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Vie chère : Il faut une nouvelle philosophie économique

Publié le vendredi 1er août 2008 à 12h15min

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La Côte d’Ivoire a été secouée la semaine dernière par des grèves sévères. Conséquences de la vie chère, le gouvernement face à cette crise a sorti l’artillerie lourde. Mais les mesures prises sont-elles la solution ? Il y a lieu d’en douter vue l’ampleur du phénomène.

La catastrophe de la vie chère frappe tous les pays et encore plus durement les pays africains. Confinés à la consommation de produits venus d’ailleurs, très peu productifs, ces pays paient au plus fort la crise alimentaire mondiale. Chez nous, l’économie se résume en partie à subir les prix dictés par le marché international. Ce qui est donc arrivé à la Côte d’Ivoire, paralysie totale de l’activité socio-économique, le temps de soixante-douze heures aurait pu avoir aussi pour théâtre tous les pays de l’espace communautaire CEDEAO. C’est le même valse des étiquettes qui a cours depuis la fin d’année 2007. Face à la difficulté, voire à l’impossibilité de les tenir, ces prix en question, les mesurettes prises pour faire baisser la température sociale ne sauraient constituer la solution.

Ce d’autant que sur la durée, il n’est pas sûr que les prix du pétrole, que le gouvernement a ramené en catimini, ne vont pas repartir à la hausse, toute chose qu’imposeront la vérité du marché et le réalisme froid de l’équilibre des comptes. La loi économique est impitoyable et même la prise de mesures phares, telles la réduction des salaires des hauts dignitaires n’y peut rien. Pour en sortir, il faudra bien que nos dirigeants arrivent à créer du neuf, qui ne viendra pas seulement de réformes, mais d’une vraie révolution de notre approche économique, de nos modes de production, de la hiérarchisation de nos priorités. Il y va de la survie du continent, qui semble tourner en rond, en bute à un manque évident de stratégie pour sortir véritablement de son sous-développement

Un objectif et…

L’organisation et la gouvernance, voilà deux questions posées au continent et qui méritent de bénéficier de plus d’attention pour une réponse appropriée. Aujourd’hui, face au défi de la mondialisation, il n’est plus admissible de les appréhender sous l’angle de l’amateurisme. L’héritage laissé par la colonisation, replâtrage des structures administratives et techniques, n’est plus adapté à la situation. Il est incompatible avec une prise en charge de notre destinée, c’est-à-dire avoir un objectif et trouver les voies et moyens pour le réaliser. La donne est si limpide aujourd’hui, crise alimentaire féroce, jumelée à ne crise énergétique sans précédent, que la définition d’une politique pour contourner ces deux fléaux doit en principe aller vite. Certes, le temps passe, mais faut-il pour cela s’alarmer et perdre ainsi la lucidité utile pour cibler et cadrer cet objectif ? Bien sûr, les déceptions, les peuples africains en ont eu leur lot, mais il est indispensable de donner du temps pour atteindre cette transformation incontournable. Mais le temps, les gouvernants n’en disposent pas, la pression des prix est trop forte, ils ne pourront fédérer les énergies que par une communication différenciée en direction des populations.

… une volonté

On a cette désagréable impression concernant l’Afrique que les gouvernants ne vont jamais au bout de leurs idées. Que chaque action finit par se transformer en chemin pour s’achever en eau de boudin. L’enjeu que pose la situation concerne donc la volonté de ne pas s’arrêter en chemin, si un objectif était trouvé en faveur d’un développement endogène. Il ne veut pas dire autarcie, mais on a compris que la mondialisation a engendré un repli égocentrique, signe tangible de la fin de la philosophie à laquelle, l’Afrique s’agrippe depuis trop longtemps. L’ambition de sortir de ce marasme suppose un modèle et le comment le mettre en œuvre. Derrière la souffrance qui engendre les frondes, peut-on voir d’autres solutions que la volonté de s’en sortir par soi-même ?

Mais, la volonté sans les moyens devient un vœu pieux. Il faut donc quelque chose en plus. Lorsque tout va mal, il arrive qu’on ne sache pas où donner de la tête. Chacun sait que nombre de pays au sud du Sahara ne dorment pas sur l’or et que le capital humain tend à se dilater face aux difficultés existentielles, lui qui a besoin de soutien et d’appui multiformes pour se déployer. Aussi, la bataille pour l’alimentation ne se gagnera que par un encadrement du monde paysan et surtout un appui financier conséquent. La crainte est réelle en Afrique sur les politiques volontaristes que les moyens ne suivent pas.

C’est pourquoi, la hiérarchisation des priorités, l’agriculture en est une incontestable, devient un passage obligé. Si produire le riz, en quantité d’abord, puis en qualité s’impose, gagner la bataille est-il compatible avec compter les moyens ? Au Burkina, le Premier ministre a parlé de six milliards pour le monde agricole, afin de donner à espérer aux bouches à nourrir en 2009. C’est une action ponctuelle, qui demande à sa suite un « grenelle de l’agriculture ». Une véritable messe, qui introduira des sujets tels l’écologie, l’environnement, l’énergie et la biotique. On observe certes qu’avec la crise financière ce n’est pas facile. Et pourtant la défaite de l’agriculture est interdite.

Souleymane KONE

Par : L’Hebdo

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