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Salifou Sawadogo, secrétaire national à la jeunesse du CDP : "Il faut nettoyer l’université de Ouagadougou"

Publié le lundi 1er septembre 2008 à 21h03min

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Salifou Sawadogo

Le ministre de l’Environnement et du cadre de vie, Salifou Sawadogo, est aussi secrétaire national à la jeunesse du Congrès pour la démocratie et le progrès. C’est sous cette dernière casquette qu’il s’exprime ici sur la situation à l’université, au moment où les cours doivent reprendre. Etant hors du pays, il a répondu à nos questions par le truchement d’Internet.

Le Pays : Quelle est la position de la jeunesse CDP sur la situation de l’université de Ouagadougou ?

Salifou Sawadogo : Notre position est qu’il y a une situation artificielle causée et savamment entretenue par l’ANEB. Cette structure syndicale endosse la responsabilité de ce que vivent les étudiants. L’ANEB est responsable de la fermeture de l’université et des restaurants universitaires à Ouagadougou. Du fait de ses agitations à des fins politiciennes, les étudiants se retrouvent dans un état de dénuement total. Et après avoir mis les étudiants dans la promiscuité, elle a l’hypocrisie et le culot de proposer à certains d’entre eux des logements et des repas gratuits. Mon œil !

L’impasse observée au cours de l’année académique passée n’est-elle pas plus le fait de la politisation à outrance de l’U.O que de l’intransigeance des étudiants ?

Parfaitement. C’est de coutume de voir l’ANEB mettre des positions d’ordre politique au devant des préoccupations réelles des étudiants avec pour subtilité de masquer cela. L’ANEB et ses mentors qui conçoivent et exécutent les actions anarchiques et anti-éducatives doivent cesser d’abuser du plus grand nombre. D’où viennent tous ces moyens financiers et matériels de l’ANEB pour prendre en charge des étudiants sans logis ? A travers ses déclarations, l’ANEB cite des donateurs qui font suite à son appel de soutien. Si le ridicule pouvait tuer !

Je voudrais sincèrement demander aux messieurs de l’ANEB et leurs gourous tapis dans l’ombre d’arrêter de prendre en otage l’avenir et le devenir des élèves et étudiants du Burkina Faso. Mettez fin au terrorisme intellectuel et physique exercé dans les campus. Cessez d’abuser l’écrasante majorité des étudiants honnêtes qui ne cherchent qu’à faire de bonnes études à l’université et donc à achever l’année académique.

Les revendications des étudiants sont-elles toutes infondées ?

Ecoutez, les choses me semblent claires. Oui, il y a un hiatus entre les effectifs importants et les infrastructures disponibles.

Le gouvernement s’attelle à trouver des réponses à court et moyen termes et dans les limites des possibilités financières. Oui, il nous faut préserver les franchises universitaires pour une éclosion fertile de l’intelligentsia au Burkina Faso.

Mais que l’on se comprenne. Les franchises universitaires ne sont pas à confondre avec une extra-territorialité de l’université. Elles ne sont pas à confondre avec une situation de terreur imposée et organisée par une minorité d’étudiants à une majorité silencieuse qui ne demande qu’à suivre les cours.

Des franchises universitaires où il est permis de frapper des étudiants qui refusent de suivre des mots d’ordre de l’ANEB, où des professeurs sont mis en insécurité, on n’en veut pas et il n’y en aura plus.

S’agissant des dérogations, il y a matière à épiloguer. Juste un exemple pour me faire comprendre : l’étudiant Oumarou Hebié, un des responsables de la corporation ANEB en SEA, exige une dérogation pour passer sa 7e année à l’université pour une maîtrise qui s’acquiert normalement en 4 ans. Le sieur Hebié est resté 3 années de suite en année de licence. Oumarou Hebié est par ailleurs membre du Conseil d’administration de l’université au titre des étudiants et en sa qualité de « représentant spécial de l’ANEB ». Et il n’est pas seul ! C’est lui et ses semblables qui gonflent les effectifs et sont les premiers à crier qu’à l’université il faut être debout à 4 h du matin pour disposer d’une place à l’amphithéâtre et apporter avec soi un tabouret. C’est cynique de la part de l’ANEB ! Il faut procéder à un nettoyage du campus et permettre seulement à ceux qui veulent véritablement étudier de le faire et dans des conditions plus acceptables.

Les étudiants rencontrent certes des difficultés, mais ils doivent prendre conscience qu’ils sont parmi les privilégiés de la société burkinabè. Ils ont, pour certains, à Ouaga, des logements décents à 4 000 F CFA/mois ; ils peuvent disposer d’un repas complet (entrée, plat central et dessert) à 100 F CFA à Ouaga ; ils payent 15 000 F CFA de scolarité au premier cycle contre 60 000 F CFA minimum dans les lycées privés. De grâce, aux honnêtes étudiants, je leur conseille de suivre les cours avec assiduité et ne pas traîner leur bosse au campus comme le doyen Hebié, prototype même de l’étudiant politique de l’ANEB.

Que fait le CDP pour une situation apaisée sur le campus ?

La jeunesse du CDP appelle à plus de responsabilité de la part des étudiants ; qu’ils soient avertis et qu’ils évitent de se faire conduire dans l’impasse par l’ANEB. Les étudiants doivent se rappeler constamment que l’ANEB a eu le triste mérite de provoquer une année invalidée en 1999-2000.

La jeunesse du CDP appelle à une reprise des cours le 1er septembre 2008 et dans la sérénité.

Comment voyez-vous la rentrée qui s’annonce ?

La rentrée s’annonce bien. La fermeture aura permis de créer des conditions nouvelles pour une université plus studieuse. La clôture en construction évitera que des personnes étrangères à l’université aient accès au campus pour des actions non académiques. Nous saluons la présence du service universitaire de sécurité sur le campus. Que les honnêtes étudiants qui ne demandent qu’à disposer du savoir se rassurent. Le service universitaire de sécurité n’est pas là pour vous mater comme le laisse croire l’ANEB. Il est plutôt en place pour permettre à cette majorité des étudiants, aux professeurs et aux personnels de soutien de vaquer en toute quiétude à leurs activités sur le campus, de lutter contre les vols et les violations répétées et impunies de l’espace universitaire. Naturellement, il s’en prendra aux casseurs de biens publics et autres vandales en gestation.

Comment les jeunes du CDP vivent-ils de façon générale, la situation qui prévaut au sein du parti et dont on dit qu’elle est tendue ?

Il n’y a pas de tension au CDP. Mais ceux qui rêvent de voir le CDP en difficultés ont leurs ornières.

Vous sentez-vous concerné par les critiques émises par les « refondateurs » conduits par des ex-CNPPistes sur le fonctionnement du parti ?

Je suis membre de la Direction nationale du CDP et je ne peux me permettre d’émettre dans vos colonnes mon sentiment à ce sujet. Je vous invite à vous référer aux communiqués de presse du parti y relatifs.

Entre le CDP et la FEDAP-BC, pour qui balance aujourd’hui le cœur des jeunes CDPistes ?

Les jeunes du CDP ont leurs cœurs qui battent constamment pour Blaise Compaoré.

Propos recueillis par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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