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Société civile et OGM : Minimiser les risques

Publié le jeudi 24 juin 2004 à 10h00min

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Une coalition d’organisations de la société civile a organisé mercredi 23 juin 2004, une conférence publique sur "les OGM en Afrique : quels enjeux ?" Un public d’organisations paysannes, de militants syndicaux et d’étudiants a pris part à cette conférence, animée par "la coalition de veille" sur les OGM et l’INADES-Formation.

Le contexte, si l’on en croit, les organisations de la conférence publique est l’expérimentation du coton Bt au Burkina Faso depuis le mois de juillet 2003 et la tenue de la conférence sur "l’exploitation de la science et de la technologie pour accroître la productivité agricole en Afrique : perspectives ouest-africaines". Les organisations de la société civile ont adressé aux ministres réunis à Ouagadougou, une déclaration, où elles invitent aux principes de précaution.

Le généticien Jean Didier Zongo, professeur à l’Université de Ouagadougou, a expliqué aux publics, ce que c’est qu’un organisme génétiquement modifié (OGM). C’est le principe de prélèvement d’un gène d’une individu et son introduction dans le génome d’un autre individu. Les deux individus peuvent appartenir à des espèces différentes. L’organisme qui reçoit le gène étranger constitue l’organisme génétiquement modifié. S’ouvrent alors de nombreuses possibilités dans les domaines de la production végétale, de la santé, etc.

Les multinationales s’en sont saisies. Monsanto, Synsenta, Dupont/Pioneer, Dow-Elanco s’accaparent 100% des OGM et contrôlent 60% des semences. Le gène Terminator est un exemple de semence mis au point par les multinationales. Elle ne produit qu’une seule fois. Cela implique que l’exploitant agricole doit chaque année s’approvisionner auprès du semencier. "Les grandes firmes sont focalisées par les innovations biotechnologiques pour l’agriculture commerciale ; leur souci étant d’obtenir des retours d’investissements", a conclu le professeur Jean Didier Zongo.

Beaucoup de risques

Les multinationales qualifient de "crime contre l’humanité" tout pouvoir qui résiste à l’implantation des OGM dans son pays, a dit d’entrée de jeu, M. Joachim Bako, ingénieur des Eaux et Forêts à l’INADES-Formation. Pour M. Bako, les OGM présentent certes certains avantages, mais les inconvénients à l’heure actuelle sont plus importants pour les petits exploitants et l’Afrique.

Des risques de pollution génétique, de destruction d’insectes utiles à l’agriculture et à l’équilibre écologique, de perte de biodiversité existent au niveau environnemental. Des agriculteurs assujettis à des semences produites ailleurs ne sont-ils pas dépensants ? Des consommateurs et des pays qui abandonnent les semences aux mains des multinationales n’aliènent-ils pas leur souveraineté ? Pour M. Bako, c’est le risque politique que courent les Etats africains dans l’acceptation sans précaution des OGM. Des risques économiques existent aussi.

Ils ont trait à l’avenir des produits tropicaux d’exportation, menacés par l’exploitation de leur gène spécifique par les firmes multinationales. Ces mêmes entreprises transnationales font breveter des produits tropicaux et en fonction des règles de l’OMC en deviennent les propriétaires au détriment des populations autochtones.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, la coalition de la société civile invite les gouvernements à orienter la recherche agricole vers les espèces locales, appelle les petits agriculteurs à prendre part à la prise de décision politique.

Quant aux organisations de la société civile, elles sont conviées à fédérer leurs intelligences et leurs énergies aux plans national, africain et international pour jouer leur partition dans les grandes décisions les concernant, comme celle relative à l’introduction des OGM au Burkina Faso.

Tiergou P. DABIRE
Sidwaya

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