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Programme alimentaire mondial : Des activités génératrices de revenus pour promouvoir l’autonomisation des personnes vivant avec le VIH

Publié le mercredi 27 août 2008 à 09h20min

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Confucius disait : "quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner du poisson". Le Programme alimentaire mondial (PAM) au Burkina Faso entend mettre en pratique cette célèbre citation à l’intention des personnes infectées ou affectées par le VIH (PvVIH). En effet, depuis 2004, le PAM apporte un appui alimentaire aux PvVIH dont l’objectif est de réduire l’impact de la maladie sur la sécurité alimentaire des ménages touchés, mais aussi de préserver le statut nutritionnel des personnes infectées afin de ralentir la progression de la maladie.

L’appui apporté par ce programme consiste en une distribution de rations alimentaires mensuelles équilibrées composées de céréales, de haricot, d’huile, de sel, de sucre et de farine enrichie en protéines et micronutriments (corn and soya blend (CSB). Pour ce faire, le PAM s’appuie sur la société civile à travers un réseau de 39 associations de lutte contre le VIH/Sida réparties sur tout le territoire burkinabé.

Ce programme enregistre des résultats encourageants. Une étude d’impact réalisée en 2007 a d’ailleurs montré que l’état nutritionnel des personnes assistées par le PAM, en particulier celui des Orphelins et enfants vulnérables (OEV) et des personnes infectées par le VIH s’était nettement amélioré par rapport à des personnes présentant les mêmes caractéristiques socioéconomique et de santé mais ne bénéficiant pas de l’aide alimentaire du PAM. En outre, les carences en micronutriments (en particulier la vitamine A et le fer) sont également moins fréquentes chez les personnes bénéficiaires de l’assistance du PAM. Par ailleurs, la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation est plus faible chez les ménages assistés même si elle reste très élevée.

Une mission d’évaluation de l’appui du PAM/Burkina aux PvVIH a été organisée du 2 au 5 octobre 2007, Celle mission a pris acte des bons résultats du programme mais elle a également recommandé que le PAM s’engage dans la mise en œuvre d’une stratégie d’autonomisation des personnes assistées pour que celles-ci ne soient pas dépendantes de l’ aide alimentaire toute leur vie.

C’est dans cette logique que le PAM/Burkina a organisé à Orodara, en juillet 2008, une session de formation de 5 jours sur la mise en œuvre d’ARG au profit de ses associations partenaires. Cette formation a permis de renforcer les capacités des partenaires associatifs en matière de conception, de gestion et de suivi d’ARG viables.

Le président d’une association partenaire confirme : "Cette formation du PAM fera date dans le milieu de la lutte contre le VIH/Sida. C’est une formation adaptée aux besoins des associations à base communautaire et qui répond à des attentes exprimées depuis des années par la société civile. En effet, beaucoup de PvVIH ont perdu leurs actifs productifs à cause de la maladie et des dépenses qu’elle a engendrées pendant des années mais les compétences techniques sont là et il suffit d’un coup de pouce pour que la personne redevienne autonome financièrement. Surtout que les ARV sont maintenant à des prix abordables et permettent d’avoir une vie presque normale".

Par ailleurs, une donation de 750 000 USD du gouvernement du Japon au PAM/Burkina a pu être partiellement utilisée pour initier un projet pilote dans la ville de Bobo-Dioulasso afin d’appuyer la mise en place d’AGR et de renforcer les capacités des gestionnaires d’AGR en matière de comptabilité, gestion, marketing etc. Sept (7) associations partenaires de la ville de Bobo-Dioulasso sont ainsi en train de finaliser la rédaction des plans d’affaire des différentes AGR qu’ils souhaitent initier. Ils ont été appuyés par une consultante internationale du PAM qui a passé une dizaine de jour sur place pour les guider dans le choix des AGR à retenir, dans la réalisation de l’étude de faisabilité ainsi que dans l’élaboration des comptes d’exploitation prévisionnelle.

La responsable AGR d’une des associations partenaires témoigne : "Nous avions en tête de faire une AGR bien précise depuis très longtemps dans l’association et avec le financement japonais du PAM, nous pensions que c’était l’opportunité de la mettre en place. Pourtant, grâce aux techniques et outils que nous avons acquis au cours de la formation organisée par le PAM et à l’appui technique que nous avons reçu, on s’est rendu compte que l’AGR qu’on voulait mettre en place n’était en fait pas rentable. Nous avons donc opté pour une autre AGR. La formation nous a permis d’éviter d’investir dans une activité qui n’aurait permis de générer des bénéfices".

Les projets d’AGR en cours d’élaboration couvrent des domaines très divers : de l’embouche porcine, à la menuiserie, en passant par l’élevage de poules, la location de camions, de bâches, de chaises, la production de lait de soja, etc. La plupart des AGR vont être réalisées par l’association elle-même pour garantir une plus grande pérennité de l’activité et les bénéficiaires du PAM infectés ou affectés par le VIH/Sida seront employés au sein de cette AGR et régulièrement rémunérés.

Début septembre 2008, les différents dossiers seront examinés par un panel de sélection et les associations auront l’opportunité de venir défendre oralement leurs dossiers devant le panel. Le PAM bénéficiera pour ce faire de l’appui du PAMAC (Projet d’appui du monde associatif et communautaire) et de la JICA (Japanese international cooperation agency).
A l’issue du comité de sélection, les projets réalistes et rentables seront retenus dans la limite du budget imparti et des protocoles d’accord seront signés avec les associations pour que les AGR puissent démarrer d’ici à la fin de l’année 2008.

Grâce à ce projet-pilote financé par le gouvernement du Japon, le PAM/Burkina prévoit qu’environ deux cents (200) PvVIH seront devenues autonomes sur le plan alimentaire. Le succès de ce projet-pilote devrait permettre au PAM/Burkina de bénéficier d’autres appuis financiers pour que l’ensemble de ses associations partenaires puissent mettre en place des AGR rentables.

Sidwaya

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