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Le Premier ministre dans la Vallée du Sourou : "Que le directeur général et les ingénieurs de l’AMVS résident sur le site"

Publié le lundi 25 août 2008 à 13h39min

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Tertius Zongo ne s’est pas contenté d’une vue d’ensemble des exploitations, il a tenu à descendre dans les champs.

Dans le cadre de sa tournée pour apprécier le déroulement de la campagne agricole 2008, le Premier ministre Tertius Zongo a sillonné les espaces aménagés de la Vallée du Sourou le 22 août dernier. A l’occasion, il a visité des champs et remonté les bretelles à certains producteurs et responsables des lieux.

Cinq heures d’horloge, c’est le temps qui a été nécessaire au Premier ministre burkinabè, Tertius Zongo pour prendre le pouls de la saison agricole sur les espaces aménagés dans la Vallée du Sourou, une localité située dans la Boucle du Mouhoun à environ 250 km de Ouagadougou. Ce périple du chef du gouvernement s’est déroulé le vendredi 22 août 2008, et a drainé une forte délégation dans laquelle, le ministre en charge de l’Agriculture, Laurent Sédégo ainsi que de nombreux filles et fils de la région.

Première escale de Tertius Zongo, Lanfièra. Il est accueilli par le chef de Canton, Karamogo Sanogo et une population en liesse. Normal, ce n’est pas tous les jours que cette partie du Burkina Faso reçoit une visite de Premier ministre. Le chef de Canton n’a pas raté l’occasion de faire remonter son hôte dans l’histoire de la commune rurale, mais surtout de lui confier les attentes des populations locales.

Il s’agit d’une "bonne" route, reliant Lanfièra à la capitale via Tougan, du redressement de la coopérative des paysans -exploitants de la plaine de la zone. Alors qu’elle s’offrait des chiffres d’affaires de 600 millions de F CFA, assortis d’un bénéfice de l’ordre de 200 millions de F CFA, ladite coopérative, a indiqué Karamogo Sanogo, connaît aujourd’hui d’énormes difficultés avec des créances de 900 millions de F CFA. Pour la communication terrestre, Tertius Zongo a annoncé un bitume sur l’axe Sabou-Koudougou-Tougan. Une réalisation qui coûtera plus de 40 milliards de F CFA. Il s’est montré aussi préoccupé par la léthargie dans laquelle se trouve la coopérative de Lanfièra. A cet effet, il promet des actions du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques pour dynamiser davantage les organisations paysannes et y mettre de l’ordre. Le gouvernement, a déclaré son chef, continuera à aménager des plaines agricoles.

Seulement, a-t-il prévenu, il ne s’agira plus pour les exploitants de produire juste pour leur seule consommation. Selon sa vision, les occupants d’espaces aménagés par l’Etat, devront pouvoir se nourrir, nourrir d’autres Burkinabè, voire exporter leur production. Après Lanfièra, le Premier ministre portera cette vision à l’Union de coopératives agricoles de la vallée du Sourou (UCAVASO) qu’il a rencontré quelques heures plus tard. Dans le face à face avec les premiers responsables de l’Union, Tertius Zongo a fait économie de la diplomatie. Néanmoins, il a pris le soin d’écouter les préoccupations des producteurs par la voix de leur président, Césaire Tihama. Celles-ci portent sur l’électrification de la vallée, la mévente des produits agricoles, la difficulté d’accès à la zone, la non-couverture des besoins en engrais,... Oui aux doléances, mais avant, il faudra se mettre sérieusement au travail, a fait savoir Tertius Zongo aux producteurs.

En effet, il n’était pas très enthousiasmé à son passage sur les lieux. A ce niveau assez avancé de la saison hivernale, seulement 40% des 3000 exploitants des 3800 ha aménagés étaient à pied d’œuvre. Le reste semble encore en vacances. En vue de leur faire prendre conscience de l’ampleur de la responsabilité à eux confiée par le gouvernement burkinabé, le Premier ministre a rappelé aux producteurs la somme colossale de 30 milliards de F CFA investie par l’Etat pour la réhabilitation de la Vallée du Sourou. Ainsi, a-t-il calculé, chaque hectare cédé à un exploitant aura coûté près de 10 millions de F CFA. « Chacun de vous est assis sur 10 millions de F CFA comme ça », leur a –t-il lancé fermement. Même si ceux-ci doivent rembourser les frais d’aménagement en raison de 10 000 F CFA par an, il leur faudra 1000 ans, donc environ 10 générations pour finir de solder.

Ces investissements, a expliqué le chef du gouvernement, ont été autorisés par le président du Faso, Blaise Compaoré pour bouter la faim hors du pays des Hommes intègres et il n’y a pas de raisons que les bénéficiaires déçoivent. « On ne va plus continuer à accepter les surenchères », a-t-il prévenu, avant d’inviter les producteurs à se conformer aux conseils et recommandations des encadreurs d’agriculture. Des encadreurs qui, du reste doivent résider sur le site, a poursuivi le Premier ministre, Tertius Zongo. En effet, il a fait montre d’un grand étonnement en apprenant que le directeur général de l’Autorité de mise en valeur de la Vallée du Sourou, Charles Etienne Zan qui a servi de guide pendant la visite ne résidait pas sur place.

Celui-ci, pour défendre sa cause, a évoqué un problème de logement. Séance tenante, le Premier ministre a instruit le ministre Laurent Sédégo de construire des logements dans la vallée pour que désormais le DG ainsi que les ingénieurs de l’AMVS y résident. C’est à ce prix que les producteurs pourront être suivis convenablement. Outre le face à face avec l’UCAVASO et la direction de l’AMVS, Tertius Zongo et sa suite sont descendus dans les champs d’exploitants-modèles.

Quand le président du Faso inspire

Dans la plaine rizicole de Niassan, un champ du président du Faso, Blaise Compaoré « himself ». Sur un espace de 50 ha, le premier des Burkinabè produit actuellement du maïs (43 ha), du riz (2 ha), du niébé (1 ha) et de la papaye (4 ha). De ces spéculations, il est attendu pour la présente saison, respectivement 215t, 12,2t, 1t et 140t. Que fait le chef de l’Etat avec ses récoltes, a demandé le Premier ministre aux gestionnaires du champ. « Généralement il nous instruit de donner les produits agricoles aux nécessiteux », a répondu celui-ci. L’exemple du président du Faso a inspiré d’autres personnalités du pays. C’est le cas de Tertius Zongo lui-même qui exploite dans la vallée plus de 170 ha. « L’exemple vient d’en haut. Lorsque, après les conseils de ministres, le président du Faso nous donne des cartons de fruits ou des sacs de céréales, c’est une invite à faire autant pour d’autres personnes.

Et pour cela, il nous faut aussi des champs… », a expliqué le chef du gouvernement. Le chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, Gilbert Diendéré également s’essaie à l’agriculture dans la zone. Le colonel-major de l’armée produit surtout de la papaye, avec un peu de maïs. Les grandes exploitations de ces hauts fonctionnaires de l’Etat n’affectent pas les petits producteurs, a tenu à rassurer le Premier ministre. « Nous allons continuer à soutenir les petits exploitants et faire en même temps une ouverture plus large pour les agro-businessmen », a-t-il fait savoir.

L’agro-business n’est pas la chasse-gardée des commis de l’Etat. Des producteurs, ayant comme activité principale la terre, ont de grandes ambitions pour l’agriculture burkinabé. Sont de ceux-là Mamadou Léga qui a reçu dans son exploitation de 30 ha la visite du chef du gouvernement. A l’instar de tout bon producteur des périmètres aménagés du Sourou où la maîtrise de l’eau en toute saison est une réalité, M. Léga dit produire trois fois dans l’année :
« maïs-oignons-maïs ». Pour l’oignon, il affirme réaliser une production de 25t à l’hectare, soit environ 750t sur l’ensemble de l’exploitation. La particularité de cet exploitant est qu’il a appris au cours d’un voyage d’études au Niger, une technique de conservation de l’oignon.

Toute chose qui lui permettra de garder sa production pendant 5 mois, avant de l’écouler, avec d’importants gains supplémentaires. De telles techniques, de l’avis du Premier ministre, méritent d’être vulgarisées dans toutes les zones productrices d’oignons au Burkina Faso. Avec le maïs également, Mamadou Léga fait de bonnes affaires.

A 4 tonnes à l’hectare, il déclare réaliser 120 t par campagne. En dépit de campagnes parfois difficiles, ce « Yadga » vivant à Djédougou dans le Sourou n’a pas à se plaindre de son activité. Ses bénéfices obtenus au fil des ans, lui auraient permis de s’offrir un camion pour l’évacuation de sa production vers les marchés, et surtout un tracteur. Il n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. C’est pourquoi, il a entrepris des démarches pour l’obtention de 30 ha supplémentaires dans le Sourou.

Koumia Alassane KARAMA
Sidwaya

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