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Tracasseries routières en Afrique de l’Ouest : Les rackets ont baissé

Publié le vendredi 22 août 2008 à 12h10min

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Une enquête réalisée par l’Observatoire des pratiques anormales (OPA) sur quatre pays de la sous-région Ouest africaine (Burkina Faso, Mali, Togo, Ghana) durant le premier semestre de l’année 2008 montre que sur
les corridors, les rackets ont baissé.

Au Burkina Faso, sur 100 km, on compte 1,65 poste de contrôle, 2500 F CFA sont extorqués aux chauffeurs routiers. Et ces différents arrêts occasionnent un retard de 16 minutes sur cette même distance.
Ce constat découle d’une étude faite par l’Observatoire des pratiques anormales (OPA) de la période du 1er janvier au 15 juin 2008. Basé à Accra au Ghana l’OPA suit régulièrement les pratiques nuisibles des forces de l’ordre au transit routier sur les axes inter-Etats Tèma-Ouagadougou, Ouagadougou-Bamako et Lomé-Ouagadougou. Au Mali le constat est tout autre sur la même distance qu’au Burkina Faso (100 km) on a : 3,01 postes de contrôle, 6 500 F CFA extorqués et 25 minutes de retard.

Au Ghana, la situation est la suivante : 2,41 postes de contrôle, 1500 F CFA d’extorqués et 17 minutes de retard. Au Togo par contre le tableau présente l’aspect suivant : 2,35 postes de contrôle, 2000 F CFA perçus illégalement et 5 minutes de retard. Ces pratiques illégales sont l’œuvre de plusieurs corps. Il s’agit de la police, la gendarmerie, la douane, les municipalités et les syndicats. En vue d’appréhender de manière objective la magnitude des pratiques anormales, l’OPA, pour cette étude a procédé de la manière suivante : un échantillon constitué uniquement de chauffeurs en règle vis-à-vis de la réglementation et qui de ce fait, ne devraient être soumis à aucune pénalité. Aussi, l’OPA s’assure que le véhicule du conducteur est en bonne condition physique et mécanique.

L’échantillon n’est donc constitué que de chauffeurs en règle vis-à-vis de la réglementation en vigueur dans les pays traversés. De ce fait, ils ne devraient être soumis à aucune pénalité. Le voyage est alors utilisé comme unité d’analyse des données. A ce propos, l’étude repose sur 158 voyages sur l’axe Tèma-Ouagadougou, 100 voyages sur Ouagadougou-Lomé et 165 voyages sur l’axe Lomé-Ouagadougou.

40 448 F CFA perçus illicitement

Au total, l’axe Ouagadougou-Bamako, long de 920 km, enregistre les perceptions les plus élevées avec 40 448 F CFA par voyage. Le retard cumulé induit par les contrôles est de 2 heures 24 minutes par transporteur. Ces perceptions illicites élevées sont dues d’après les investigations de l’OPA, à la partie malienne qui, avec 29 052 F CFA bat le record par pays et par corridor. Le corridor Lomé-Ouagadougou d’une distance de 1 020 km qui est à 22 368 F CFA perçus illégalement à chaque routier par les forces de l’ordre, enregistre moins de tracasseries. Le retard occasionné est de 1 heure 36 minutes. En terme de rackets, le corridor Tèma-Ouagadougou long de 1057 km reste “le moins pénible” avec 18 206 F CFA prélevés par voyage.
Cependant la forte densité de barrières (soit au total 25,42 avec un ratio de 2,4 arrêts aux 100km pour ce 1er semestre 2008) occasionne 3 heures 9 minutes de retard.

“Les corps les plus incriminés sont la police et la douane au Ghana, la douane et la gendarmerie au Togo. La douane est la plus incriminée au Burkina Faso, essentiellement sur le corridor Lomé-Ouagadougou et Ouagadougou-Bamako”, notent les enquêteurs de l’OPA. Qui plus est, le Mali enregistre des perceptions illicites généralisées à tous les corps avec toutefois “un niveau de perception plus élevé avec la gendarmerie”.

Les résultats de l’enquête menée du 1er janvier au 15 juin 2008 ont été comparés avec ceux de l’enquête réalisée au cours du dernier semestre de 2007. Pour l’ensemble des quatre pays concernés, l’Observatoire constate une réduction de 4% du nombre de barrières.

Une faible amélioration au Burkina Faso

A l’exception du Togo où il y a une forte hausse de barrières (de 11 à 18, soit 61%) due à l’augmentation de barrières mobiles, l’OPA signale une régression sensible du nombre d’arrêts au Ghana de l’ordre de 8%). Le Burkina Faso connaît une faible amélioration en ce qui concerne les corridors Lomé-Ouagadougou et Tèma-Ouagadougou. En revanche, les tracasseries sont légèrement en hausse, sur le corridor Ouagadougou-Bamako. Le Mali, quant à lui, enregistre une importante baisse (35%) du nombre de contrôle.

“Comparé au dernier trimestre 2007, l’enquête du premier semestre 2008 indique une forte tendance à la baisse des taxes illicites sur l’ensemble des quatre pays”, affirment les acteurs de l’OPA. La baisse au Burkina Faso est toutefois moindre qu’au Ghana et au Togo qui ont réalisé des progrès considérables de 24% et de 39% respectivement. Le Mali, malgré une forte baisse des taxes illicites (41%) demeure encore et de loin le pays où les perceptions illicites sont les plus élevées. “Certes, les pratiques anormales ont sensiblement baissé ce premier semestre de l’année 2008 même si on note que des efforts considérables restent encore à réaliser particulièrement au Mali qui détient le triste record des perceptions illicites les plus élevées”.
L’OPA invite donc les Eats à plus d’initiatives en vue de la réduction des pratiques anormales sur les corridors, afin de parvenir à une meilleure gouvernance routière. Il y va de l’effectivité de la libre circulation des personnes et des biens, fondement de l’intégration des peuples et des économies.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)
Bachirou NANA

Sidwaya

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