Il est environ 10 heures. Karamoko Sanogo, chef de canton de Lanfiéra, entouré des notabilités, accueille dès l’entrée du bourg, Tertius Zongo et sa forte délégation composée des ministres Joseph Paré, Laurent Sedogo, Amadou Maïga, des députés de la localité, des autorités provinciales.

Les salutations d’usage protocolaire durent environ 20 mn. Le chef de canton, ancien président de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France, gratifie le public d’un cours d’histoire : la création du canton de Lanfiéra, les affres de l’ère coloniale à ce jour. Il termine par les difficultés des producteurs liées à la mal gouvernance des associations des producteurs.

En guise de réponse, Tertius Zongo rassure les uns et les autres du dispositif déjà mis en chantier pour stopper net cette gangrène entretenue à dessein.

A la suite de cet échange, des signes laissent déjà présager les difficultés des producteurs. Le cortège s’ébranle sur les sites aménagés.

5 heures environ d’horloge, Tertius Zongo, le Premier ministre "paysan" visite six sites aménagés. Avant d’arpenter les sillons des producteurs sur des kilomètres à pied par moments, le flair l’oblige à échanger d’abord avec les techniciens pour comprendre les rudiments et ou techniques agricoles.

Selon les informations recueillies, on retient que l’Etat a investi plus de 30 milliards de F CFA sur des sites aménagés de 30 000 hectares dont 3 000 hectares seulement sont exploités. Tertius Zongo a été séduit par endroits par l’ingéniosité de quelques producteurs quant à la technique de conservation de certains produits de consommation tels les oignons, les techniques modernes de pompage d’eau sur les sites etc. L’enfant de Doudou, comme un enfant de chœur, écoute religieusement la litanie de doléances égrenées par les représentants des producteurs.

En réponse aux différentes sollicitations, Tertius Zongo, de l’avis des témoins, ne caresse pas les producteurs dans le sens du poil. Il se dit très content d’être parmi les producteurs pour toucher du doigt leurs préoccupations. A contrario, le Premier ministre s’insurge contre la spéculation. Avant d’enfoncer le clou, il livre une information capitale qui provoque les clameurs du public : L’axe Didyr - Toma - Tougan sera bel et bien bitumé.

Qui aime bien châtie bien. Tertius Zongo assène ses vérités aux producteurs : "Vous êtes une classe de privilégiés." Il martèle, chiffre à l’appui, que l’Etat a consenti 10 millions de francs CFA pour que chaque producteur soit installé sur ces sites. Il ne comprend pas qu’en retour les producteurs soient incapables de payer leurs redevances de taxe d’aménagement estimées à 10 000 F CFA/an. En plus, leurs productions sont en deçà des attentes.

Laxisme généralisé

Malgré les moyens modernes mis à leurs dispositions, les producteurs sur ces sites aménagés accusent un retard, quant au repiquage des semis. La question relative à l’arrivée tardive des engrais et autres est battue en brèche. Tertius Zongo dénonce aussi le laxisme généralisé tant au niveau des producteurs que du personnel d’encadrement. "Peu-t-on construire un lycée agricole pour des producteurs qui ne constituent pas pour l’instant des modèles ?" Toutefois, il promet de les accompagner dans la commercialisation de leurs produits en les impliquant dans les Chambres régionales d’agriculture.

Quant au personnel d’encadrement, le Premier ministre Tertius Zongo s’insurge contre leur manque de vision et leur inefficacité. Six encadreurs pour 3000 hectares (ha), Tertius Zongo s’indigne aussi contre la direction de l’AMVS délocalisée à Ouaga : "On ne peut pas s’asseoir à Ouagadougou puis vouloir encadrer les paysans au Sourou." Tonnerre d’applaudissements !

Toutefois, il promet dans les prochains jours de trouver des solutions idoines à cette situation. Le Premier ministre, sa suite et les techniciens visitent quelques champs de maïs, de papayers, de bananes, de riz, de certaines personnalités telles que le Président du Faso (50 ha), du Premier ministre lui-même. De l’avis de Tertius Zongo, cette visite sur ces sites ne doit pas constituer une source d’extrapolation à souhait. Il entend ainsi rappeler à chaque responsable à quelque niveau qu’il soit, sous l’onction du chef de l’Etat, ses origines paysannes. Il encourage pour ainsi dire le retour à la terre.

La visite du Premier ministre au Sourou se termine sur une note de satisfaction malgré certaines insuffisances qu’il a relevées. L’objectif étant d’aider à mettre sur le marché de la consommation des produits de première nécessité. Aussi Tertius Zongo entend-il toujours encourager et valoriser la profession de producteur agricole.

Par Salifou PARKOUDA (Collaborateur)

Le Pays