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Les élucubrations de Toégui : Refondateurs du CDP… retour sur le matin des gros cailloux

Publié le jeudi 28 août 2008 à 09h59min

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Il ne le fait pas souvent mais quand il se met à « élucubrer », difficile de l’arrêter. Un mélange de faits historiques et d’imagination fertile, d’ironie et d’allusions perfides, le tout débité sur un ton badin. Comme pour banaliser les vérités que son stylo crache. Dommage que « l’élucubration » ne soit pas une discipline olympique, sinon Toégui aurait, à coup sûr, été médaillé d’or. Jugez-en donc par son dernier numéro.

Toégui ! Toujours Toégui ! Encore et encore ! J’élucubre, donc je suis ! Zoutez-moi du gnontoro

“Le Tuk-guilli. Quand on parle de Tuk-guilli il y en a qui grincent des dents sur l’Avenue Kwamé-N’KRUMAH. Ils grincent des dents pour cacher leur joie car en réalité ils aiment bien le Tuk-guilli. La preuve qu’ils aiment le Tuk-guilli là-bas, c’est qu’ils ne font rien pour l’arrêter.

Au contraire le Tuk-guilli, ils le sèment à tout vent. Dans les assemblées, les conseils, les communes, les mairies d’arrondissement, les comités Villageois. La dernière manifestation du Tuk-guilli s’est déroulée sous nos yeux à la barbe et au nez du BBDA, le gardien de la propriété intellectuelle.

Voilà, nous en avons été tous témoins, c’est Hermann, Soumane, Ram, Alain ZOUBGA, Clément DAKUO, qui ont été les premiers à accoucher de ce concept de la REFONDATION. Et pour être sûrs de garder leur chose, très vite ils se sont autoproclamés REFONDATEURS, au grand dam de Monsieur LAROUSSE et de Toégui l’idiot.

Ainsi, et Monsieur de LA PALICE serait bien d’accord, avant la REFONDATION il n’y avait point de REFONDATEURS et avant les REFONDATEURS il n’y avait point de REFONDATION. Ni ici au Faso ni nulle part ailleurs.

Même pas dans le pays de Monsieur le PETIT ROBERT. Disons, au risque de nous répéter que la REFONDATION et les REFONDATEURS sont sortis du néant de par la seule volonté d’Hermann et de ses amis. De par la seule volonté de Soumane et de ses amis. Que la REFONDATION soit …….. ! Et les REFONDATEURS furent !

Donc, dans l’imagerie populaire, comme l’est le COLLECTIF, comme l’est le G14, comme le fut l’OBU, comme l’est le GROUPE JUSTICE et DEMOCRATIE…., la REFONDATION et les REFONDATEURS sont une structure de l’opposition et ce n’est pas la présence de un ou deux « UN PIED DEDANS UN PIED DEHORS » qui y change quelque chose.

Les REFONDATEURS se sont mis immédiatement à l’œuvre, parcourant le pays pour annoncer la bonne nouvelle. Hermann a parlé, Alain ZOUBGA a parlé, Clément DAKUO a fait le retour à Doumbala. Soumane TOURE a été vu très près du Pô-pê. Honneur suprême, les leaders de la REFONDATION ont été reçus par l’Empereur des Mossés et par Monseigneur COMPAORE.

Ce n’est pas rien. Ce n’est pas tous les jours que ces deux autorités morales reçoivent des responsables politiques de l’opposition au vu et au su de tous pour discuter d’un sujet d’intérêt national. De quoi faire grincer des dents sur Kwamé- N’KRUMAH, mais grincer vraiment alors.

La Refondation apparaissait comme une nébuleuse

Cette rencontre constituait en effet une caution de poids et les REFONDATEURS n’ont pas caché leur joie à l’issue de l’entretien. Dès lors le message passait de plus en plus, les gens commençaient à mieux connaître la REFONDATION. Enfin, mieux connaître, c’est une façon de parler.

En réalité dans l’esprit de beaucoup, la REFONDATION apparaissait comme une nébuleuse, un concentré de Conférence Nationale Souveraine, de Forum National, d’Assises à la Maison du Peuple et de Collège des Sages. Alors ils se dirent que si la REFONDATION est tout cela à la fois, il n’y avait pas de raison de ne pas y adhérer.

Et le pays entier entra dans l’ère de la REFONDATION et des REFONDATEURS. Tout baignait comme l’avait dit l’autre. Jusqu’à ce matin où tout à coup soudain brusquement, pour parler comme Nobila Cabaret, le CDP brandit lui aussi ses REFONDATEURS, semant la confusion totale et sans que cela ne trouble le sommeil du BBDA.

Et on ne parla plus que des REFONDATEURS du CDP, on n’entendit plus que les REFONDATEURS du CDP, on ne vit plus que les REFONDATEURS du CDP. Pour faire vrai, pour faire passer la pilule dans l’opinion, le CDP affubla ses REFONDATEURS d’un nouveau nom : les EX-CNPPistes.

Alors commença la grosse mise en scène. Sur toutes les radios, toutes les télés, dans toute la presse écrite, il n’y en avait que pour le CDP et ses REFONDATEURS. On ne lésina pas sur les formes dans ce matraquage de l’opinion. Conférence de presse des REFONDATEURS du CDP, contre-conférence de presse du Bureau Politique National du CDP.

Déclaration tonitruante des REFONDATEURS du CDP, contre-déclaration tonitruante du Bureau Politique du CDP. La presse s’en donna à cœur joie. Les maquis et les salons aussi. Et une expression revint souvent à propos des soi-disant REFONDATEURS : « C’est bien fait pour leur gueule ! »

Bref ! Le scénario concocté par le think tank de l’Avenue Kwamé-N’KRUMAH avait réussi. Du coup on oublia les vrais REFONDATEURS et la vraie REFONDATION. Black out total sur les REFONDATEURS historiques. De la REFONDATION de Hermann et de Soumane, de la REFONDATION des « mauvais garçons », silence radio, silence télé.

Cette REFONDATION, il fallait vite la tuer dans l’œuf avant qu’elle ne devienne autre chose, car si on savait comment elle a commencé, on ne savait pas comment elle peut finir. C’est ainsi que ce qui risquait de devenir une affaire nationale a été réduite à une affaire de parti. Une affaire qui sera vite oubliée avant même le Congrès du CDP, ce fameux Congrès à venir. Les cerveaux de l’Avenue Kwamé-N’KRUMAH ont fait du bon boulot.

On aurait même pu dire « opposant gagnant-gagnant »

Raisonnement d’élucubreur dites-vous ? Alors pourquoi croyez-vous que le CDP ait donné ce nom REFONDATEUR aux frondeurs de son parti, un nom qui n’est pas courant quoi qu’on dise… Un nom qui est comme une marque déposée ?...Ce n’est pas la première fois que des militants sont en rupture de ban avec la hiérarchie de leur parti et jusque-là on a eu le choix entre plusieurs mots pour les désigner.

Il y a réformateur…, rénovateur…, réformiste, frondeur, insurgé, révolté, rebelle. Pour faire intello-branché, on aurait même pu dire “opposant inclusif ” ou “opposant gagnant-gagnant”. Qu’on se le dise donc, c’est le Tuk-guilli - le tout ou rien -, qui a fait son œuvre. Ils ont bien été dupés ceux qui croyaient que 12 ans de mariage socialo-communiste peuvent être effacés facilement sur un simple coup de REFONDATION.

Et le CDP, c’est ce grand parti composé d’ODPistes CNPPisés et de CNPPistes ODPisés. Morte la REFONDATION, morts les REFONDATEURS. Bravo aux stratèges de l’Avenue Kwamé- N’KRUMAH.

Mais il faut quand même dire qu’ils ont fait vite. Trop vite. Ils ont gâché notre plaisir en ne nous laissant pas le temps de suivre l’évolution des REFONDATEURS historiques. Sont-ils toujours à 9 ou leur nombre s’est-il agrandi, et de combien ?

Touchons du doigt, mais on se demande en effet si dans le laps de temps quelque membre du genre « un pied dedans un pied dehors » ne s’est pas attiré les foudres de ROCH MARC CHRISTIAN, soumis à une autocritique publique et sommé de quitter ses horribles REFONDATEURS sans demander ses restes. Certains écarts de conduite sont inadmissibles au CDP.

Histoire de « RIFONDITION et de RIFONDATERRE là je ne mets pas mon bouche dedans », dirait encore Nobila Cabaret. Moi non plus je ne m’occupe pas de REFONDATION ni de rien d’autre. Si le gnontoro est bien cuit, je suis bien.

Mais là où moi Toégui je m’insurge, c’est lorsque les stratèges de l’Avenue Kwamé-N’KRUMAH parlent d’EX-CNPPistes pour désigner leurs REFONDATEURS. C’est un abus de langage qui prête à confusion. Au CDP il n’y a pas d’EX-CNPPistes. Il n’y a que des CNPPistes CDPisés. Les Ex-CNPPistes, c’est nous, nous autres qui cultivons notre jardin depuis 1996.

De la CNPP, nous sommes les plus nombreux. Plus nombreux que les CNPPistes CDPisés et les CNPPistes PDPisés. Nous sommes des milliers, peut-être un million, plusieurs millions peut-être. On a jamais été ministre …député ….ambassadeur….questeur….vice-président. On n’a jamais été machin-machin ni éminence grise.

On ne connaît pas la route de Kosyam. Pour tout dire, on n’a jamais levé le coude. Nous sommes libres comme le vent. On n’a pas été PDP mais il nous arrive de le regretter.

Oui, j’ai été CNPP et je l’assume. Et je vais remonter le temps pour vous parler d’une chaude journée d’il y a une quinzaine d’années. De cette journée, nous en avons déjà causée mais j’y reviens parce que c’est de l’histoire. De l’histoire il faut y passer et y repasser.

Pour les jeunes de l’ANEB et pour les autres, il faut expliquer que la CNPP, c’était ce grand parti, la Convention Nationale des Patriotes Progressistes. Un parti politique reconnu en France et à Navarre comme un parti Social-Démocrate et agréé par l’International Socialiste.

S’ils ne comprennent toujours pas, il faut leur dire que nous sommes les premiers Socio-Démocrates du pays dénommé HAUTE-VOLTA, aujourd’hui BURKINA FASO. S’ils ne comprennent toujours pas, il faut leur dire en de mots simples qu’avant le CDP il y eut la CNPP.
Nous marchions allégrement, comme des démocrates

Donc, un jour à la CNPP, nos chefs, au nombre desquels Pierre TAPSOBA, Marc YAO, Moussa BOLY, nous avaient conviés à une marche démocratique sur l’historique Avenue bien connue de tous les marcheurs démocrates du Faso pour obtenir la tenue d’une Conférence Nationale Souveraine. Aujourd’hui on dirait pour obtenir une REFONDATION. Rien que ça.

Nous marchions allégrement, comme des démocrates, résolument, comme des démocrates.

Nous ne tapions pas sur des « casseroles vie chère », nous ne chantions pas non plus « Burkina Faso yaa…. nooma nooma » cet air de Bobaraba décalé chanté en mochichi avec l’accent Baoulé.

Nous ne proférions pas de méchancetés. De temps à autre, juste quelques amabilités à l’adresse de l’ARDC et de Soumane TOURE, mais des amabilités comme seuls savent en faire les démocrates. Dans cette ambiance bon enfant nous ignorions que dans les « 6 mètres » de l’ex-siège du FESPACO, abritant à ce jour le Conseil Economique et Social, étaient tapis tels les FARC de Colombie, des centaines de CDR acquis (pléonasme ??).

Tout à coup soudain brusquement, comme dirait encore Nobila Cabaret, ils surgirent des « 6 mètres » rappelant les Cobras, les Scorpions et les Ninjas de Brazzaville Poto Poto et du Pool. Puis des cris rappelant ceux que les Indiens SIOUX poussaient autrefois au cinéma. Et les cailloux commencèrent à pleuvoir. De gros cailloux de granit provenant probablement de Balolé, derrière Pissy. Une attaque.

Nous étions attaqués par les CDR de l’ODP. Sans doute croyaient-ils que nous voulions prendre le palais de Koulouba. Mais comment l’aurions-nous pu, nous avions les mains nues ? Et nous étions des démocrates, pas des Talibans. Mais ce n’était pas le moment de se poser des questions.

Autour de moi, c’était la panique générale. Les gens couraient sur la gauche, puis sur la droite, allaient devant, revenaient derrière dans un grand vacarme. Soudain la voix de Pierre TAPSOBA retentit dans le haut-parleur. « Sauve qui peut ! » Il baragouina aussi quelque chose en Mochichi à laquelle je ne compris rien mais qui était certainement la traduction de « Sauve qui peut ! ». Alors on entendit de tous côtés « Wii ! Wii ! :»

(Au secours ! Au secours ! En mochichi) et des « M’mayé ! M’mayé ! » (Maman ! Maman ! En mochichi). Des démocrates en débandade, il faut le voir pour le croire. Le défaut des démocrates, c’est qu’ils sont trop démocrates. Non violents invétérés ils ne savent pas rester et faire face.

Notre ancien bon général lui-même avait dit : « …quand on me provoque trop, je m’adosse et je cogne… ». Or, quand les autres menacent, le démocrate prend aussitôt ses jambes à son cou et agite vivement le drapeau blanc.

Pierre TAPSOBA n’eut donc pas besoin de répéter son mot d’ordre. Comme un seul homme nous prîmes la fuite à toute allure, vidant la place des Nations unies. Cap sur Paspanga via l’école Ouaga-Centre. Pas en marathoniens, mais en sprinters.

Les CNPPistes, des poltrons, des couards ? Vous pouvez le dire, vous n’avez jamais été pris en chasse par une horde de CDR non repentants armés de gros cailloux de derrière Pissy. Ça tue, un caillou de derrière Pissy.

Ailleurs, à Gaza ou à Beyrouth-Est par exemple, lorsqu’il y a du grabuge, les policiers ou même les militaires chassant le Hezbollah utilisent des balles en caoutchouc. Ça fait mal mais ça ne tue pas. Même chez nous, les “enfants de Simon” ou même ceux de DIENDERE – Ta gueule Toégui ! – n’utilisent guère que du lacri.

Mais un caillou de derrière Pissy à la nuque ou au front et vous êtes “cadavéré”. En outre, on le voit à la télé, on l’a vu dernièrement avec l’ANEB et les DIENDERE boys – Ta gueule Toégui – quand vous dispersez des manifestants et qu’ils prennent la fuite à toutes jambes il ne faut pas les poursuivre.

Il faut s’arrêter, parce que les fuyards ne sont pas des délinquants recherchés par la police. Mais non, les camarades CDR nous couraient après, plus on courrait et plus ils courraient après nous en nous lançant leurs cailloux.

Et pas de petits cailloux notez bien. Tout en courant je voyais au loin en tête de course Pierre TAPSOBA, Marc YAO, Moussa BOLY et Mathieu OUEDRAOGO. Ils n’étaient pas seulement de bons parleurs, ils étaient aussi de bons sprinters. Objectif, Paspanga !

Ce maudit matin des gros cailloux

Après le Lycée ZINDA, un peu avant l’école Ouaga-Centre j’aperçus le Président Alfred KABORE qui avait visiblement des ennuis. Il boitillait – Parvenu à son niveau je l’entendis qui me disait dans une complainte : « A moi Toégui ! A moi ! Des crampes, j’ai des crampes Toégui ».

Je voulus m’arrêter pour lui porter secours quand j’entendis les cris de la meute. Ils fonçaient sur nous à l’aide d’un camion « bâché » plein de cailloux de Balolé. Comme dans une vraie guerre. Mon Président jeta un coup d’œil derrière, les vit, poussa un cri et repartit d’un sprint comme quelqu’un qui n’avait jamais eu de crampe.

Je fis de même. Ce n’était pas du jeu. Les camarades CDR n’avaient pas que des cailloux, ils avaient aussi des fouets. Et ils n’avaient pas l’air de comprendre quelque chose à la plaisanterie. Moi s’ils m’avaient attrapé j’aurais beau décliné ma qualité d’élucubreur ils m’auraient fait sûrement passer un mauvais quart d’heure.

En me lisant, peut-être vous moquerez-vous de moi. Mais je vous le dis le plus sérieusement du monde. En ce maudit matin des gros cailloux, j’ai failli vraiment perdre ma peau pour la CNPP.

Vous connaissez la villa sise à l’angle du mur du Lycée ZINDA et du canal des bouquinistes ? Quand les CDR donnèrent l’assaut, je crus bien faire en escaladant le mur de la villa pour échapper aux projectiles et aux loubards du CDP qui venaient de tous côtés. Mal m’en pris.

Dès que j’eus atterri dans la concession, j’aperçus un malabar avec des cicatrices du Zounweogo aux joues et tenant un gros chien en laisse. Le vrai immigré Moaga du Mosstenga réel. Le type de dawa pas bien malin, très utile dans les travaux d’intérêt commun mais qui pourrait vous tuer si jamais on lui donnait l’ordre de vous bâtonner. Le gardien de la maison.

Il fonça sur moi avec son clébar en vociférant : « Dahors ! Dahors ! Chorti dahors ! Chorti dahors ! » Je ne me le fis pas dire deux fois et d’un bond je me retrouvai dehors plus vite que je n’étais entré et je mis le Cap sur Paspanga, longeant le canal.

Bien entendu, j’avais pris du retard sur la troupe. Devant moi, des milliers de Patriotes Progressistes. Je reconnaissais Marc YAO. Il ne regardait ni à gauche, ni à droite. Droit devant. On ne produit pas du pétrole à Koupèla chers amis !

Question aux jeunes de Zogona et aux autres aussi : la Conférence Nationale Souveraine, savez-vous ce que c’est ? C’est la REFONDATION sans les REFONDATEURS ou encore la REFONDATION populaire généralisée. C’est ce que revendiquait la CNPP autrefois. Cette CNPP divisée aujourd’hui en CNPPistes CDPisés et en ex-CNPPistes tout court.

Ainsi va la vie, dit toujours Passek-Taalé. On ne produit pas du pétrole à Koupèla. Partis de la Place des Nations unies, c’est sur l’Avenue 56 que prit fin notre chevauchée. Juste à côté de l’infernale centrale de la SONABEL.

Epuisés, certains d’entre nous se laissèrent tomber sur le bitume, un peu étourdis, ne comprenant pas très bien ce qui leur était arrivé, et respirant bruyamment pour retrouver leur esprit. Personne ne causait. Bolibana !

Comme c’est curieux ! Nous ne nous étions pas concertés auparavant et voilà que nous nous sommes tous retrouvés sur l’avenue 56, aux feux de la SONABEL. Chacun avait dû se donner pour objectif d’atteindre Tanghin-Barrage pour échapper à ces CDR enragés. C’est sûrement ce qu’on appelle l’instinct de survie !


Bolibana

Puis un groupe d’une vingtaine de Patriotes Progressites nous rejoignit. Il y avait entre autres le Président Mamadou SIMPORE, Anatole KIENDREBEOGO, prince de Larlé, ministre et ensuite secrétaire général adjoint de l’OUA. Ils venaient du Pont Kennedy. Comment ça ?

Quel Pont Kennedy ? Vous ne connaissez pas le Pont Kennedy ? C’est le pont situé entre le barrage n°2 et le barrage n°3. Vous avez bien compris, ils avaient pris de l’avance sur le peloton. Aucun d’eux ne portait de chaussures.

C’est en les regardant que je m’aperçus que je n’avais pas non plus de chaussures. Comme Francis CABREL chantait à sa dulcinée dans “A L’ENCRE DE TES YEUX”.

Quelqu’un leur demanda :
- Comment avez-vous fait pour arriver avant nous et même continuer jusqu’au Pont Kennedy ?
- Quand Pierre TAPSOBA a donné l’alerte, nous, nous sommes passés par le Lycée ZINDA, expliqua le Président SIMPORE.
- Par le Lycée ZINDA ? Vous voulez dire que vous avez traversé l’établissement ?

- Tout à fait. Nous n’avions pas le choix, alors nous avons mis en pratique la théorie qui dit que la ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre. Bon, ce n’était pas le moment de polémiquer, certains de ces CNPPistes sprinteurs avaient vécu un peu trop longtemps à l’étranger.

Ils ignoraient par conséquent que ce principe de « ligne droite - plus court chemin, » c’était avant le 4 août 1983. Il y a longtemps qu’un capitaine commando a battu en brèche cette théorie en faisant la démonstration que pour aller de Ouagadougou à Pô le plus court chemin n’est pas celui qu’on croit. A mon tour je posai la question suivante :
- Mais comment avez-vous fait pour traverser la cour du Lycée aussi facilement.
- Nous courrions en chantant : « Damma Damma ! Damma Damma ! »

- Pas bête ça …Donc les lycéens vous ont pris pour des pensionnaires du Conseil ?
- C’est ça. Une surprise m’attendait lorsque je voulus regagner mon logis aux environs de 14 heures via la route de Bobo. Un peu au-delà du CBC je rencontrai Olivier KINI ex-Ambassadeur à Moscou tenant une chaussure en main et cherchant visiblement la deuxième chaussure le long des caïlcédras. Je l’abordai.

- Mais d’où viens-tu KINI, on ne t’a pas vu sur l’Avenue 56 ….
- Sur l’Avenue 56 ? Comment ça ?
- Quand les cailloux ont commencé à pleuvoir nous nous sommes dirigés en bloc sur Paspanga.
- Pas possible ! Nous, nous avons plutôt mis le cap sur Gounghin.
- Sur Gounghin ? Tu veux dire que de la place des Nations unies vous êtes partis jusqu’à Gounghin ?

- Mais oui, t’as pas vu ces cailloux ?
- Et vous êtes partis en courant ?
- Bien sûr, ils étaient déchaînés ces CDR.
- D’accord…. Mais tout de même, un Excellence qui court … et en plein centre-ville …
- Excellence, Excellence, qui est fou !

Triste sort que celui de la CNPP. Une aile du parti s’est faite hara-kiri en vendant son âme aux communistes. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. L’autre aile, celle des papys est aux soins palliatifs pour avoir choisi délibérément de ne pas organiser la relève.

Il va mourir,… il va mourir le PDP !!! Et c’est le moment qu’aurait choisi Etienne TRAORE de partir si on en croit Passek Tallé et il serait loin d’être le seul. Alain ZOUBGA a claqué la porte avec fracas, en plein jour et s’en est allé créer un autre parti portant le sigle “REFONDATION”.

Le Docteur Pierre BIDIMA n’assisterait plus aux réunions. Alain Nindawa SAWADOGO broie du noir. Quel autre quadra-quinqua- intello voyez-vous encore au PDP ? Pas quand même très filial de la part de ces Rénovateurs. On ne quitte pas un papy sous perfusion. J’ai pris mes distances avec tous les beaux-parleurs

Il ne faut pas verser trop de larmes sur la dépouille de la CNPP. La CNPP était un parti né pour mourir. Il ne pouvait en être autrement. Que les gars de l’Amphi 600 de Zogona sachent aussi que s’il n’y avait pas eu la Révolution il n’y aurait pas eu de CNPP. La CNPP ne pouvait que durer le temps de la Révolution.

Ceux qui fréquentaient le siège du parti à Samandin comprennent ce que je veux dire. La CNPP était un melting pot de partis politiques. Des Houphouëtistes de la section Voltaïque... des UNDD de l’épopée de 78…. des Fronts de Refusards disciples de JOWEDER… des MLN de souche dont le leader était en exil au Sénégal… et beaucoup d’autres citoyens sans parti politique qui voulaient juste en découdre avec des “Albanais” parce qu’on leur avait révélé qu’ils étaient des ennemis du peuple.

La voiture calcinée de Halidou OUEDRAOGO est restée longtemps près du siège de la CNPP. Ex-CNPP, Ex-CNPPistes, CNPPistes CDPisés, CDPistes CNPPisés…de quoi vraiment y perdre son latin. La CNPP, ce parti pour lequel on a failli me donner en sacrifice à un chien.

Peut-être que si ce gros chien Arabe m’avait mangé, il m’aurait tué. Et s’il m’avait tué, probablement que je serais mort. Et si j’étais mort je ne serais pas là assis en train d’élucubrer. Fini le gnontoro. Et tout cela à cause d’un parti qu’on appelait CNPP. Il faut dire qu’à l’époque j’étais totalement ignorant. Personne ne m’avait dit qu’on ne produit pas de pétrole à Koupèla.

Maintenant que je le sais j’ai pris mes distances avec tous les beaux- parleurs. Je ne suis ni CNPPiste CDPisé ni ODPiste CNPPisé. Le gnontoro il n’y a que ça de vrai. C’est terminé le temps où on usait et abusait de moi. Par exemple l’autre jour ils sont venus me voir avec beaucoup de plants. Je leur ai demandé :

- C’est quoi ces trucs ?
- Du jatropha, c’est le nouvel arbre miracle qui fera de toi un milliardaire.
- Du quoi ?
- Du jatropha.

Je pris un plant et le portai à mes narines…Comme une odeur de pétrole et de gasoil. Alors je leur dis :
- Bon, çuilà, je prends. Et l’autre, qu’est-ce que c’est ?
- Du wanbbangma Je poussai un cri.

- Du wanbbangma ? Foutez-moi le camp et vite. Du wanbbangma ! Ils ne savent pas ce que c’est que le wanbbangma, moi je sais. C’est une plante qui contient de l’arsenic dans sa sève, ça tue. Et puis, braves gens, dites-moi un peu : est-ce que le wanbbangma sans Salif DIALLO, c’est le wanbbangma ?

Ce n’est pas parce que des ministres jouent au wanbbangmaculteur le temps d’une photo que je vais me laisser prendre au Wanbbangmania. Oui, messieurs les ministres, le wanbbangma, c’est vraiment l’arbre miracle tant qu’on n’en vit pas. Planter le wanbbangma c’est plus marrant quand on le fait en survêtement PUMA devant RFI, la Voix de l’Amérique, la BBC et la TNB. Hé ! Hé !

Planter le wanbbangma devant des centaines de spectateurs qui vous regardent comme si vous étiez Moumouni DAGANO, je peux le faire. Hé ! Hé ! Oui, l’écologie en jandjobant, moi je peux le faire aussi Hé ! Hé !


Ces cultivateurs du dimanche en chapeau américain

Ces cultivateurs du dimanche en jean et chapeau américain, se rendant au champ en “Tout-terrain” me rappellent ce procès d’un Tribunal Populaire de la Révolution …sous la Révolution bien évidemment.

Un rond-de-cuir gros et gras était à la barre. Son chef d’inculpation : il avait reçu des millions de francs en guise de subvention d’Etat pour développer ses activités agricoles. Dans son plaidoyer, il exposa au Tribunal combien il aimait les travaux champêtres, combien il aimait la verdure, les bouses des vaches… et patati et patata.

Dans son envolée il finit par lâcher : « Je suis un paysan dans l’âme… ». Colère des juges TPR qui faillirent l’amener au poteau n°5. « Quoi, que dites-vous ?... Ne vous moquez pas du peuple…Vous n’avez pas l’honneur d’être un paysan. Vous n’êtes qu’un vulgaire exploitant agricole, ennemi du peuple… ».

Donc je vous disais que depuis que je sais qu’on ne produit pas du pétrole à Koupèla je ne me laisse plus avoir ni par un CNPPiste CDPisé ni par un ODPiste CNPPisé. Désormais je revendique mes droits. Faites comme moi et n’écoutez donc plus les écolos de luxe.

Par exemple vous avez appris que l’oncle BUSH nous a fait cadeau de beaucoup de « liguidi ». Je n’en connais pas le montant mais à ce qu’on m’a dit c’est de l’argent tellement beaucoup qu’on ne peut pas finir de le manger. On mange, on mange et ça ne finit pas. Alors moi, cette fois je veux ma part de wari et en espèces sonnantes et trébuchantes.

Je ne me laisserai pas faire comme avant. Je le vois à la télé tout ce liguidi qu’on donne pour bouffer. Des pétrodollars, des arabesdollars, des chinoisdollars, des Kadhafidollars et moi je n’en vois jamais la couleur. Toujours la même chanson. Quand je demande ma part, on me répond que c’est fini. Qu’on a déjà tout mangé. Fini ? Comment ça ?

Est-ce que beaucoup d’argent peut finir ainsi alors que moi j’ai toujours faim et soif ? Quand c’est pas Faso Baara qui a pris ma part c’est Ladji goudron. Quand c’est pas les vaccinations YODA c’est le PDDEB d’Odile BOUNKOUNGOU. Non, le liguidi est là, je veux ma part et sans intermédiaire, de la main de Jean-Baptiste COMPAORE à ma main.

Et puis ce gombo de Bush, en connaissez-vous le montant ? On vous a dit que c’est deux cent combien de milliards ? Mais c’est ce qu’on vous a dit. On ne vous a pas tout dit. Hé ! Hé ! Moi je connais le vrai montant, c’est bien plus que ça. Je le tiens d’une source digne de foi, proche du cabaret de Yempoaka. Je connais du monde, moi. Hé ! Hé !

Oui ma part de pognon du Millinium Challenge quoi quoi quoi ou je fais un malheur. J’abdique face à la vie chère, je cesse de lutter contre ma pauvreté, je libère mon diable créateur pour qu’il entre dans Simonville et essaimer la pauvreté généralisée.

Mon diable vous le reconnaîtrez facilement, il n’a plus de queue, moi non plus. A force de nous tirer réciproquement la queue, il a perdu la sienne, j’ai perdu la mienne. Il commencera sa mission par Kwamé N’Krumah avant de se diriger sur la Cité des Mogho-Puissants.

Vous voilà prévenus. Alors, ça vient ce wari ? Sinon je pourrais même être plus méchant en décrétant la fin des élucubrations. Que ferez-vous de votre Simonville sans Missié Goama, sans Nobila Cabaret et sans Toégui ? Vous n’auriez plus que des beaux parleurs sprinters et un gros et gras diable sans queue.

Pour vous amuser un peu vous serez bien obligés d’engager une seconde guerre des casques et le deuxième épisode de la lutte contre les chambres de passe. Ça donnera un peu de joie au 20 Heures de la TNB mais ça ne vaudra pas les élucubrations de Toégui.


La chasse aux chambres de passe, quelle comédie !

La chasse aux chambres de passe, je me marre ! Il demande une parcelle à la mairie pour y habiter, il en fait un bordel. Il demande une deuxième parcelle pour y habiter, il en fait un bordel. Il demande une troisième parcelle pour y habiter, il en fait un bordel. Puis une quatrième.

Puis une cinquième. Et on dit qu’on ne peut rien faire ! N’y a-t-il donc pas un Laurent BADO dans le Conseil Municipal ? 5 jours lui suffiraient. Je pense souvent à cette folle journée des gros cailloux dès que je revois la villa située au coin du mur du Lycée ZINDA près des “librairies par terre” bordant le canal. Je revois ce gros chien qui voulait me bouffer.

C’était un chien Arabe diplomatique, m’a-t-on dit plus tard. C’est dire qu’il m’aurait mangé cadeau, fort de son immunité diplomatique sans payer des dommages-intérêts à Madame Toégui. Il m’aurait mangé cadeau d’autant plus qu’à Koupèla on ne produit pas du pétrole.

Avec le recul, je me dis que ce raid des CDR de l’ODP avait été prémédité et minutieusement préparé. Les gros cailloux de granite, il a fallu tout de même aller les chercher derrière Pissy ou même à Laongo, avec des « Peugeot bâchées » auxquelles on avait ôté les plaques d’immatriculation.

Ces cailloux, il a bien fallu les extraire, les concasser, les découper en morceaux, les charger dans les « bâchés » regagner Ouaga et aller se tapir dans les « 6 mètres » de la Place des Nations Unies. Qui était le maître d’œuvre d’une telle opération ? Plusieurs noms de suspects sérieux me viennent à l’esprit.

Salif DIALLO ? Non, son heure n’était pas encore arrivée. Il n’était que l’homme de l’ombre d’un futur redoutable Enfant Terrible. Simon COMPAORE ? Non, il n’était que Simon COMPAORE, pas encore Tébguéré.

Basile GUISSOU ? Non, son truc c’est les fusils, pas les cailloux. Mahama SAWADOGO ? Non, on ne peut être scribe et cailloux. Achille TAPSOBA ? Non, Docteur es-Débats radio-télé, pas cailloux. Léonard COMPAORE ? Non, docteur es-Débats télé-radio, pas cailloux.

ROCH ? Ne mêlons pas Roch à des histoires de cailloux. Et même si c’était Roch et que je vous disais que c’est Roch, est-ce que vous me croiriez ? L’Ayatollah ? Voyons voir …Passez-moi ma boule de cristal. L’Ayatollah, l’Ayatollah…J’y vois rien dans ma boule de cristal. Y a comme des ombres, c’est flou.

L’Ayatollah ? Oui, j’y vois. L’Ayatollah ? Non ! L’Ayatollah ? Oui ! L’Ayatollah ? Non ! Nous disons en conclusion que c’est non. Vous m’avez bien compris ? C’est non et non !

Emile PARE ? Vous avez bien lu, il s’agit du même Emile PARE parce qu’il n’a pas toujours été PPS. Il n’a pas toujours été MPS l’Emile. Il n’a pas toujours été PDP. Il n’a pas toujours été OBU. Il a été aussi CDR… Un CDR comme il en fallait à l’époque. Mais ce n’est point Emile, mon frère n’est pas un terroriste. Quelqu’un qui boit du gnontoro ne peut-être Al-Quaeda.

Kilimité HIEN ? A la vérité je ne sais plus si au moment des faits il était toujours au Secrétariat général des CDR. Ce qui ne veut pas dire que si à l’époque des faits il était au Secrétariat général des CDR, c’est lui.

Simon COMPAORE … On avait déjà répondu non ? Oui ! Mais c’est non mais… Hello, Mister Tébguéré ! Tuk-guilli or not Tuk-guilli, that is the question ! Je n’ai pas oublié un suspect sérieux ? Qui d’autre voyez-vous ? Que dites-vous ? Le Naaba machin ? Non. C’est non. Quand même pas. Ou alors ce serait la fin de la Naabacratie.

Par moments quand je me regarde longuement dans le miroir, j’ai peur. Et si à force de jouer à l’élécubreur je devenais élucubreur pour de vrai. La question me préoccupe parce que l’autre jour on m’a présenté à un gars en 4x4 qui, après m’avoir regardé longuement l’air compatissant a dit : « C’est lui Toégui ?

Oh là là ! Regardez sa bouche, il a vraiment la tête d’un élucubreur ». Si c’était le conducteur d’une voiture lambda qui me l’avait dit je ne me serais pas inquiété. Mais c’était un gars en 4x4 et un gars en 4x4 ne peut se tromper.

Une autre fois aussi dans une rue de Dassasgho des enfants ont arrêté de jouer au ballon pour me suivre en scandant : « Bonjour monsieur élucubreur ! Bonjour monsieur élucubreur ». Je me savais élucubreur mais je ne savais pas que cela se voyait à distance.

Tout sur le parfait Enfant Terrible

Mais si je me fais du souci ce n’est pas tant pour moi. Moi je me sens bien dans ma peau d’élucubreur. C’est à cause de mon oncle Tougolo. Il me croit Enfant Terrible à Wogdogo. Déjà, quand j’étais tout petit il avait prédit : « Tu seras Enfant Terrible, mon garçon ».

C’est lorsque je suis arrivé à Simontenga, quand j’ai découvert les Refondateurs, les Réformateurs, les Rénovateurs, les Consensualistes, les deux pieds dedans un pied dehors, le Tube digestivisme intégral et le Cube maggi inclusif, que j’ai renoncé a être Enfant Terrible. Mais mon oncle Tougolo ne le sait pas.

Il pourrait me tuer s’il le savait. Il a égorgé tant et tant de chèvres pour faire de moi un Enfant Terrible. Un jour il m’a annoncé qu’il venait me voir à Simontenga, et j’ai vraiment paniqué. J’ai dû m’entraîner des jours durant devant un grand miroir pour avoir le look d’un Enfant Terrible.

J’avais comme support un livre intitulé « Enfant terrible. Comment le devenir et le rester. » Je l’ai reçu d’un cousin émigré résidant à Mama, près de Gagnoa. Dans ce livre on trouve vraiment tout sur le parfait Enfant Terrible, avec des exercices et des travaux pratiques. Je n’ai pas eu de difficultés particulières sur les chapitres de “la revue des troupes” et la “marche sur le tapis rouge”.

Une fois néanmoins on a frôlé l’incident. J’avais sollicité le concours d’un camarade de gnontoro de surcroît gros mangeur. Il devait jouer le rôle de “Tube digestif-Cube maggi”. Mais mon type avait trop bien joué son personnage. Un moment donné pour simuler la courbette il s’était tellement baissé qu’il m’a tendu son postérieur gros comme la pastèque de la moto KAIZER à la Télé.

Je ne sais pas pourquoi mais en voyant cet attribut si proéminent qui s’offrait à moi je n’ai pas pu m’empêcher de lui envoyer mon coup de pied au cul…. avec des souliers et toute la force d’un Enfant Terrible.

Aujourd’hui encore quand on se rencontre il caresse instinctivement ses fesses et me demande : « Dis Toégui, tu m’avais pris pour un vrai tube digestif ou quoi ? » Et moi je lui réponds : « Non, je m’étais pris pour un vrai Enfant Terrible. »

Mais revenons à mon oncle Tougolo qui avait prévu un destin d’Enfant Terrible à son petit Toégui chéri. Car un jour il a quand même fini par arriver à Simontenga, mon tonton. Très vite il s’est aperçu que je n’étais pas un Enfant Terrible malgré les airs que je prenais.

Je marchais comme un Enfant Terrible mais je n’avais pas les yeux d’un Enfant Terrible. Et ce qui devait arriver arriva. Un soir, au 20 Heures de la TNB apparut l’Enfant Terrible titulaire, en tenue d’apparat avec toute sa cour autour. Mon oncle demanda.
- C’est qui ce type
- Lequel ?

- Celui à qui les autres sourient avec des battements de mains
- C’est l’Enfant Terrible.
- Comment ça l’Enfant Terrible, c’est l’Enfant Terrible d’où ça ?
- L’Enfant Terrible de partout.

- Mais enfin Toégui, je n’y comprends rien à ton histoire. Vous êtes combien d’Enfants Terribles ?
- Nous sommes deux.
- … ?... ?

- Un jour c’est lui, un jour c’est moi.
- Toégui il n’en est pas question. L’Enfant Terrible c’est toi et pas quelqu’un d’autre. Il n’y a pas deux Enfants Terribles dans un bateau.
- Tonton, c’est que…

Je voulais lui parler du lion qui mange un mouton chaque matin mais il me coupa la parole en criant.
- On n’a pas égorgé tous ces moutons et ces chèvres pour que tu sois un demi Enfant Terrible.

Il faut que tu rentres au Samogo Faso au plus vite. Je sais ce qu’il y a à faire, on va doubler les doses des potions. Tu m’entends ? On va…. Il s’interrompit. A la Télé un groupe de femmes en uniforme autour de l’Enfant Terrible.

Elles mangeaient du riz gras et de gros morceaux de viande en buvant du zoom koom et du lembourgui, elles dansaient, chantaient « tokigba, tokigba… waarba-waarba waarba-waarba ». Mon oncle les regarda longuement et demanda :
- C’est quoi ça ?

Je gardai mon calme. Surtout ne pas s’énerver avec mon oncle Tougoulo.
- C’est des femmes.
- Je vois que c’est des femmes, mais qu’est-ce qu’elles font ? Ne vous énervez pas non plus, il est ainsi, mon oncle. Il a parfois de ces questions…

- Mais vous ne le voyez pas, mon oncle ? Elles dansent, elles chantent, elles mangent, elles boivent.
- D’accord mais qui sont ces femmes ?
- C’est les Tanties de l’Enfant Terrible, mon oncle.
- Qu’est ce que tu racontes là ? Les Tanties de l’Enfant Terrible ? Tant de Tanties pour un seul homme ? Tu me prends pour un con ? (Aïe !!) Et toi ou sont tes Tanties ?

- Je n’en ai point, mon oncle.
- Que dis-tu ? Tu n’as pas de Tanties ? Toégui, il n’en est pas question. L’Enfant Terrible, c’est toi, pas quelqu’un d’autre. On n’a pas égorgé tous ces moutons et toutes ces chèvres pour que tu sois un demi-Enfant Terrible à Simontenga. Tu vas vite rentrer au SamogoFaso.

Nous allons égorger davantage de moutons et davantage de chèvres, nous allons doubler les potions, nous allons corser les décoctions. Tu vas en boire, tu vas en manger, tu vas te laver avec et on va voir ce qu’on va voir. L’Enfant Terrible, c’est nous ; les Tanties, c’est pour nous. Toutes les Tanties, c’est pour nous. Tu m’entends, Toégui ?

- Oui tonton, je vous entends mais vous ne comprenez pas. Vous ne comprendrez jamais. Je ne veux pas être Enfant Terrible, moi. C’est élucubreur que je veux être. Elucubreur c’est au-dessus d’Enfant Terrible. Heureusement que l’Enfant Terrible consacré ignore le plaisir qu’il y a à être élucubreur… il me prendrait ma place.

Mais il faut que je vous présente mes excuses pour deux vilains mots. Celui que, dans sa colère, mon oncle Tougolo a employé et surtout celui que j’ai employé pour parler des chambres de passe. Chambres de passe…

C’est l’appellation consacrée pour désigner les bordels de Boulmiougou non ? Moi, je dirais “maisons closes”….pour mon côté garçon bien élevé. On m’a parlé d’un Président Directeur général fondateur tenancier de chambre de passe, fonctionnaire à ses heures libres qui voulait intenter un procès en diffamation contre Tébguéré…

« Vous vous rendez compte, il m’accuse de gérer des maisons de passe. Moi, des maisons de passe ? C’est un scandale. Je ne tiens point de maisons de passe, j’offre des chambres de loisirs ».

Savez-vous si la nouvelle Présidente du Conseil supérieur de la communication a pris fonction ? A sa place je déclarerais Toégui l’élucubreur persona non grata chez Nakibeugo…et interdit de lecture aux Papys.

Minute ! Pas si vite. La morale qui agonise au Faso n’est pas la même morale pour tous. Et puis zut ! Ces chambres de passe, c’est des bordels oui ou non ? Faudrait-il toujours avoir peur des mots même quand ils sont utiles pour se faire bien comprendre ? ! Zoutez-moi du gnontoro.

Charles GUIBO
L’Observateur Paalga

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