc, jeune ou vieux, femme ou homme,

faire valoir ses réelles compétences. Les Américains, en électeurs avisés, ne se contenteront pas seulement du vernis artificiel qu’on leur a servi jusqu’à présent. C’est la grande différence entre les Etats démocratiques et ceux qui ne le sont pas, que les électeurs ne soient pas des moutons de Panurge. Ils ont une claire conscience du dirigeant qu’ils estiment le meilleur, en fonction des projets de société des uns et des autres. On est bien loin de l’ Afrique, où dans la plupart des pays, ce sont les achats de conscience, les intimidations et les fraudes qui sont les éléments les plus déterminants pour gagner une élection.

Les qualités des candidats et de leurs programmes importent peu. Ventre affamé n’a point d’oreilles, dit-on. Pauvres et analphabètes, nombre d’électeurs n’ont d’yeux que pour celui qui fait le plus preuve de largesse. Et qui peut faire couler l’argent à flots et impressionner ces populations démunies si ce ne sont les partis au pouvoir ? En Amérique, les lois sont si sévères et la démocratie si ancrée que ces pratiques, même si elles ne sont pas totalement absentes, sont réduites à leur plus simple expression. C’est pourquoi il faut se battre, avoir l’imagination fertile, pour espérer avoir le suffrage des électeurs. Le choix de Sarah Palin comme vice-présidente à la candidature républicaine participe de cette stratégie électorale où tout est réglé comme sur du papier à musique.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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