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Suzanne Zouré, dolotière à Ouagadougou

Publié le lundi 1er septembre 2008 à 10h43min

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Officiant dans le quartier périphérique de la zone I, exactement près d’un marché à dolo dénommé Rigla-Rigla yaar, madame Zouré Zuzanne est dans le métier de dolotière (préparation de la bière de mil) voilà plus de 8 ans. Un métier dont elle assure qu’il n’est pas facile. Cependant, elle y tire les revenus nécessaires pour l’entretien de sa famille et pour aider son mari pour la scolarité des enfants. Dans la famille Zouré, tout le monde participe à la préparation du dolo et à sa vente. Nous avons rencontré Mme Zouré (qui garde toujours le sourire malgré les difficultés de la vie) pour qu’elle nous en parle.

Parlez-nous de votre activité de dolotière

Madame Zuganne (MZ) : Notre activité est pratiquement mécanique. On répète les mêmes gestes chaque fois que l’on veut préparer le dolo. Nous préparons le dolo à base de sorgho dans les grandes marmites que nous avons dans la cour. Après la cuisson, nous servons à des détaillants qui le vendent dans les différents marchés du quartier et quelquefois devant des concessions.

Vendez-vous beaucoup avec cette vie chère ?

MZ : Vraiment à nos débuts, il n’y avait pas grand monde ici. Il n’y avait qu’une famille dioula et la nôtre seulement. Après, les gens affluaient de partout pour venir consommer le dolo. Aujourd’hui, il y a plein de gens mais nous ne vendons pas beaucoup. La vie est chère pour tous même si l’on pense que le dolo coûte moins cher. Néanmoins on continue à avoir un peu et cela nous aide à nous occuper de la famille.

Qu’avez-vous réalisé depuis que vous êtes dans cette activité ?

MZ : (Rire) Je ne voyais pas cette activité comme étant seulement génératrice de revenus. Les points de vente de cette boisson sont des occasions de brassages, de rencontres et de détente. C’est vrai que nous gagnons et le fruit de ce gain est bien utilisé. C’est ce que je peux dire.

On vous accuse souvent de mélanger des substances dans la préparation du dolo.

MZ :
Quelles sont ces substances ? Nous aussi, nous entendons pareille chose mais je ne les connais pas. Les seuls ingrédients de mon dolo sont : l’eau, le sorgho germé et la levure. Je ne sais pas qu’on ajoute autre chose. Sinon j’ai entendu dire que certaines dolotières ajoutent des substances.

Combien d’enfants avez-vous ?

MZ : J’ai eu 8 enfants, mais il n’en reste que 5.

Il semble que les dolotières aient augmenté le prix du seau de dolo. Qu’est-ce qui explique cela ?

MZ : Ce n’est pas notre faute : le sorgho germé est devenu très cher, et le bois on n’en parle pas. C’est à cause de ces facteurs que nous avons augmenté le prix du seau (la mesure du dolo pour les détaillants) ; nous voulons nous aussi pouvoir payer nos fournisseurs sinon on ne pourra plus préparer de dolo.

Parlons du bois. Pourquoi ne choisissez-vous pas une autre alternative, le gaz par exemple ?

MZ : C’est vrai que nous suivons beaucoup les campagnes de reboisement et l’interdiction de couper du bois si c’est de ça que vous voulez parler. Mais nous pensons que ceux qui nous ravitaillent en bois n’enfreignent pas la loi ! Pour ce qui est du gaz, on entend parler, mais personne n’est encore venu pour nous sensibiliser et même nous montrer comment s’y prendre. Et puis il y a le problème de moyens. Combien coûte ce genre d’installations ? Pouvons-nous payer ? Je ne pense pas. C’est pour ça que nous sommes toujours au bois ; mais s’ils viennent on va les écouter.

Et si vous preniez un crédit !

MZ : J’ai peur des crédits parce que ça amène des problèmes. Si tu prends un crédit et tu n’arrives pas à vendre comme il le faut, ça devient un problème, surtout l’argent des institutions financières. Si un jour Dieu nous permet de prendre le gaz, on le fera mais nous allons à notre rythme ; c’est plus sûr.

Avez-vous un souhait à émettre ?

MZ : Tout ce que nous pouvons souhaiter, c’est qu’on baisse le prix des céréales. C’est là que peut venir notre salut. La vie est chère maintenant et on ne comprend pas. Tout devient cher et ça s’empire de jour en jour. Vivement que ça s’améliore. C’est notre souhait. Je remercie aussi votre journal de s’intéresser à une personne comme moi. Nous n’avons pas l’habitude (rires) et si nous ne nous sommes pas bien exprimé (rires), je m’excuse d’avance.

Aristide Ouédraogo

San Finna

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