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Bientôt un remaniement ministériel au Burkina ? Motivations et enjeux probables

Publié le mardi 5 août 2008 à 13h10min

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Tertius Zongo et Blaise Compaoré

Remaniera, remaniera pas ? Voilà bientôt un mois que le tout Burkina par le truchement de certains confrères est en attente d’un changement au niveau de l’Exécutif. Pourtant, rien d’officiel de la part de ceux qui en ont la prérogative, le président du Faso et le Premier ministre, ne laisse penser à un chamboulement de l’Exécutif dans l’immédiat.

Au contraire, le débarquement ciblé de Diallo Salif un certain 23 mars, il y a à peine quatre mois, donnait à penser que Tertus Zongo, après un an à la primature réajustait l’exécutif à sa mesure. En effet, tous les observateurs avertis savaient qu’il avait composé son gouvernement de juin 2007 dans l’urgence et que tôt ou tard il lui fallait faire les réglages nécessaires pour atteindre les objectifs qu’il s’est assignés : la politique du résultat dans l’excellence et la transparence.

Inauguré dans un volontarisme de bon alois et une concertation tous azimuts avec toutes les catégories socioprofessionnelles, toute chose qui traduit une certaine originalité et de l’énergie dans la coordination de l’action gouvernementale, son mandat à la tête de l’Exécutif va connaître son premier véritable handicap avec la crise de la vie chère. De fait, si tout le monde avait vu venir l’inflation, avec un pétrole de plus en plus cher, personne n’avait prédit des émeutes aussi brutales dans le pays, à l’image d’un coup de tonnerre dans un ciel serein.

Dur, dur fut la tâche du gouvernement de faire comprendre aux Burkinabè les causes exogènes de cette crise et les difficultés qui en découlent quant à sa résorption. Aujourd’hui, l’actualité internationale aidant, beaucoup de Burkinabè ont compris que la crise est mondiale et que personne ne gagne dans des troubles sociaux improductifs. C’est donc courageusement que les Burkinabè s’habituent à vivre avec cette crise de la vie chère dans une paix sociale relativement bonne.

Le remaniement tant annoncé n’est donc pas une conséquence directe d’une crise sociale aiguë. Dès lors, s’il survenait, ce ne serait pas dans le but de provoquer un déclic apaisant. Au contraire, on pêchera par optimisme pour prédire que le pire est derrière nous et que le cours du baril de pétrole qui fluctue actuellement à la baisse pourrait se stabiliser à un niveau acceptable pour les ménages burkinabè.

Par ailleurs, si la saison pluvieuse présente, porte les fruits de ses débuts prometteurs, les 200 mille tonnes de céréales attendues vont détendre le marché de la denrée. Sur un plan politique, l’échéance 2010, sans être lointaine, n’est pas proche non plus. Mais surtout, il s’agira d’une présidentielle qui ne nécessite pas, pour l’instant, des marchandages ni des alliances qui pourraient modifier fondamentalement le paysage politique et dont un remaniement ministériel en serait le prélude.

En dehors d’une urgence de crise sociale, d’un impératif d’ouverture politique, un remaniement dans les circonstances actuelles ne peut être qu’un réajustement technique. Pourquoi ? Pour gagner en efficacité. Car à mi-chemin du mandat présidentiel, l’Exécutif, cela va sans dire, doit se transcender dans la mise en œuvre des projets constructifs d’un progrès continu pour une société d’espérance. Nos ministres, assurément en sont conscients. Mais outre la volonté de bien faire, ont-ils tous l’énergie contagieuse ? Celle qui fait bouger les lourdeurs sclérosantes de la bureaucratie administrative pour produire des résultats palpables dans le quotidien des populations ? Il faut croire que non.

Certains chefs de départements, parmi les nouveaux venus, peinent encore à trouver leurs repères. Après un an de fonction, cela induit des questionnements comme celle de leur méthode de gouvernance, de leur capacité managériale ou plus prosaïquement, de leur compétence à leur poste actuel. Voilà pour les nouveaux ! Pour les plus anciens dont certains ont cumulé 8, 10 voire 12 ans de présence continue au gouvernement, il y a comme une overdose de sollicitation de leur mental et de leur physique. La routine s’est installée chez quelques-uns non sans déteindre sur leur efficacité.

Incontestablement, il y a donc un besoin de redéploiement de nos ministres, voire de redécoupage des départements ministériels. Un allègement de l’équipe au passage serait une indication qu’elle a été techniquement bâtie, plus pour l’offensive productrice de résultats que pour autre chose. Par exemple le besoin de contenter des tendances, des chapelles politiques ou des lobbies sociaux divers. Certes, tout gouvernement n’échappe pas à ce genre de contingences. Mais il y a des circonstances où le chef de l’Etat et le Premier ministre ont davantage de marge de manœuvre. C’est le cas présentement. Alors va pour le remaniement technique du gouvernement pour une meilleure exécution du programme présidentiel : le progrès continu pour une société d’espérance.

Djibril TOURE

Par : L’Hebdo

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