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Zimbabwé : L’introuvable accord

Publié le lundi 18 août 2008 à 12h15min

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On savait que les négociations inter-zimbabwéennes en vue d’une sortie de crise ne seraient pas une partie de plaisir. A l’instar de toute situation marquée par des antagonismes prononcés et une méfiance réciproque entre acteurs politiques, le processus de règlement est l’objet d’intenses tractations.

Dans le cas zimbabwéen, deux acteurs principaux se disputent les prérogatives que doivent leur conférer le partage du pouvoir, la ZANU/ PF du président Robert Mugabe et le MDC de l’opposant Morgan Tsvangirai. Un autre protagoniste constitué de partisans d’une aile dissidente du MDC, ne pose pas trop de problèmes. Un accord aurait déjà été trouvé avec lui, chose que le leader dissident a nié publiquement. Restent les deux poids lourds de la scène politique qui semblent arc-boutés dans des positions tranchées. Même le sommet de la SADC ( Communauté de développement d’Afrique australe) tenu ce week-end en Afrique du Sud, qui devait donner un coup d’accélérateur définitif aux négociations, n’a pu faire fléchir les deux camps.

Ce sommet n’a été d’aucun secours pour le médiateur sud-africain, le président Thabo Mbeki, qui espérait grandement un coup de pouce de ses pairs d’Afrique australe. Cette incapacité de la SADC à faire bouger les lignes dans la crise zimbabwéenne n’a rien de surprenant. L’institution sous-régionale est en passe de perdre tout crédit et donc toute autorité auprès de Mugabe et de Tsvangirai en raison des dissensions qui la traversent. Minée par des divisons entre pro et anti-Mugabe, on voit mal la SADC jouer un rôle d’arbitre neutre écouté de tous. Le président du Botswana, qui tire le train des anti-Mugabe, a même boycotté le sommet de Johannesburg, pour ne pas siéger à la même instance qu’un dirigeant qu’il juge illégitime. Ces déchirements préjudiciables à un climat apaisé au sein de la SADC ont d’ailleurs été déplorés par un Thabo Mbeki dépité.

Si l’ensemble des chefs d’Etat d’Afrique australe n’ont pu arracher un accord entre les frères ennemis zimbabwéens, qui donc y parviendra ? Thabo Mbeki se retrouve donc à nouveau pratiquement seul face à deux personnages dont chacun ne veut le pouvoir que pour lui seul. Comme le chantent les zougloumen ivoiriens, il est difficile de faire entendre raison à deux personnes sur le partage d’une somme de 100 F CFA, si l’une d’entre elles exige d’avoir 75 F CFA. Or c’est la situation telle qu’elle se présente au Zimbabwe. Chacun veut détenir la réalité du pouvoir dans l’accord appelé à être signé entre Mugabe et Tsvangirai. Sans compter bien sûr les divergences sur la durée et les prérogatives du gouvernement d’unité nationale, et les types de réformes politiques et institutionnelles à opérer.

Après plusieurs semaines de débats et de frottements, la glace visiblement n’est toujours pas brisée entre les négociateurs des deux bords. Or la confiance est l’une des conditions sine qua non à une décrispation, seule à même de garantir des discussions fructueuses. Thabo Mbeki est-il incapable de rassurer les uns et les autres sur leur avenir respectif au point que les positions sont figées ? C’est en tout cas un défi pour lui, dirigeant du plus puissant pays de la SADC, que de parvenir rapidement à un accord. Un échec de sa part pourrait replonger le Zimbabwe dans l’incertitude d’un pays profondément divisé et incapable de se réconcilier avec lui-même.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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