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Mauritanie : Le baroud d’honneur de l’Union africaine

Publié le mercredi 27 août 2008 à 10h10min

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Photo des chefs d’Etats de l’Union Africaine

L’Union africaine a été, avec la Ligue arabe, l’une des organisations qui ont envoyé des émissaires à Nouakchott au lendemain du coup d’Etat du général Mohamed Ould Abdel Aziz, pour mieux comprendre les raisons de ce retour en arrière qui, heureusement, s’est opéré sans coup de feu ni effusion de sang.

Trois semaines après ce changement de régime par la force, le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, s’est rendu personnellement en Mauritanie, histoire de mieux s’imprégner de la situation. Si les émissaires de l’organisation sont allés écouter la junte et retourner rendre compte à qui de droit, Jean Ping ne s’est pas contenté de cela. En effet, sur un ton très édulcoré, il a demandé, d’une part, la libération du désormais ex-chef de l’Etat, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, qui est en résidence surveillée depuis le 6 août, date du putsch et, d’autre part, son rétablissement dans le fauteuil présidentiel.

Alors que l’on s’attendait à ce que le président de la Commission de l’UA réitère avec fermeté sa condamnation du coup d’Etat conformément aux textes de l’organisation, l’on a beaucoup plus assisté à un ménagement de la junte. Officiellement, il n’a pas été question de sanctions ni de pressions pour amener la junte à remettre le pouvoir au président démocratiquement élu.

La fermeté affichée par l’UA au lendemain du putsch s’est subitement estompée au cours du séjour du premier responsable de la commission de l’organisation panafricaine. Sans doute au contact de la réalité, Jean Ping s’est-il rendu compte d’une certaine réalité qu’il ignorait depuis ses bureaux d’Addis Abeba. Dans ces conditions, faut-il toujours continuer à crier haro sur le baudet ? Ne faut-il pas tout simplement faire preuve de réalisme, de bon sens ?

En diplomate chevronné, le "Chinois" a dû donc tenir un discours circonstanciel qui a consisté à ménager pratiquement tout le monde. Autant la junte n’a pas été égratignée, autant le président déchu n’a pas été oublié. A preuve, la demande de sa libération et son rétablissement dans le fauteuil présidentiel même si, de plus en plus, ceux qui exigent cela ne croient pas que les généraux puissent l’accepter.

En tout état de cause, c’est trop demander aux putschistes que de leur dire de se faire hara-kiri en remettant aussi facilement le pouvoir. Tout au plus peuvent-ils faire une concession sur la libération de l’ancien président mais, certainement à une et à une seule condition : que ses partisans se calment, cessent d’exiger le retour aux affaires de celui dont la propre majorité des hommes politiques ont, paradoxalement, salué le renversement.

Le nouveau pouvoir ne voudrait certainement pas prendre le risque de se retrouver dans un pays avec deux chefs d’Etat car rien ne garantit que l’ancien président, une fois libre de ses mouvements, ne soit tenté de former son propre gouvernement. Et pour ne rien arranger, il y a cette déclaration de condamnation du nouveau régime par Al Quaida au Maghreb.

Le gage en question ne peut être donné que par les partisans de l’ancien président dont on comprend l’attitude mais qui, tout de même, doivent faire preuve de réalisme et mettre de l’eau dans leur vin. Ils doivent se dire et surtout accepter que la page Ould Cheikh Abdallahi, aussi belle qu’elle a pu être, est irrémédiablement tournée. Mais est-ce pour autant que le grand livre "Mauritanie" soit fermé et rangé pour de bon ? Il reste bien d’autres pages à écrire ou à lire par tous les Mauritaniens.

Par Séni DABO

Le Pays

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