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Présidentielle ivoirienne : Opération de charme à Ouaga après le conclave houphouétiste

Publié le mardi 29 juillet 2008 à 15h30min

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“Gbagbo tisse sa toile, lentement mais sûrement”. Telle était notre titre du 16 juillet 2008 portant sur la présidentielle au bord de la lagune Ebrié du 30 novembre prochain, et sur la précampagne du chef de l’Etat ivoirien. Cette toile, le locataire du palais de Cocody la veut le plus large possible.

C’est le cas de le dire avec cette visite officielle, de trois jours, unanimement qualifiée d’historique, qu’il effectue depuis dimanche dernier à Ouagadougou.

En effet, c’est la première visite d’Etat du président Gbagbo depuis qu’il a accédé au fauteuil de Félix Houphouët Boigny en 2000. Historique, cette visite de l’enfant terrible de Mama sur les rives du Kadiogo l’est vraiment, car intervenant à un moment fatidique pour le processus de sortie de crise, qui doit aboutir à l’élection présidentielle du 30 novembre à venir.

Depuis septembre 2002, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Kadiogo, et Blaise Compaoré, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a été désigné en février 2007 « facilitateur » du dialogue interivoirien.

Il a obtenu un mois plus tard la signature d’un accord politique par Gbagbo et Guillaume Soro, le chef des Forces nouvelles (FN), aujourd’hui Premier ministre de Côte d’Ivoire. Les relations entre les deux voisins se normalisent progressivement, et le séjour burkinabè de Gbagbo est un signal fort du rétablissement de l’axe Abidjan-Ouagadougou.

Nous devrions plutôt dire Yamoussoukro-Ouagadougou, que le président ivoirien a défini, dans son adresse hier à l’Assemblée nationale burkinabè, comme la locomotive de la construction de notre sous-région. Sa visite d’Etat au Pays des hommes intègres peut aussi être perçue comme une suite logique de sa précampagne, entamée dernièrement dans le centre-nord ivoirien. Elle confirme, du reste, que la route de la paix en Eburnie passe par la capitale burkinabè, où on ne boude pas son plaisir à en être le maître d’œuvre.

Mais, devant l’opération de charme tous azimuts du chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, l’opposition, ou plutôt les partis qui se réclament de l’héritage d’Houphouët Boigny, n’est pas restée impassible. Les dirigeants des cinq formations politiques qui constituent le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), avant même que l’ancien et redoutable challenger d’Houphouët quitte sa résidence pour le Burkina, se sont rencontrés le vendredi 25 juillet courant à Daoukro, au nord-est de Yamoussoukro.

Objectif ? « Tenter de se mettre d’accord sur une position commune face à la nouvelle donne politique et sociale du pays » : la deuxième grève générale de l’histoire de la Côte d’Ivoire, il y a une semaine ; celle en prévision pour le 31 juillet prochain, prônée par le principal syndicat ivoirien : l’UGTCI ; ainsi que la sortie de Laurent Gbagbo contre l’actuel gouvernement et son projet de remaniement ministériel en conséquence, autant de préoccupations et de motifs mobilisateurs pour ceux d’en face, devant l’adversaire commun.

L’homme du Front populaire ivoirien (FPI) ne s’est-il pas rendu à Ouagadougou pour, entre autres, avoir la caution morale de son homologue burkinabè quant à la reconnaissance publique de la recomposition de l’équipe gouvernementale actuelle, et ce, dans le strict respect de l’accord de mars 2007 ?

Le moins que l’on puisse dire est donc que la Côte d’Ivoire amorce un nouveau tournant vers l’élection du 30 novembre 2008. La campagne pour la conquête du pouvoir d’Etat ou sa conservation, bien qu’officieuse, est déjà bel et bien lancée. De part et d’autre, on s’attelle à peaufiner sa stratégie, et les houphouétistes n’entendent pas, de ce point de vue, s’en laisser conter.

Reste à savoir de quel poids, unis ou en ordres dispersés, ils pèseront face à la déferlante Gbagbo au soir du 30 novembre prochain. Difficile de répondre à cette question, même si nombre d’analystes pensent que Gbagbo, de par sa position de chef d’Etat en exercice depuis 8 ans, garde incontestablement une certaine longueur d’avance sur eux.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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