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Union pour la Méditerranée : Le conflit Israélo - arabe, une menace pour le projet

Publié le mercredi 27 août 2008 à 09h47min

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Le Guide libyen Muammar Kadhafi a qualifié le projet de l’UPM "d’éffrayant et dangereux" pour l’Union africaine et la Ligue arabe.

A l’initiative du président français Nicolas Sarkozy, une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement de pays riverains de la Méditerranée se sont réunis le 13 juillet 2008 à Paris pour porter sur les fonts baptismaux l’Union pour la Méditerranée. Un projet ambitieux dont la réalisation ne se fera pas sans embûches.

Le projet de rapprochement des deux rives de la "mare nostrum" ou Méditerranée a été lancé en 1995 sous le nom de processus de Barcelone, encore appelé Euromed. Il s’agissait de renforcer la Coopération économique et sécuritaire entre les 15 pays de l’Union européenne (UE) et les autres pays du pourtour méditerranéen.

Le processus de Barcelone, malgré la volonté de la France et de l’Espagne, connaîtra finalement un échec, surtout du fait de l’insuffisance de volonté politique des autres pays membres. C’est le président Nicolas Sarkozy, nouvellement élu, sous l’impulsion de son porte-plume Henri Gaino, qui émettra l’idée de l’Union pour la Méditerranée (UPM) lors de son discours de Tanger, le 23 octobre 2007. Dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, Sarkozy parvient à rassembler à Paris le 13 juillet 25008, 43 chefs d’Etat ou de gouvernement pour le sommet fondateur de L’UPM. Les 27 pays de l’UE sont tous membres.

La nouvelle institution repose sur six projets mobilisateurs : la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes maritimes et terrestres, l’énergie et la coopération économique. Son organisation est fondée sur une co-présidence entre deux dirigeants, un de la rive nord et un autre de la rive sud. Les présidents français et égyptien sont les deux premiers co-présidents. Le coup diplomatique de Nicolas Sarkozy, c’est d’avoir réussi l’exploit de réunir autour d’une même table, des "frères ennemis" comme l’Israélien Ehud Olmert, le Palestinien Mahmoud Abbas, le Libanais Michel Sleiman, le Syrien Bachar Al-Assad, l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, le Tunisien Zine Ben Ali...

Au niveau des absents, figurent particulièrement le président libyen Muammar Kadhafi qui a vertement critiqué le projet. Le Premier ministre belge, Yves Letermme empêtré dans des problèmes internes et le roi du Maroc, Mohamed VI ont envoyé des représentants.

La difficile cohabitation au Proche-Orient

Si le projet de l’UPM est bien beau, il est à craindre que le conflit israélo-arabe ne mette en péril cette union. Tant que ce problème ne sera pas réglé, on s’imagine mal comment l’UPM parviendra à réaliser ses objectifs de coopération. En outre, malgré la présence des chefs d’Etat arabes et israélien à Paris, le protocole diplomatique, l’absence de photo de famille à la fin du Sommet, indiquent que toutes les Nations ne sont pas encore prêtes à réchauffer leurs relations. Le problème palestinien demeure le nœud gordien pour la réussite de l’UPM. 

Le cycle de violence-attentats-repression-assassinats ciblés a élu domicile au Proche-Orient depuis longtemps et a la peau dure. Les différentes négociations s’apparentent à un travail de sisiphe. Depuis l’espoir allumé par les Accords de la paix d’Oslo jusqu’à nos jours, en passant par les Accords de camp David signés sous l’égide des Etats-Unis, aucune négociations n’a permis de ramener véritablement la paix dans cette partie du globe. Pire, las d’affronter l’ennemi commun israëlien, les deux partis palestiniens, Fatah et Hamas s’entredéchirent à Gaza. Le statut de Jérusalem, troisième lieu Saint de l’islam n’est pas non plus réglé.

Alors que bon nombre de pays arabes n’entendent pas faire la paix avec Israël tant que la question de Jérusalem se posera. Le problème israëlo-syrien avec l’occupation du plateau du Golan par l’Etat hebreux devra aussi trouver une solution. Par ailleurs, les querelles d’indépendance du Sahara Occidental entre le Maroc et l’Algérie, le conflit chypriote entre Grecs et Turks, l’emprise de la Syrie sur le Liban, devront être remédiés par l’Union pour la Méditerranée si elle ne veut pas être une coquille vide. Il faudra donner aussi des gages supplémentaires à l’Allemagne de Angela Merkel qui avait vu l’UPM au début comme un risque de fragilisation de la dynamique de l’UE.

Les inquiétudes africaines

Des leaders africains à l’image des présidents libyens et sénégalais se sont érigés contre le risque de division que l’UPM peut créer au sein des pays africains. Pour Abdoulaye Wade, l’Union constitue une source de division entre l’Afrique noire et l’Afrique blanche, tandis que Kadhafi souligne le danger de séparer le Maghreb et le reste de l’Afrique plus que ne le fait le Sahara. Des propos qui, à bien y voir ne sont pas dénués de tous fondements.

En effet, tiraillé entre plusieurs organismes d’intégration, certains pays opèrent finalement un choix. On peut citer à cet effet l’exemple de la Mauritanie qui s’est officiellement retirée de la CEDEAO au profit de la Ligue arabe. Des intellectuels africains pensent avec justes arguments, que "le bébé de Sarkozy" a vu le jour pour lutter contre l’immigration africaine en Europe et favoriser l’exploitation des ressources africaines dans le cadre d’une coopération économique inéquitable.

En effet, cette coopération servira en grande partie aux puissances industrielles européennes qui pourront s’installer facilement dans les pays africains membres et freiner à l’avancée de la Chine et de l’Inde sur le continent noire. L’Union pour la méditerranée n’est pas encore mise en chantier que des difficultés et des inquiétudes s’élèvent.

Pour ne pas subir le sort du processus de Barcelone, elle doit s’inspirer de l’Europe qui, sortie de la deuxième guerre mondiale, meurtrie et déchirée, a su transcender les divisions, enterrer les rancœurs et envisager l’avenir dans une même direction. La pacification du Proche-Orient est un des préalables. En plus, l’UPM devrait considérer l’ensemble des pays africains dans un cadre global de partenariat.

Bachirou NANA

Sidwaya

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