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Conflit Russie/Géorgie : Le pot de fer contre le pot de terre

Publié le mardi 12 août 2008 à 12h05min

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L’image a déjà fait et continue d’ailleurs de faire le tour du monde grâce à la magie du Net et du satellite. Ce qu’on a vite fait de qualifier de baiser de paix a mis en scène la Russe Nathalia Paderina (argent) et la Géorgienne Nino Salukvadze (bronze).

Ces deux sportives, qui participent aux jeux olympiques (J.O.) de Pékin et dont les pays respectifs sont présentement à couteaux tirés, ou plutôt « à canons armés », se sont donné la peine de s’embrasser dimanche dernier sur le podium du tir au pistolet à 10 mètres dames. Alors que les dirigeants de leurs nations sont en train de faire parler la poudre, elles ont choisi humblement de leur donner une belle leçon de sagesse et de paix, prenant à témoin la planète tout entière.

En rappel, c’est l’armée de Géorgie qui a ouvert les hostilités, dans la nuit du 7 au 8 août 2008, par une opération militaire. Motif invoqué : « Reprendre le contrôle de l’Ossétie du Sud, prorusse, sa province sécessionniste, et riposter à des agressions récurrentes sud-ossètes contre des villages à majorité géorgienne ; rétablir la paix et l’ordre constitutionnel ».

Depuis, la capitale de la république rebelle, Tskhinvali, est le théâtre de violents combats, aux lourdes conséquences, avec les forces séparatistes. Moscou, qui a été accusé d’avoir envoyé des bombardiers SU-24 frapper les alentours de la ville géorgienne de Gori et les régions de Kareli et de Variani, n’a pas tardé à réagir. D’abord par un haut fonctionnaire du département des Affaires étrangères, ensuite par le Premier ministre, Vladimir Poutine.

Celui-ci, depuis Beijing en Chine, avait alors promis « une riposte à l’agression géorgienne », ce qui n’a pas du tout traîné. Des troupes et des blindés russes ont alors franchi la frontière russo-géorgienne pour attiser le feu du côté de Tskhinvali. Hier en fin de soirée, les troupes russes ont pris Gori et continuaient leur progression vers Tbilissi, la capitale.

Dans ce conflit, qui cristallise les passions, les forces, de toute évidence, sont disproportionnées. Autant l’Ossétie du Sud ne fait pas le poids devant la Géorgie, autant cette dernière est insignifiante devant la force de frappe russe. Dans l’un ou l’autre cas, on a affaire au pot de fer contre le pot de terre.

Autrement dit, un pot de fer peut en cacher un autre. Le pays de Lénine, bien qu’éclaté par suite de la fin de la guerre froide, ne demeure pas, aujourd’hui, moins percutant. Gouvernée depuis mars 2008 par Dimitri Medvedev, qui a comme Premier ministre un ancien haut gradé du KGB, Vladimir Poutine, en réalité le maître d’œuvre attitré, la Russie conserve ses réflexes de jadis.

Pour peu que les Géorgiens se souviennent de la sévère répression en Tchétchénie courant septembre 1999, ils peuvent se faire une raison et rechercher une solution apaisée à la crise. De l’ONU au Vatican en passant par l’Union européenne, le ton reste invariable : l’arrêt sans conditions des bombardements au profit de négociations franches.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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